Considéré comme une œuvre du patrimoine bâti, le Théâtre de Vidy, qui fête ses 60 ans en 2024, a récemment été agrandi et entièrement rénové.
Il ne devait s’agir que d’une construction éphémère. Pourtant, l’écrin d’argent imaginé par l’artiste et architecte suisse Max Bill pour l’Expo 64 borde toujours la plage de Vidy. Sauvé en partie du démontage grâce à la détermination du metteur en scène Charles Apothéloz, le bâtiment d’origine – qui deviendra le Théâtre de Vidy en 1972 – n’a ensuite cessé de s’agrandir. Les salles 76, 96 et 17, nommées selon leur année de construction, sont ainsi venues s’ajouter à la Salle 64, sous l’impulsion des directeurs successifs.
Après une première rénovation à l’aube des années 2000, le théâtre avait encore bénéficié d’une restauration, notamment de son foyer La Kantina en 2014, avant le grand plan de rénovation achevé en 2023. «L’établissement nécessitait une mise à jour complète afin de répondre aux normes techniques et scéniques actuelles», explique Vincent Baudriller, directeur du « théâtre au bord de l’eau » depuis 2013. Réalisés par le cabinet vaudois PONT12 architectes, les travaux ont duré deux ans et demi, pour un budget de 27 millions. «La salle historique comporte désormais une nouvelle machinerie et 430 places. L’enjeu a été de moderniser les espaces afin que les artistes puissent rêver le théâtre de demain, tout en gardant un bâtiment convivial, à taille humaine, qui respecte l’identité insufflée par Max Bill.»
Les travaux ont aussi donné naissance à un nouveau studio de répétition, la Salle 23. «Il s’agit d’un laboratoire dédié à la création et à la recherche, adapté aux besoins des artistes du monde entier qui peuvent venir y créer et répéter leur spectacle. Le Théâtre de Vidy constitue l’un des hauts lieux des arts vivants d’Europe. Un tel pôle devenait indispensable afin de continuer à assurer la mission de l’établissement en tant que théâtre de création au rayonnement international. Cet espace garantit également une programmation toujours aussi diversifiée, qui s’adresse tant au public local qu’à celui de passage.»
Grâce à la construction de ce studio, le nombre de spectacles – on mentionnera notamment Le Jardin des délices de Philippe Quesne, Les Historiennes de Jeanne Balibar et Les Doyens de Christophe Honoré – a pu être augmenté. «Les salles sont moins longtemps bloquées pour les répétitions. La vie du théâtre s’en trouve enrichie, avec davantage de représentations, festivals, débats et ateliers», se réjouit Vincent Baudriller. Ultime nouveauté : les tarifs au choix. «C’est le public qui fixe le prix ! Ce changement majeur repose sur une démarche de solidarité et d’accessibilité, qui reflète l’esprit d’ouverture sur le monde si cher au Théâtre de Vidy.»
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Une version de cet article réalisé par Large Network est parue dans The Lausanner (n° 12).