LATITUDES

«Suissification» et les autres mots de décembre

Le langage révèle l’époque. Notre chroniqueuse s’interroge ce mois-ci sur l’usage des termes «suissification», «tenségrité» et «cérumen».

Suissification

Au lendemain des dernières élections fédérales, outre-Sarine les commentaires convergeaient: la Romandie a subi une «normalisation», une «suissification» entraînant une quasi disparition du röstigraben. Et de se réjouir de cette nouvelle rassurante! Il n’y aurait plus de clivage politique majeur entre les deux groupes linguistiques les plus importants du pays avec la Suisse romande réduite à une «Suisse en miniature». Dans un article fouillé paru dans la NZZ, le mot à rallonge «Ver(deutsch)schweizerung» renvoie, avec la subtile mise entre parenthèses de l’adjectif «deutsch», à une forme de germanisation inhérente à cette «suissification» en cours. 

Pour les francophones qui s’en inquiéteraient, soucieux de conserver leur spécificité culturelle, à défaut de röstigraben, demeure le «foie gras graben». La «suissification» aura-t-elle un impact sur les habitudes culinaires des épicuriens de l’ouest de la Suisse? Réponse le soir de la future votation sur l’initiative populaire visant à interdire l’importation de foie gras.

Tenségrité

Demain, des robots bipèdes très peu énergivores pourraient voir le jour grâce à l’apport de la tenségrité. Un mot dérivé de l’anglais alliant les notions de tension et d’intégrité. Il désigne la faculté d’une structure à conserver son équilibre par un jeu de tension et de compression. Un mécanisme déjà bien connu cialis shopping on line, en mathématiques et en biologie.

Sachant que quelque dix mille espèces d’oiseaux dorment debout, des chercheurs ont étudié ce qui rendait cela possible. Leur conclusion: «C’est la tenségrité qui permet à l’animal de rester stable avec un coût énergétique minimal, sans quasiment aucun effort musculaire grâce à une tension passive.»

Contrairement à la bipédie des humains qui implique de se tenir droit, celle des oiseaux repose sur la flexion des membres inférieurs. Cette récente étude a permis de découvrir que «l’équivalent de quatre câbles tendus entre leurs orteils et leur bassin sont tirés par le poids du corps pour maintenir un équilibre stable lorsque les oiseaux sont debout». Ce système mécanique de tenségrité ouvre de nouvelles perspectives aux concepteurs de robots bipèdes. Morale de l’histoire: les modèles androïdes ne sont pas toujours à privilégier.

Cérumen

L’année 2023 marquera un moment charnière pour le cérumen avec deux annonces surprenantes. La première: on peut atteindre l’orgasme en se débarrassant avec un coton-tige de cette matière onctueuse sécrétée par les glandes sébacées du conduit auditif externe. Un phénomène qui s’expliquerait par la présence d’une branche du nerf vague dans l’oreille. Dans la foulée tombait la seconde annonce, enjoignant à ne plus utiliser les cotons-tiges, ces joysticks, pour curer cette zone érogène. Une pratique trop dangereuse, estiment les ORL, qui peut créer des bouchons de cire au lieu de la retirer, perforer le tympan ou provoquer des infections.

Laissons donc le cérumen tranquille! Son rôle consiste à nettoyer l’oreille et à la protéger des bactéries, des champignons, des insectes et même de l’eau. Nos oreilles ont cette capacité d’être autonettoyantes.