Dans la succession Schmid, un boulevard pourrait s’ouvrir devant Caspar Baader, le chef du groupe UDC aux chambres. Portait d’un pitbull prêt à tout pour faire avancer la cause blochérienne.
D’accord, cela fait 111 ans, depuis un certain Emil Frey, que Bâle-Campagne n’a plus eu de conseiller fédéral. Mais est-ce bien une raison pour élire dans le fauteuil de Samuel Schmid, l’étrange Caspar Baader, avocat sans charisme excessif, exerçant avec son frère à Gelterkinden, et surtout pitbull de l’orthodoxie blochérienne aux chambres fédérales?
Ce n’est pas un tendre, Baader. Avec lui ceux qui ne supportaient plus le ton agressif de Blocher, ses manières d’ostrogoth fulminant, pourraient souffrir. «Cassant», «sec», «tranchant», «revanchard», «donneur de leçons», tels sont les charmantes épithètes qui reviennent le plus souvent dans le microcosme médiatico-politique pour qualifier le style de Caspar, par ailleurs colonel et ingénieur agronome, conseiller national depuis dix ans et chef de la fraction UDC aux chambres depuis 2001.
Une fonction qui lui permet de faire régner une rude discipline, en vrai le chef de meute jamais en mal d’esclandres sonores à la tribune du Conseil national, lorsqu’il s’agit de raffermir encore un peu plus la ligne dure du parti. «Agressif même pour parler de la cueillette des fraises», note un collègue charitable.
Certains, à gauche de l’hémicycle, brûlent de lui faire payer cette agressivité permanente. Surtout depuis que Caspar Baader a commis son péché originel, un 12 décembre de fameuse mémoire. Il s’était en effet montré particulièrement mauvais perdant face à la chute du seigneur Blocher. «Vous êtes en train de fouler la démocratie aux pieds. C’est un mépris devant la volonté des électeurs, vous devrez en rendre compte devant la population de ce pays» avait-il lancé aux parlementaires régicides.
Alors qu’il portait lui-même une responsabilité certaine dans la déconfiture. C’est à lui qu’il aurait du revenir de convaincre un nombre suffisant de radicaux et de démocrates-chrétiens d’assurer la réélection de Christoph Blocher. L’âpreté de son discours et de ses manières avaient au contraire décidé les derniers hésitants à commettre l’irréparable.
Pourtant, si les socialistes et les Verts ne veulent pas entendre parler de ce blochérien plus blochérien que Blocher, du côté des radicaux et des PDC on se montre plus mesurés, on ne dit pas franchement non. Le radical Felix Gutzwiller juge par exemple Caspar Baader «fiable» et estime qu’il s’agit de bien distinguer entre «sa rhétorique et sa manière de travailler».
Car c’est un bosseur, Caspar, ça, nul ne le conteste, et capable de toucher à tout sans forcément se noyer. Et puis, c’est la NZZ qui l’affirme, si Baader est rude, il est aussi finalement plutôt économe de paroles, avec des propos en général «courts et factuels». Pour une raison simple: Caspar ne roulerait pas pour sa propre gloire, mais uniquement celle de la cause.
Ce qui n’empêche pas le vice-président du PDC Dominique de Buman d’être prêt à dire un «oui sans enthousiasme» à Baader. Et de rappeler que lorsqu’il présidait la prestigieuse commission de l’économie et des finances (CER), Baader «préparait bien ses séances».
Bref, «dur en affaire, très partisan, mais loyal», l’ami Caspar. Y compris, estiment ceux qui le connaissent bien, au Conseil fédéral, s’il devait y entrer. Ce sens de la collégialité serait même la seule différence qu’on lui attribue avec qui vous savez: «Ce n’est pas lui qui risquerait de violer les règles ou d’organiser des fuites comme a pu le faire Christoph Blocher», assure un parlementaire de ses amis. D’ici à ce que le Conseil fédéral soit surnommé «la bande à Baader»…