CULTURE

Histoires de bains thermaux, à Vals, à Rome et au Japon

Alors que Peter Zumthor rencontre des déboires dans la station grisonne, le public japonais s’emballe pour un architecte romain qui descend le temps jusqu’à notre époque pour retrouver l’inspiration et sa libido. Fascinant.

Il y a une cinquantaine d’années, Marguerite Yourcenar se taillait un immense succès international avec les «Mémoires d’Hadrien», autobiographie imaginaire d’un empereur romain. L’histoire va-t-elle se répéter pour Mari Yamazaki?

L’écrivaine et dessinatrice japonaise a publié en 2009 un véritable bijou de manga qui se déroule dans l’Antiquité romaine. Dès la parution du premier volume, «Thermae Romae», c’est son nom, a rencontré le succès auprès du public nippon, avec plusieurs prix à la clé, une adaptation en série animée et maintenant un long métrage dans les salles obscures. Il est depuis peu disponible en traduction française.

L’histoire? Nous sommes à Rome, en l’an 128 de notre ère. Lucius Modestus, architecte de thermes, n’a plus la cote; son dernier projet vient d’être refusé. Il retrouvera son inspiration grâce à des voyages dans le temps, rendus possibles par une immersion dans l’eau qui permet au Romain de se retrouver instantanément dans un bain public japonais d’aujourd’hui.

Cette expérience magique se renouvellera à plusieurs reprises et lui permettra, en s’appropriant les technologies du XXIe siècle, d’accéder à la célébrité dans la Rome antique.

Au fil des pages — tournées de droite à gauche –, Lucius retrouve son inspiration architecturale et gagne l’admiration de l’empereur Hadrien, qui l’engage. Mais la demande de divorce de sa femme Livia provoque un autre type de panne. Celle de sa libido.

L’occasion de passer en revue les conseils prodigués à notre héros par son entourage pour regagner sa virilité: recourt au culte du phallus, au dieu Priape, à la prêtresse Oenothée, aux amulettes et filtres d’amour, au Grand Konsei et à divers autres rites…

En lisant ce manga fascinant, je me suis mise à imaginer un développement de l’intrigue… Et si Lucius avait pu voyager dans le temps pour se retrouver, non pas au Japon, mais dans les thermes de Vals?

Cela aurait pu se passer l’hiver dernier, en plein cialis manchester de la photographe Dominique Issermann avec Laetitia Casta. Couchée nue à même le sol, appuyée contre une paroi ou se baladant dans l’univers de granit des bains grisons, la sculpturale actrice aurait à coup sûr pu réveiller les sens du Romain.

Plus tard, en découvrant l’histoire de ces bains grisons, le héros de «Thermae Romae» se serait sans doute identifié à l’architecte Peter Zumthor, dont le parcours a lui aussi été jonché d’obstacles.

Les citoyens de Vals ne l’ont-ils pas empêché, ce printemps, d’acquérir son oeuvre qui était mise en vente? Ils lui ont préféré un promoteur, Remo Stoffel, objet de poursuites judiciaires.

Le lauréat 2009 du prix Pritzker se dit «effrayé» par le devenir de l’établissement. Il a fait savoir qu’il ne voulait plus qu’on utilise son nom en rapport avec les thermes de Vals qui ont fait la renommée de la station.

Peter Zumthor ne jouit certes pas, comme Modestus, de l’appui d’un empereur. Mais il peut compter sur celui de solides institutions. Ainsi, le Kunsthaus de
Bregenz, dont il est le concepteur, lui consacre son exposition estivale.

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«buy bulk cialis», de Mari Yamazaki.