KAPITAL

50 idées de business à lancer en 2024 (2ème partie)

De nombreuses entreprises étrangères pourraient inspirer des initiatives entrepreneuriales en Suisse. Présentation de cinquante pépites, commentées par un panel d’experts.

Une version de cet article réalisé par Large Network est parue dans cialis in tampa.

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Dossier réalisé avec Carole Berset, Julien Crevoisier, Erik Freudenreich et Blandine Guignier

Retrouvez la première partie du dossier ici.

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26- Assistant au paiement pour entrepreneurs en ligne

La startup fintech Dealflow vise à automatiser la facturation B2B pour les entreprises qui travaillent en ligne, à l’instar des influenceurs et des entreprises mandataires. Fondée au Danemark en 2021, elle fait partie des premières plateformes de facturation au monde qui permette d’effectuer des transferts transfrontaliers sans frais et de gérer la trésorerie grâce à des paiements instantanés.

Eric Davoine: «Le système d’avance sur facture de ce concept semble enregistrer des retours très positifs de la part des utilisateurs freelances, tout comme la solution de transferts de fonds transfrontaliers. Le défi dans ce cas-là, c’est la mise au point de la technologie pour gérer ces flux financiers qui permettent de concurrencer les acteurs bancaires traditionnels.»

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27- Trouver son artiste tatoueur

La plateforme espagnole Tattoox présente des photos de tatouages réalisés par différents artistes. Le potentiel client peut ainsi trouver le style de dessin qui lui plaît et entrer directement en contact avec le tatoueur. Tattoox facilite ainsi le processus de recherche et de réservation de services de tatouage, tout en augmentant la visibilité des artistes.

Gladys Winkler Docourt: «Le point le plus délicat réside dans la certification de la qualité des tatoueurs présentés. Il faut en amont s’assurer de la qualité, notamment en matière d’hygiène, des salons présentés et de l’éventuelle autorisation de pratique. Il faut aussi approfondir le lien à établir avec le tatoueur: doit-il signer une clause d’exclusivité avec la plateforme? Comment s’assurer autrement que le site ne soit pas qu’une vitrine? D’autant plus qu’il existe souvent une relation de confiance entre un tatoueur et son client et que celui-ci aura certainement tendance à retourner vers l’artiste qui a compris ses attentes, s’il souhaite un nouveau tatouage. Enfin, la plateforme doit fixer des clauses de responsabilité claires en cas de problème.»

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28- Faciliter la gestion des freelances

Fondée en 2017, Worksome est une startup danoise qui opère sur le marché des RH avec une plateforme qui facilite la gestion de travailleurs indépendants externes. La plateforme permet de prendre en charge l’ensemble du processus, et ce en toute conformité légale: de la recherche de talents à la classification des travailleurs selon leurs compétences, en passant par la mise au point des contrats et les paiements, le tout via une seule interface, de quoi rationaliser l’organisation, le travail et l’administratif.

Eric Davoine: «Cette plateforme me paraît être une bonne optimisation de l’utilisation de freelances externes, que ce soit la gestion des contrats ou le fait de pouvoir identifier en quelques clics les fournisseurs capables de produire la prestation demandée.»

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29- Le golf en mode connecté

Taper des balles pour s’entraîner au golf n’est pas toujours très ludique. Pour moderniser ce sport, deux frères ont fondé il y a une vingtaine d’années Top Golf. Le concept: des installations d’entraînement couvertes qui permettent, grâce à des balles connectées, de connaître la vitesse de sa balle et sa distance exacte. Grâce à des cibles, le joueur peut aussi coupler la pratique du golf avec diverses autres activités de loisirs. Ces centres sont pris d’assaut aux États-Unis et le concept s’étend désormais à l’étranger. On y vient en groupe, avec la possibilité de boire des verres et de manger.

Virginie Bauman: «Il existe clairement un contexte favorable pour ce type d’offre, avec une demande croissante pour des expériences de loisirs sociales. L’aspect ludique et connecté peut attirer un large public, que ce soit des jeunes ou des sorties de team building. Un tel concept demande cependant d’importants d’investissements initiaux, avec l’enjeu de pouvoir proposer des tarifs accessibles. Aussi, le secteur des loisirs connaît une forte concurrence. Au départ, avoir une proposition qui se distingue est un atout, mais ensuite il y a un important besoin de marketing et de promotion à fournir pour durer.»

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30- Plateforme de jobs en gig economy

De plus en plus de professionnels travaillent en indépendant ou complètent leurs revenus avec un petit boulot à côté de leur activité principale. Fondée en 2010, la plateforme israélienne Fiverr sert de place de marché à ces travailleurs indépendants qui souhaitent proposer leurs compétences au plus grand nombre. On peut notamment y faire recours pour des travaux de rédaction, de traduction, de création graphique ou vidéo ou encore de la programmation.

Eric Davoine: «Les clients de ses plateformes peuvent avoir de bonnes surprises en terme de qualité des prestations. L’enjeu principal d’un tel modèle consiste dans le fait que les freelances suisses se retrouvent en concurrence immédiate avec le monde entier. En outre, les mécanismes de classement sont de manière générale souvent assez superficiels, ce ne sont pas toujours les meilleurs contributeurs qui sont les mieux notés.»

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31- Des kits repas livrés à domicile

Des recettes faciles à réalisées, livrées à domicile avec tous les ingrédients nécessaires: voici ce que propose Blue Apron depuis 2012. Chaque semaine, l’entreprise américaine imagine plus de 70 plats et suppléments à base de produits haut de gamme et en grande partie locaux. Pour un prix minimum d’environ 60 dollars (2 portions), les utilisateurs peuvent choisir des recettes inspirées d’une grande variété de cuisines du monde: italienne, mexicaine, mais aussi japonaise, nord-africaine ou encore coréenne. Les quatre plans de repas «signature», «végétarien», «bien-être» ou «signature pour quatre personnes» permettent de filtrer les plats en fonction des préférences de chacun via le site ou l’application.

Pauline Musy: «Le “do it yourself”, tout comme la prise de conscience concernant l’impact de l’alimentation sur notre santé, constituent de vraies tendances en Suisse. À condition qu’elle propose des aliments frais et issus de circuits courts, l’idée est excellente. Elle permettrait de promouvoir une consommation locale, tout en expliquant comment cuisiner des produits de la région. Les jeunes actifs, les couples et les familles qui manquent parfois de temps pour cuisiner ou faire leurs courses, me semblent les parfaits publics cibles.»

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32- Un temple dédié au e-sport

L’e-sport et les jeux vidéo sont les divertissements qui se développent le plus vite, loin devant le cinéma et autres activités. Le marché mondial du e-sport devrait atteindre une valeur de 2,7 milliards de dollars d’ici à 2025, selon le cabinet américain Arizton. Or, jouer à plusieurs est plus motivant que seul devant son écran. La société américaine Sports Facilities Companies développe aujourd’hui des lieux dédiés à l’e-sport dans diverses villes à travers le monde, intégrant un espace pour les tournois professionnels, les séances d’entraînement des équipes, des cabines de streaming ainsi que des installations dédiées aux simples amateurs de jeux vidéo.

Virginie Bauman: «Le e-sport explose depuis quelques années, avec de gros enjeux financiers. On se trouve donc dans un contexte très favorable, avec un clair intérêt du public. Aménager une infrastructure ambitieuse peut aussi être intéressant pour les pouvoirs publics, dans l’idée d’accueillir des compétitions dans sa région. Reste le fait qu’une telle installation demande des investissements initiaux conséquents, tout comme les coûts de fonctionnement. L’enjeu consiste à établir une rentabilité à long terme, par exemple en diversifiant les sources de revenus: consommation, abonnements, sponsoring, etc.»

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33- Docurama, la plateforme documentaire à podcasts

La plateforme française Docurama propose l’accès à près de 2’000 podcasts documentaires sélectionnés pour leur qualité. Histoire, découverte, criminologie, culture, le large panel s’articule autour de thématiques variées. Disponible à l’essai pendant sept jours, la plateforme facture ensuite 2,99 euros par mois ou 23,90 euros pour un an. Une fois abonné, l’auditeur accède à la vaste médiathèque de Docurama via des plateformes de streaming comme Apple Podcasts et Spotify.

Philippe Gaemperle: «La consommation médiatique étant en pleine mutation, la production et l’hébergement de podcasts auraient tout leur sens en Suisse. Un des avantages décisifs est sans doute l’accessibilité du marché, l’investissement de départ étant relativement modeste. Toutefois, au vu de la concurrence des productions étrangères, il faudrait réfléchir à une plateforme spécialisée dans les productions locales.»

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34- Expérience culinaire en immersion

Déguster des ramen et se plonger dans un univers 100% japonais, c’est ce que propose la chaîne de restaurants espagnole Buga Ramen. Dans un décor qui reproduit un marché de rue avec des éléments issus des mangas, d’animations et de jeux vidéo, les spécialités sont servies à chaque table par un robot, à l’instar de ce qui se fait dans de nombreux restaurants nippons. Le menu offre 16 types de ramen – dont trois options vegan – ainsi que divers plats et desserts japonais.

Pauline Musy: «La cuisine asiatique, et plus particulièrement les ramen, est aujourd’hui très populaire. Il existe une réelle tendance à proposer des expériences uniques, qui aillent au-delà de la simple dégustation d’un plat, dans la restauration et l’hôtellerie. L’enjeu réside dans la taille du marché suisse: est-il assez grand pour garantir le succès de ce type de concept à un prix abordable?»

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35- Poubelles intelligentes

Installées dans les rues de Malaga en Espagne, de Philadelphie aux Etats-Unis ou encore de Münster en Allemagne, les poubelles de la société Bigbelly ont pour but d’empêcher le littering et de faciliter la vie des municipalités. Celles-ci compactent les déchets en utilisant l’énergie solaire et permettent ainsi d’augmenter la capacité de contenu des poubelles publiques. Connectées, elles émettent un signal quand elles sont pleines, en direction du service en charge de la voirie.

Christina Hertel: «Les avantages d’une telle solution sont évidents. Elle encourage les gens à se débarrasser de leurs déchets au lieu de les jeter dans la rue, tout en réduisant de 80% les collectes nécessaires, selon la société. Toutefois, plusieurs villes en Suisse adoptent le principe du pollueur-payeur et limitent intentionnellement le nombre de poubelles, tout en imposant des amendes en cas de dépôt de déchets privés. Il serait donc peut-être judicieux de mettre en avant les arguments de la diminution des émissions de CO2 (en raison de la baisse du nombre de collectes) et de réduction des animaux nuisibles. Il conviendrait aussi de mettre l’accent sur le recyclage et le tri; et pourquoi pas de cibler des espaces publics spécifiques comme les aéroports ou les universités.»

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36- Place de marché en ligne pour travaux de bricolage à domicile

La société américaine TaskRabbit exploite une plateforme en ligne qui met en relation la main-d’œuvre indépendante et la demande locale. Objectif: permettre aux usagers de trouver de l’aide pour des tâches telles que l’assistance personnelle, l’assemblage de meubles, les déménagements, les livraisons ou les travaux de bricolage. C’est en quelque sorte la rencontre des passionnés de bricolage et de ceux qui en ont horreur. Près de 200’000 personnes proposent aujourd’hui leurs services via la plateforme qui a été rachetée en 2017 par Ikea.

Eric Davoine: «C’est un concept qui permet de rationaliser les bourses aux échanges existantes. Pour se démarquer des grands acteurs, il faudra valoriser la proximité culturelle avec les clients, avec des interactions régulières, très importantes pour établir un lien de confiance sur le long terme. Il faut néanmoins éclaircir la question de la responsabilité en cas de travail mal fait.»

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37- Concepteur de personnalité pour IA

Avec la généralisation de l’intelligence artificielle (IA), le métier de concepteur de personnalité, qui consiste à créer des personnages fictifs utilisés pour des assistants vocaux et des avatars, prend de l’ampleur. La société française Vivoka, créée en 2015, s’est fait connaître grâce à Zac, son premier avatar, qui prenait la forme d’un raton-laveur holographique. Aujourd’hui, l’entreprise vend ses systèmes de reconnaissance vocale embarquée dans le monde entier, et ce, dans des domaines très divers: hôtellerie, cabinets médicaux, appareils ménagers, etc. Elle concurrence ainsi les GAFAM.

Nathalie Nyffeler: «Les entreprises du domaine ont un potentiel immense. Une étude américaine a montré que 20% des usagers réalisaient déjà leurs recherches par la voix lorsqu’ils sont à l’extérieur et 60% en intérieur. Il faut toutefois veiller à la protection des données – le système déconnecté des réseaux de Vivoka est intéressant en ce sens –, et à la question du domaine d’application. Où cela fait du sens d’interagir avec une machine plutôt qu’avec un humain? Les hôpitaux ne me semblent pas forcément indiqués par exemple.»

38- Compagnie de taxi volant

Prévue lors des JO 2024 à Paris, l’entrée en exploitation des engins volants de la start-up allemande Volocopter permettra de relier l’aéroport de Paris-Le Bourget au centre-ville de la capitale en 17 minutes, contre une heure en voiture. Une course dans ces petits hélicoptères électriques devrait coûter environ 200 euros. Mais cette société n’est pas la seule dans cette industrie en devenir: selon le cabinet américain de conseil en stratégie Oliver Wyman, 170 prototypes de taxis volants sont en développement.

Nathalie Nyffeler: «C’est un univers fascinant qui n’est plus de la science-fiction! Il y a désormais énormément d’acteurs qui tentent de se positionner, dont des géants comme Porsche, Boeing, Airbus, Audi, etc. Il pourrait y avoir un marché en Suisse, pour une clientèle assez fortunée, et dans le transport de marchandise. Cela ne semble toutefois pas une solution pour les déplacements individuels.»

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39- Hyperfiction

C’est l’une des grandes tendances du tourisme selon l’École Hôtelière de Lausanne: l’offre d’expériences immersives, telle que la possibilité d’explorer virtuellement des destinations durant le processus de réservation. Hyperfiction, une agence française de réalité virtuelle (RV) et réalité augmentée (RA), conçoit de tels produits. Elle a par exemple vendu à Megève une descente en luge dynamique que la station haute-savoyarde peut présenter sur des salons du monde entier.

Christina Hertel: «Cette offre répond à une demande croissante pour des planifications de voyages plus personnalisées et attrayantes. Elle améliore l’expérience de pré-réservation et permet aux individus de prendre des décisions plus éclairées. D’un point de vue marketing, intégrer des expériences immersives permet de se différencier sur un marché encombré. Cependant, le succès de cette idée dépend fortement de l’accessibilité de la RV et de la RA. En 2022, seuls 2% des Suisses possédaient des lunettes de réalité virtuelle.»

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40- Velofix, les dépanneurs de vélo

Alors que de plus en plus de ville se tournent vers la mobilité douce, le nombre d’usagers du vélo continue d’augmenter. Pour accompagner cette demande croissante, l’entreprise canadienne Velofix propose un service d’entretien et de réparation itinérant. Via leur site internet ou par téléphone, le client passe une commande et choisit l’heure et la date de l’intervention. L’atelier, installé dans une fourgonnette, se déplace ensuite jusqu’au lieu convenu. La prestation revient entre 45 et 125 francs environ, en fonction du service sélectionné.

Philippe Gaemperle: «De nombreux acteurs ont déjà émergé sur le marché ces dernières années, et pas seulement en ville. Même dans un espace périurbain, le cycliste n’est jamais très loin d’un atelier fixe. En outre, il paraît difficile de se distinguer par une solution à bas coût, car le concept de Velofix nécessite une flotte de véhicules et une gestion logistique relativement complexe, deux facteurs qui tendent vers des tarifs assez élevés. Toutefois, l’attrait croissant pour le vélo entraînera vraisemblablement une augmentation de la demande pour les services d’entretien. Si le marché grandit assez, il est tout à fait possible qu’une solution haut de gamme puisse se développer.»

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41- Acheter groupé pour réduire ses factures domestiques

Lancé en Australie en 2011, One Big Switch opère aujourd’hui aussi en Irlande, et compte plus d’1,5 million de membres. Le réseau a développé un concept simple: regrouper le plus de consommateurs possibles afin de bénéficier d’offres ou de réductions de groupe sur les prix de l’énergie, des assurances, d’Internet et des télécommunications. En Irlande, cette stratégie permet aujourd’hui à One Big Switch de proposer une offre d’électricité via le fournisseur Yuno Energy. Facturés un mois à l’avance sur la base d’une prévision de consommation personnalisée et d’un tarif unitaire, les clients pourraient ainsi économiser jusqu’à 500 euros par année.

Felix Stähli: «Ce genre de regroupements va devenir de plus en plus populaire, aussi en Suisse. Il s’agit d’une solution simple et avantageuse, dont la logique s’inscrit dans celle du crowdfunding, crowdlending ou crowdcrediting. Il est en effet toujours plus facile d’atteindre son but lorsque l’on se met ensemble. Nous avons par ailleurs déjà une loi, qui stipule que le producteur local doit racheter l’énergie solaire produite par les consommateurs à un certain taux. Un tel projet permettrait de renforcer ce système.»

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42- Les fermes à champignons urbaines

Aux États-Unis, Smallhold a fait le pari de décentraliser la production de champignons pour la rapprocher des consommateurs. L’entreprise new-yorkaise propose d’installer des «mini-fermes» – des kits de culture ainsi que des caissons climatisés et optimisés pour la prolifération des champignons – directement dans les restaurants ou les commerces. Chacune peut produire jusqu’à 30 kg de champignons par semaine, comme par exemple des pleurotes jaunes, des champignons de Paris ou des champignons Shiitake.

Vincenzo Pallotta: «Le public suisse étant assez sensible à la qualité de ses aliments, une firme qui offre une production biologique et locale aura toutes les chances de réussir. J’imagine tout à fait des restaurants asiatiques ou des épiceries biologiques s’intéresser à ce type d’offre. Le concept peut aussi séduire des particuliers. Les espèces de champignons proposées par Smallhold sont toutefois plutôt exotiques, or, les Suisses sont relativement conservateurs dans leurs habitudes alimentaires.»

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43- Dissocier l’éducation de l’école

Destinée aux enfants et adolescents de trois à 18 ans, la plateforme américaine Outschool propose plus de 100’000 cours en ligne. Maths, langues, mais aussi histoire de l’architecture avec Minecraft et danses du monde: la diversité des cours permet une approche personnalisée de l’éducation, qui séduit déjà plus de 500’000 élèves dans 200 pays différents. Validé par Outschool, chaque enseignant peut aussi être évalué par les utilisateurs.

Pauline Musy: «Une telle plateforme favorise l’accès au savoir pour tous, ce qui est très positif. Si le contenu est de qualité, elle peut par exemple constituer une très bonne opportunité pour des élèves qui auraient besoin d’un soutien scolaire à des tarifs avantageux. J’émets toutefois une réserve concernant des activités d’apprentissage sur écran pour les tout-petits.»

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44- Découvrir les villes à vélos

Découvrir Paris, Florence, Rome, Barcelone, mais aussi San Francisco et Washington à vélo, c’est le crédo de la plateforme Fat Tire. Fondée en 1999 par David Mebane, un Américain installé à Paris et désireux d’offrir aux touristes anglo-saxons un autre regard sur la capitale française, la marque s’est progressivement étendue à d’autres villes d’Europe, puis aux États-Unis. Les offres multiples vont du simple tour de quelques heures à des packs incluant des visites culturelles ou des expériences gastronomiques. Il faut compter environ 6 francs l’heure pour la location d’un vélo simple, les tarifs peuvent ensuite monter jusqu’à 300 francs pour un tour privé avec guide.

Philippe Gaemperle: «Le paysage suisse se prête à merveille à ce type d’activités touristiques. On imagine bien le succès dans des villes comme Genève ou dans le Lavaux par exemple. D’un point de vue financier, toutefois, cela demande un investissement de moyens considérables (matériel roulant, logistique, guides) sur un espace nettement plus étendu et fragmenté que ne le sont les grandes villes comme Paris ou Rome. Pour développer ce modèle en Suisse, il faudrait vraisemblablement construire des partenariats avec des offices du tourisme locaux ou avec des opérateurs touristiques.»

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45- Préparation pour les universités d’Ivy League

Basé en Nouvelle-Zélande, Crimson Education aide les étudiants internationaux dans leur postulation aux grandes universités. Pour un coût moyen de 15’000 dollars, la plateforme les aide à identifier quelle école leur correspondrait et ce qu’ils doivent faire, en termes académiques ainsi qu’au niveau des activités extrascolaires, pour favoriser leurs chances d’y entrer. L’entreprise travaille aujourd’hui avec 1’500 tuteurs et plus de 20’000 étudiants ont déjà eu recours à la plateforme. Une soixantaine a accédé aux Ivy League et plus de 160 à Oxford ou Cambridge. Cette préparation peut débuter dès 11 ans.

Anne Headon: «Cette idée de préparer les enfants dès le plus jeune âge pour accéder à une université prestigieuse est un concept très anglo-saxon. C’est un principe élitiste et coûteux, qui n’est pas vraiment dans la mentalité suisse. En Suisse, les écoles qui proposent un parcours de baccalauréat international sont bien équipées pour soutenir leurs élèves dans les dossiers d’admission alors que les élèves sortis des gymnases sont un peu plus démunis. Cette méthode d’aide pourrait néanmoins être utile pour eux et pour les étudiants ayant terminé leur Bachelor en Suisse qui souhaitent poursuivre avec un Master à l’étranger. Il faudrait alors élargir le panel à toutes les universités existantes.»

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46- Beam, les vélos, trottinettes et scooters électriques pour les entreprises

La plateforme singapourienne Beam propose des flottes de vélos, trottinettes et scooters électriques en libre-service. En partenariat avec les villes d’Asie et d’Océanie, l’entreprise a déjà déployé plus de 40’000 véhicules. En 2021, elle a lancé une offre spécialement orientée vers les entreprises et leurs employés. Sur l’interface, l’utilisateur peut alors basculer en mode «business». La plateforme enverra ainsi la facture à l’employeur.

Vincenzo Pallotta: «L’idée a du potentiel pour la Suisse: certaines entreprises pourraient fournir des véhicules de mobilité douce à leur personnel pour obtenir des certificats CO2. Toutefois, notons que le climat, entre octobre et avril notamment, se prête moins à ce genre de mobilités en Suisse que dans les pays où Beam s’est installée.»

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47- Colocations pour seniors

Depuis sa création en 2021, l’entreprise française Epic Coliving propose aux personnes âgées de 65 ans et plus un nouveau type d’habitat: le coliving. Construites pour accueillir entre huit et dix seniors, ces colocations indépendantes permettent à ses occupants de continuer à vivre de manière autonome au sein d’un logement individuel entièrement équipé, tout en profitant d’espaces partagés, propices au développement d’une vie communautaire. Personnalisables, les parties privées sont pensées pour pouvoir évoluer au fil du temps, en fonction des besoins des habitants. Un soutien pour la souscription et la gestion de contrats d’énergie, de maintenance et d’entretien notamment, est aussi assuré par les équipes d’Epic Coliving.

Pauline Musy: «Le potentiel du projet est indéniable. C’est même étonnant que ce type de logements n’existe pas déjà en Suisse, car il répond à un réel problème de société lié au vieillissement de la population. Afin de garantir un accès équitable à ces habitations, le modèle d’affaires de l’entreprise se doit néanmoins d’être éthiquement irréprochable. Ceci pourrait faire partie d’un projet d’entrepreneuriat social, par exemple. Et pourquoi ne pas envisager des colocations intergénérationnelles?»

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48- Une plateforme pour les amateurs de loisirs créatifs

La plateforme américaine Craftsy.com propose depuis 2013 une variété de cours et de tutoriels créatifs destinés à un large éventail de passionnés d’artisanat. Elle possède notamment une bibliothèque de cours vidéo qui couvrent un assortiment de disciplines créatives comme le tricot, le crochet, la couture, la pâtisserie et la cuisine. Les utilisateurs peuvent accéder à ces cours soit en achetant des cours individuels, soit en souscrivant à un abonnement, ce qui leur donne un accès illimité aux contenus pédagogiques. Au-delà des cours, les membres du site sont encouragés à partager leurs projets, demander des conseils et s’engager avec des personnes partageant les mêmes idées et passionnées par les différents métiers de l’artisanat.

Virginie Bauman: «C’est un exemple intéressant d’économie collaborative, intégrant une logique de communauté. Une telle plateforme all-in-one est attractive si ces contenus sont renouvelés régulièrement. Il y a donc un double enjeu d’acquisition, tant des instructeurs que des clients. Aussi, se pose la question de la fidélisation, comment faire en sorte que les clients ne viennent pas qu’une seule fois. Enfin, il faut aussi considérer la forte concurrence de contenus disponibles gratuitement sur d’autres plateformes en ligne.»

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49- Le Uber des influenceurs

Les réseaux sociaux et leurs influenceurs sont devenus des incontournables du marketing moderne. La plateforme texane Aspire, fondée en 2014, réunit les personnalités les plus suivies sur différents réseaux comme Instagram ou TikTok. Elle permet en outre aux marques de suivre en temps réel les effets de ces campagnes en termes de visibilité et de ventes.

Vincenzo Pallotta: «Les Suisses sont un peu à la traîne du point de vue du marketing, ce type de plateforme me paraît donc tout à fait pertinent pour que des entreprises se lancent sur le marché international. Cependant, étant donné que des acteurs établis existent déjà à l’étranger, il faudrait que la concurrente suisse invente quelque chose qui lui permette de se démarquer, comme une nouvelle fonctionnalité.»

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50- Gérer le recyclage des déchets électroniques

Electronic Recyclers International recycle environ 130 millions de kg de déchets électroniques par année. Créée aux États-Unis en 2002, l’entreprise se démarque grâce à son service de cybersécurité qui assure la destruction de toutes les données présentent dans l’électronique des entreprises. Cette solution se révèle particulièrement intéressante à l’heure de la durabilité et de la pénurie de certains composants.

Anne Headon: «Cette entreprise a su développer des partenariats avec le secteur public comme avec le privé. Leur modèle se décline ensuite dans des points de collecte locaux, principalement en ville. En Suisse, la taille critique nécessaire constitue le challenge principal, d’autant plus que les moyens à allouer au développement de l’entreprise sont important: collecte, tri et recyclage. Il serait plus intéressant de créer des partenariats locaux avec des acteurs existants.»

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Expertes et experts

  1. Anne Headon, directrice du HUB Entrepreneuriat et Innovation de l’Université de Lausanne
  2. Gladys Winkler Docourt, directrice de Creapole à Delémont (depuis janvier 2024)
  3. Pauline Musy, coach en développement d’entreprise au sein de l’association Fri Up, Fribourg
  4. Philippe Gaemperle, coach en développement d’entreprise et responsable du service coopération au sein de la plateforme d’innovation Platinn, Neuchâtel
  5. Nathalie Nyffeler, responsable Innovation & Entrepreneuriat à la Haute École d’ingénierie et de gestion du canton de Vaud (HEIG-VD)
  6. Felix Stähli, co-fondateurs d’Impact Hub à Lausanne
  7. Christina Hertel, professeure assistante, Institute of Management, Geneva school of economics and management, Genève
  8. Eric Davoine, professeur titulaire de la chaire de ressources humaines et organisation à l’Université de Fribourg
  9. Virginie Bauman, coach en développement d’entreprise chez Genilem, Genève
  10. Vincenzo Pallotta, professeur en management et en innovation à la HES-SO et à la HEIG-VD