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Un nouveau logo pour (la moitié de) Genève

Seule une partie de Genève pourra bénéficier de la luxueuse identité visuelle que les autorités municipales viennent de commander au graphiste Werner Jeker. Absurdité locale.

C’est la grande mode dans les administrations: se faire confectionner une identité visuelle pour «renforcer la brand» et «uniformiser la com’», selon le jargon publicitaire en vogue.

Tout comme Berlin et Barcelone, les villes romandes demandent à des graphistes de renom de leur dessiner une «corporète» (identité d’entreprise, à prononcer avec l’accent français), et surtout un logo rutilant qui sera décliné sur le papier à lettre, le site internet, les uniformes, les véhicules de fonction, etc.

Après Lausanne et ses sept petits points rouges, après Neuchâtel et ses is cialis less expensive than viagra aux couleurs pastel, après authentic cialis online pharmacy et son écusson modernisé, c’est aujourd’hui au tour de Genève de s’offrir à grands frais un nouveau symbole graphique.

Une mise au concours a été lancée l’an dernier. Le Conseil administratif in corpore a décidé d’inviter 17 prestigieux ateliers — internationaux, suisses ou genevois — à plancher sur une nouvelle identité visuelle pour Genève. Le graphiste suisse Jean Widmer, auteur du logo de Beaubourg et de la signalétique des autoroutes françaises, a accepté de participer au jury, qui vient de rendre son discount cialis.

C’est Werner Jeker et ses cialis uk cheap, basés à Lausanne, qui ont remporté le concours.

Plutôt que de créer un logo neuf et original, Werner Jeker a préféré moderniser les armoiries locales, en recyclant la clé de l’évêché, l’aigle impérial, le trigramme IHS (qui abrège le nom de Jésus) et même la devise qui annonce «après les ténèbres, la lumière». Il a offert à l’ancien écusson genevois le grillage-quadrillage très rigide qui fait sa marque de fabrique depuis les années 80.

Si le mandat du lauréat est doté d’une enveloppe alléchante (150’000 francs selon nos informations), les viennent-ensuite ne sont pas oubliés: sept des perdants empocheront 8’000 francs chacun. C’est en rabotant sur les dépenses de ses différents services que l’exécutif municipal a pu s’offrir ce budget qualifié de «très confortable» par un professionnel.

Tout le monde peut donc se féliciter de cette opération qui crée «une marque tournée vers l’avenir alliant tradition et modernité» (sic).

Mais il ne faudrait pas en conclure que le nouveau logo uniformisera enfin la communication des autorités genevoises. Car plutôt que de créer une identité visuelle ouverte vers l’extérieur, elles ont préféré protéger leurs plate-bandes respectives, et souligner une division absurde et coûteuse que même les Genevois ont de la peine à comprendre: celle qui sépare les autorités cantonales et municipales. Conséquence: seules ces dernières bénéficieront de la nouvelle identité visuelle.

Ensemble, les exécutifs de la Ville (à gauche) et du Canton (à droite) auraient pu renforcer l’image globale de cette Genève dont elles ne cessent de vanter le caractère international. Au lieu de cela, c’est l’approche locale, provinciale jusqu’à la caricature, qui a primé.

«Les Genevois ont souvent tendance à confondre la Ville et l’Etat: c’est justement pour supprimer cette confusion que nous avons décidé de revoir l’identité visuelle de la Ville, indique sans rire l’un des membres du jury. Il n’y avait aucune raison d’en faire profiter le canton.»

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Une version de cet article est parue dans L’Hebdo du 15 juillet 2004.