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Ils créent leur entreprise pour une meilleure qualité de vie

L’entrepreneurship n’est pas forcément économique. De nombreux Romands choisissent de se mettre à leur compte par passion, par altruisme ou simplement pour une meilleure vie de famille. Exemples.

Révisez vos idées reçues: les entrepreneurs ne sont pas forcément motivés par l’argent et la croissance. Ceux qui privilégient leur qualité de vie seraient même majoritaires. Une étude menée récemment en Grande-Bretagne l’a démontré: 54% des 1000 entrepreneurs interrogés déclarent être devenus indépendants pour être «plus heureux».

Par rapport au développement des affaires, ils sont même 85% à estimer que la qualité de vie pèse plus lourd dans leurs choix que les perspectives financières. Voilà qui retouche le stéréotype – populaire à droite comme à gauche – de l’entrepreneur avide, obsédé par l’argent et la performance. L’institut More Than, qui a réalisé cette étude, utilise le terme d’«alterpreneur» pour désigner cette nouvelle catégorie d’indépendants.

En Suisse, de nombreux créateurs de PME se reconnaissent dans cette définition. Certains réduisent leur taux d’occupation pour passer plus de temps avec leurs enfants. D’autres acceptent que leurs employés travaillent à domicile, afin de leur éviter des pertes de temps en déplacements. D’autres enfin s’investissent dans des projets proches de leur éthique personnelle plutôt que dans des activités lucratives, à l’image de la Vaudoise Anne Frei, qui a quitté un poste en vue au Credit Suisse pour participer à la création d’Edics, qui développe des projets éducatifs dans les pays émergents.

«Je ne me reconnaissais plus dans les choix de l’entreprise, dans ses valeurs, et dans les restructurations qui s’accumulaient, souvent pour défaire ce qui avait été restructuré précédemment, raconte-t-elle. A la direction du Credit Suisse, j’avais des clients exigeants et d’importantes contraintes en matière d’horaire. Désormais, je travaille essentiellement depuis chez moi.»

Ces entrepreneurs d’un genre nouveau, qui s’arrangent pour trouver un compromis entre les impératifs du business et leurs valeurs humaines, dirigent en général de petites structures et ne cherchent pas à s’agrandir à tout prix. Portraits de quelques alterpreneurs romands.

1. Les enfants d’abord

«Nos maris étant souvent en voyage, nous travaillons toutes les deux à 70% pour pouvoir nous occuper de nos enfants.» Alexandra Post Quillet, âgée de 37 ans et Anne Headon, 39 ans, ont un parcours très similaire: toute deux sont mères de trois enfants de huit, six, et un an et ont travaillé douze ans dans le marketing au sein de diverses multinationales. A la naissance de leur troisième enfant, elles ont décidé d’adapter leurs horaires de travail afin de disposer de plus de temps libre. Jugeant qu’il y avait une lacune au niveau du marketing des PME de l’arc lémanique, elles ont fondé au mois de janvier 2005 l’agence de conseil en marketing Crescendo, basée à Pully.

L’agence compte cinq clients dans la catégorie PME, dont les chiffres d’affaires varient entre 20 et 100 millions: Switel, qui détient 30% du marché suisse des appareils téléphoniques, Biokema (produits vétérinaires), LeShop.ch, et les start-up Sourcing Parts et IC agency. Ces cinq clients suffisent à Anne Headon et Alexandra Post Quillet, qui n’éprouvent pas le besoin d’agrandir leur portefeuille. L’objectif principal de l’agence, qui ne comprend que deux employées afin de «limiter les frais fixes», consiste à donner satisfaction à la clientèle existante, et privilégier la qualité de vie.

Un mandat moyen de Crescendo est facturé entre 20 000 et 50 000 francs. «Notre approche stratégique nous distingue d’autres petites agences qui ne font que de la communication. Et contrairement aux grands cabinets de conseil, nous n’avons pas peur de mettre nos mains dans le cambouis», dit Alexandra Post Quillet, qui a occupé des postes importants chez Unilever, notamment en Pologne et au Viêt-Nam.

Anne Headon a été directrice du marketing chez Procter & Gamble, L’Oréal et McKinsey. Elle travaillait depuis cinq ans en tant qu’indépendante dans le conseil aux PME et cherchait un associé pour développer son entreprise: «Etre deux, cela facilite la tâche. Surtout si on a choisi de ne pas travailler à plein temps.» Les deux partenaires travaillent le lundi, le mardi et le jeudi. Les mercredis et vendredis matins sont des réserves, qu’elles n’utilisent qu’en cas de besoin. Elles consacrent en revanche tous les mercredis et les vendredis après-midi, ainsi que les vacances scolaires, à leurs enfants. «Nous avons expliqué les règles du jeu à nos clients dès le départ. Pour nous, ces périodes de congé sont très précieuses. A Pâques et à Noël, cela ne pose aucun problème. Pour les vacances d’été, notre absence est beaucoup plus longue, mais comme notre travail est de qualité, ce n’est pas perçu comme un handicap. Nos clients attendent parfois la rentrée pour poursuivre un projet», précise Alexandra Post Quillet.

2. Des horaires modulables
Chez Integral Coaching, entreprise active dans les logiciels d’e-learning (formation à distance), on privilégie la qualité de vie, notamment en offrant des horaires flexibles aux dix employés. «Ma motivation n’est pas de beaucoup gagner, explique Elodie Primo, 39 ans, cofondatrice de la société basée à Aubonne. Mon salaire était bien plus élevé lorsque j’étais salariée dans une multinationale. Mais une petite structure comme celle-ci laisse plus de liberté et de place à la créativité. Dans une grande entreprise, il est beaucoup plus difficile de mettre ses idées en application et d’avoir la liberté de faire des choix.»

Les horaires des dix employés, dont trois femmes, sont aménagés pour les pères et mères qui souhaitent passer du temps avec leurs enfants. Certains employés, domiciliés en Valais, travaillent même à domicile, évitant des trajets fastidieux. «Notre manière de travailler est basée sur la confiance. Mais il faut faire attention de ne pas se laisser piéger par le quotidien: en passant trop de temps à répondre à des exigences externes, on peut oublier les idéaux que l’on avait au départ», poursuit-elle.

Fondée en 2001, l’entreprise Integral Coaching est désormais présente dans plusieurs grands pays européens et compte Nestlé, Airbus, Generali, Novartis, Swisscom, France Telecom, Orange ou la RATP parmi ses clients. Les programmes de formation s’adressent à tous les types de collaborateurs de ces entreprises. La tendance est plutôt à l’externalisation de ce genre de services, ce qui est une bonne nouvelle pour la société fondée par Elodie Primo.

3. Des projets humanitaires

«Si je me reconnais dans le terme alterpreneur? Quelque part, oui, dit Frédéric Vianin, 38 ans, cofondateur et directeur de Qualilearning à Vevey. La croissance n’est pas le moteur principal de notre projet.» La PME, qui occupe onze personnes (dont huit à plein temps), s’est spécialisée dans la formation à distance, en développant des outils technologiques et en favorisant les échanges de compétences entre le Nord et le Sud.

Qualilearning a notamment créé un réseau réunissant 51 universités d’Afrique francophone dans le but de promouvoir l’éducation à travers le monde et de démocratiser l’accès au savoir. Nommé Coselearn (coopération suisse en matière d’e-learning), ce projet est financé à 60% par la DDC (Direction du développement et de la coopération), le reste étant assuré par l’entreprise elle-même.

«Notre activité est passionnante, dit Frédéric Vianin. C’est cela qui constitue notre principale motivation, et non pas les perspectives financières. Cela dit, nous veillons attentivement à la rentabilité. Notre but est d’appliquer les recettes d’une PME suisse pour assurer la meilleure efficacité des projets.»