KAPITAL

Pourquoi Edipresse crée Vaud TV

Sous l’impulsion du groupe de presse lausannois, les trois chaînes locales TVRL, Canal Nord Vaudois et Ici-TV seront réunies dans une même entité. Les explications de Tibère Adler, directeur général d’Edipresse.

Le groupe Edipresse a récemment annoncé le développement de sa présence sur le marché des télévisions régionales. Une nouvelle société, Vaud TV, verra le jour dans deux ans. Elle regroupera les trois chaînes vaudoises TVRL, Ici-TV et Canal Nord Vaudois. Dans la foulée, une société baptisée Ecran Pub se chargera de l’acquisition publicitaire pour ces chaînes. Edipresse sera actionnaire minoritaire de Vaud TV, mais majoritaire d’Ecran Pub.

L’opération est cependant scrutée par la Commission de la concurrence (ComCo), car le groupe Edipresse fait l’objet d’une enquête, rappelait il y a quelques jours La Liberté. «La seule chose que je peux dire, c’est qu’Edipresse s’était engagé à ne pas prendre le contrôle d’Ici-TV, a expliqué au quotidien fribourgeois Patrick Ducrey de la ComCo. Nous avions pris note de cet engagement. Si Edipresse ne nous contacte pas, nous allons les contacter…»

Dans quelle stratégie cette diversification du groupe de presse suisse s’inscrit-elle? Nous avons posé la question à Tibère Adler, directeur général d’Edipresse.

Tibère Adler: Notre métier d’éditeur consiste à offrir de l’information de proximité, ce qui se décline aussi en télévision. Il s’agit donc d’un prolongement naturel de nos activités de presse régionale en Suisse romande. D’autres éditeurs régionaux ont établi de telles alliances en Suisse alémanique – à Berne, en Argovie ou au Grison par exemple – pour cette même raison.

A travers la création d’Ecran Pub SA, Edipresse s’intéresse aussi au marché publicitaire des chaînes régionales…

La demande en matière de pub télé augmente en Suisse. La part de marché de la télévision vient de dépasser les 20%. Les chaînes alémaniques comparables vendent mieux leurs espaces publicitaires que les romandes, qui n’exploitent pas efficacement leur audience et leur potentiel publicitaire. En regroupant les forces et en professionnalisant l’activité, nous pensons pouvoir mieux les rentabiliser. C’est clair, nous n’investissons pas dans la télévision pour le plaisir de perdre de l’argent.

Comment voyez-vous la collaboration avec les collectivités publiques, autres actionnaires de Vaud TV?

Ce ne sera pas tout simple, mais certainement intéressant! Nous resterons minoritaires dans la société, et nous nous engageons à maintenir la mission publique des chaînes locales, qui diffusent notamment les débats parlementaires, même si ces programmes ne garantissent pas forcément de bonnes audiences…

Cette diversification d’Edipresse est-elle aussi en route dans les autres pays?

En Espagne, nous avons une participation importante dans une société de production. Nous réfléchissons à des chaînes thématiques liées à nos magazines.

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Une version de cet article est parue dans L’Hebdo du 17 février 2005.