Une épidémie nous frappe. La population manque de vitamine D, ce qui peut causer toutes sortes de maladies. Que faire? Réhabiliter le soleil? Les milieux de la santé publique restent muets.
Alors que le principe de précaution était à l’oeuvre pour affronter une épidémie probable — la grippe aviaire –, une autre épidémie, insidieuse, nous a déjà frappés. Plus des deux tiers de la population des sociétés occidentales souffriraient d’une carence en vitamine D.
Curieusement, les autorités politiques ne bronchent pas. Une attitude dénoncée dans la revue «Endocrine News» (avril 2010). «Quel apport en vitamine D la population devrait-elle avoir? Les gouvernements devraient se saisir de cette question au plus vite et ajuster leurs recommandations.» Seule la Société canadienne du cancer s’est positionnée en recommandant de prendre 1000 UI par jour en supplémentation durant l’hiver.
L’absence de lobbies expliquerait-elle cette passivité? Les apports médicamenteux en vitamine D sont bon marché et ne laissent pas, contrairement à certains vaccins, miroiter de copieux bénéfices à l’horizon.
En attendant des incitations officielles qui n’arrivent pas, le simple quidam découvre dans les médias des consignes à même de le perturber. Faut-il vraiment s’exposer au soleil pour faire le plein de vitamine D? Nos grands-mères étaient-elles dans le juste avec leur culte de l’huile de foie de morue?
Depuis quelques mois, la vitamine D est présentée comme une panacée. L’explication en est simple: plusieurs recherches viennent de démontrer que son déficit est responsable d’une longue liste de maladies: anomalies de l’os, divers cancers, diabète juvénile, sclérose en plaques, dépression, maladies immunitaires, accidents cardio-vasculaires. Elle s’est prolongée cette semaine avec des chercheurs suédois qui ont établi un lien entre l’autisme et la vitamine en question.
En France, à l’initiative de David Servan-Schreiber, auteur de «Anticancer» (éd. Robert Laffont), une quarantaine de médecins demandent aux autorités de recommander une exposition au soleil pour lutter contre l’insuffisance en vitamine D qui touche 70% des Français.
Le fléau n’épargne pas la Suisse. Des études menées dans des EMS ont permis de mettre en évidence la corrélation entre fractures de la hanche et faible taux de vitamine D.
La solution au problème passe-t-elle par une réhabilitation du soleil? Ses rayons UVB provoquent sur la peau une réaction essentielle pour notre organisme: la synthèse de la vitamine D3. Or, notre mode de vie nous tient éloignés du soleil. Et puis… nous avons, enfin, intégré que l’excès de soleil est mauvais pour la peau. Nous nous tartinons donc de crème qui bloque les UVB et empêche certes les coups de soleil, mais aussi la synthèse de la vitamine D.
«Il faut réhabiliter le soleil», conclut Brigitte Houssin auteure de «Soleil, mensonges et propagande» (Thierry Souccar Editions).
Mais à quelle dose s’exposer pour stocker de la vitamine D sans risquer de provoquer un mélanome? Les médecins répondent que cela dépend de la couleur de la peau, de l’âge, de la latitude, de l’heure, de la saison. Bien malin celui qui s’estime capable de juger de la dose adéquate. Dix minutes d’exposition des avant-bras entre midi et 13 heures (c’est l’heure où la synthèse est la plus efficace), deux à trois fois par semaine d’avril à septembre, est une recommandation partagée par un grand nombre d’experts.
A eux seuls, les rayons du soleil ne nous garantiront cependant pas le plein de vitamine D. Une alimentation riche en foie de veau, sardines, saumon, maquereau, hareng ou huile de foie de morue viendra augmenter notre stock. Un stock qui peut s’épuiser durant l’hiver. Alors, la seule façon d’éviter les carences est l’apport sous forme de gouttes ou gelules qu’un dosage sanguin préalable permet d’évaluer.
Quelle est la dose quotidienne nécessaire? Les besoins en vitamines D font débat au sein de la communauté scientifique. D’où la situation floue actuelle, avec des services de santé qui prennent prétexte de cette absence de consensus pour ne pas donner de recommandations.