LATITUDES

La Suisse, paradis du «bikepacking»

Partir à l’aventure avec rien d’autre que son vélo et quelques affaires de rechange, c’est le principe du «bikepacking», une tendance qui s’est popularisée depuis la crise du Covid. Des cyclistes aguerris livrent leurs meilleurs conseils.

Un vélo, un casque, quelques sacoches, et un brin de détermination, il n’en faut pas plus pour devenir «bikepacker». La pratique a fait de nombreux adeptes pendant la crise du Covid. La Suisse est le terrain idéal pour s’y essayer. Le pays offre non seulement des terrains idéals pour pratiquer le vélo et des paysages à couper le souffle, mais dispose aussi d’infrastructures de qualité partout sur son territoire. «Pour les débutants, c’est un aspect important. On peut profiter pleinement de la nature sans prendre trop de risques. Si on veut mettre un terme à l’expérience avant la destination prévue, il est facile de trouver une gare fréquemment desservie à proximité», note Christopher Duperrut, de l’Association cycliste cantonale vaudoise (ACCV). Pour ceux qui souhaitent tenter l’aventure cet été, voici quelques conseils pratiques pour bien démarrer.

Privilégier le matériel d’occasion

Pour les novices, l’aventure commence généralement en magasin ou sur un site de vente en ligne. Pour le choix du vélo, certains optent sans trop hésiter pour un «gravel», modèle hybride entre vélo de route et VTT. «Ce type de vélos constitue un bon compromis pour les débutants, car il convient aussi bien aux routes bitumées qu’aux tracés hors des sentiers battus», explique Christopher Duperrut. À l’inverse, «pour les trajets qui se cantonnent aux tracés plats et aménagés, le vélo de route reste une option parfaitement valable», dit Julia Pagniez, professionnelle du développement durable, qui pratique régulièrement les tours à vélo sur plusieurs jours en famille.

Qu’on opte pour un gravel ou un vélo de route, mieux vaut privilégier le marché de l’occasion pour commencer. «Ces dernières années, l’offre des sites de revente s’est étoffée. On trouve toutes sortes de modèles de vélo à des prix très attractifs. Pour une première expérience de bikepacking avec un budget raisonnable, c’est une solution idéale», indique Christopher Duperrut. Ce choix suppose toutefois de savoir évaluer quelques paramètres importants, ou de pouvoir demander conseil à un proche plus expérimenté. «Il ne faut pas négliger le choix de la taille du vélo. Je conseillerais aussi de bien tester la selle et d’investir si besoin dans un modèle confortable et adapté à sa morphologie.» Une autre possibilité est de passer directement par la gamme de seconde main des grands distributeurs. «On trouve du bon matériel d’occasion chez Decathlon et Transa notamment», notent Sara Bukies et Andreas Krucker, un couple de cyclistes amateurs bernois qui ont notamment pratiqué le bikepacking en Inde, au Népal et au Kirghizistan.

Louer son matériel

Le bikepacking, c’est souvent voyager léger: quelques sacoches, de préférence imperméables et éventuellement de quoi camper. «Si l’on prévoit de camper, il faut prévoir assez d’eau et de nourriture, car pédaler pendant des heures demande beaucoup d’énergie. Il faut aussi emporter de la vaisselle légère, des sacs étanches et des vêtements imperméables, car la météo peut très vite changer», poursuivent-ils. «Il faut aussi se limiter à quelques objets essentiels, comme, les bols, tasses ou casseroles adaptés au camping.»

Là encore, les débutants privilégieront la location ou l’occasion. «On peut notamment se tourner vers les bibliothèques d’objets (comme «La Manivelle» à Genève, Lausanne et Nyon ou la «Tatouthèque» à Yverdon, ndlr). On y trouve des sacoches, des sacs, des tentes ou encore des réchauds à emprunter pour quelques jours. Sur le site Anibis, des particuliers proposent aussi du matériel à la location», relève Julia Pagniez.

Nuit à l’hôtel ou sous tente?

Amateurs de bivouac, gare aux interdictions! En Suisse, la pratique est formellement proscrite à certains endroits, comme dans le parc national ou les zones de protection de la faune. Le camping sauvage reste généralement toléré pour les petits groupes qui ne restent qu’une nuit et démontent leur tente chaque matin. Il faut aussi veiller à ne pas s’inviter sans permission sur un terrain privé. «Le mieux est d’aller à la rencontre des propriétaires. Le plus souvent, il s’agit d’agriculteurs locaux qui accepteront volontiers que l’on campe pour une nuit sur leur domaine, à condition de laisser l’endroit comme on l’a trouvé», souligne Sara Bukies. «La Suisse et les pays voisins regorgent également de campings où l’on peut passer la nuit en toute sérénité. Ceux qui préfèrent voyager le plus légèrement possible choisiront de passer la nuit à l’hôtel. Dans ce cas, il est possible de planifier son itinéraire et de réserver bien à l’avance. Mais pour Christopher Duperrut, le bikepacking consiste aussi à se mesurer à l’imprévu. «Si un hôtel est complet, on en trouve souvent un autre à quelques kilomètres. À vélo, le chemin est vite parcouru.»

Trouver son itinéraire

Lors d’une première expérience de bikepacking, il est conseillé de ne pas viser trop haut. «En général, il est conseillé de parcourir de 60 à 80 km par jour au maximum, sur un terrain relativement plat. Il faut éviter les cols alpins. Ces dénivelés demandent un effort long et soutenu. Cela ne correspond généralement pas aux débutants», dit Christopher Duperrut. «Il existe de nombreux itinéraires plus adaptés en plaine ou au pied des montagnes en Suisse alémanique ou le long du Rhin en direction de l’Alsace ou de l’Allemagne, par exemple. On peut aussi utiliser des applications comme Suisse Mobile ou Komoot pour planifier son itinéraire. Ces outils permettent de trouver le tracé à suivre et d’évaluer le niveau de difficulté et de dénivellation du terrain».

Pour un parcours plus accessible et réalisable avec des enfants, Julia Pagniez recommande les sentiers cyclables: «le tour du lac de Bienne ou la «ViaRhôna», qui longe le Rhône en aval de Genève, sont d’excellents itinéraires pour une sortie de plusieurs jours en famille.»

Une version de cet article réalisé par Large Network est parue dans la Tribune de Genève et dans le «24 heures».