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Gagnée ou non, cette guerre reste injustifiable

Le résultat de l’attaque irakienne ne change rien au fond: en ignorant l’ONU et le droit international, l’administration Bush vient de faire faire à l’humanité un bond en arrière de près d’un siècle.

Pleine lune aujourd’hui 16 avril: il aura fallu moins d’une lune aux troupes américano-britanniques pour envahir l’Irak, abattre le régime de Saddam Hussein, libérer le pays d’une dictature sanguinaire. Les habitants n’ont pas fui par centaines de milliers comme prévu par les ONG et, apparemment, les victimes ne se comptent pas non plus par centaines de milliers. Combien exactement on ne le sait pas encore.

Les chiffres que j’ai entendus, vous les avez vous aussi entendus, je ne me ferai donc pas l’écho d’une désinformation par trop présente dans cette guerre. Les saccages sont considérables, mais sont presque unanimement versés au compte pertes et profits des inévitables désastres de la guerre. Protecteurs du ministère du pétrole, les Américains ont assisté les bras ballants à la privatisation sauvage des biens culturels du pays. Mondialisation oblige, nous retrouverons bientôt tel vase sumérien chez les marchands de Bâle ou de Genève. Circulez, il n’y a rien à voir! Business is business…

Est-ce à dire que les pacifistes se sont trompés? Que Bush a eu raison et qu’il a rempli une mission humanitaire en nous débarrassant de Saddam? A voir la forte chute de participation aux manifestations du week-end dernier, on pourrait croire qu’une bonne partie des manifestants a été prise de remords face au rapide succès des forces anglo-américaines. Pour ma part, je n’en crois rien et l’interprète plutôt comme une forme de résignation face à une domination brutale.

Car cette guerre reste injustifiable que cela soit dans le fond ou dans la forme.

Cela fait maintenant des mois que l’administration Bush se place complètement en dehors du droit international. Cela a d’ailleurs commencé dans le mépris des propres lois américaines: dès le lendemain des attentats de New York et Washington, nombre de citoyens américains d’origine arabe ont été considérés comme une cinquième colonne potentielle et traités comme des ennemis. Cette hystérie sécuritaire a été abondamment illustrée par des reportages dignes de confiance.

Suite à l’invasion de l’Afghanistan, plusieurs centaines de prisonniers ont été regroupés sur la base de Guantanamo (arrachée à Cuba suite à une guerre d’agression au début du XXe siècle), isolés, torturés et exhibés dans des conditions indignes d’un gouvernement démocratique, au mépris notamment des conventions de Genève sur le droit de la guerre.

L’invasion de l’Irak – planifiée dès avant les attentats c’est maintenant un fait avéré, reconnu à mi-voix par les faucons bushiens – s’est faite au nom d’objectifs – la fameuse destruction des stocks d’armes de destruction massive – déjà retenus pour nuls par les responsables des missions d’enquêtes internationales, nullité confirmée aujourd’hui par les faits: à part une poignée de missiles expédiés en direction du Koweït, l’Irak n’a utilisé aucune arme de ce genre et les Anglo-Saxons n’ont rien trouvé, et ne trouveront rien car il n’y a rien.

L’administration Bush s’est placée au-dessus de la communauté internationale en lançant la guerre sans l’aval de l’ONU. On peut penser ce que l’on veut des parlotes onusiennes et de sa bureaucratie, il n’en reste pas moins que le rôle de l’ONU comme grand forum international de discussion compte dans les relations internationales comme la grande avancée du XXe siècle. Faire jouer la primauté de la force au détriment de celle du droit signifie un retour à l’âge de la pierre. La raison du plus fort n’est jamais la meilleure comme en témoigne toute l’histoire de l’humanité, une histoire qui pour notre civilisation a justement commencé en Irak, il y a quelques milliers d’années.

On comprend aussi mieux pourquoi l’administration Bush a cherché à empêcher par tous les moyens possibles la création de la Cour pénale internationale (CPI), autre instrument important pour civiliser les relations entre les peuples du monde. Combien de marines ayant sévi en Irak aurait-elle dû livrer à la CPI, au simple vu des images diffusées par les médias ces dernières semaines?

De surcroît, en droit international, une puissance occupante a des devoirs: le laisser-faire anglo-saxon face au pillage organisé des villes irakiennes est inadmissible. Ce comportement conduirait lui aussi ses responsables – le commandement militaire – devant la CPI.

Ces quelques considérations sont loin d’être exhaustives mais portent toutes à la même conclusion: l’administration Bush soutenue par le gouvernement Blair vient de faire faire à l’humanité un bond en arrière de près d’un siècle qui nous ramène avant la signature des grandes conventions fondant le droit international à La Haye en 1907. Cela fait un peu ringard d’écrire ça, je vois poindre les sourires entendus et bienveillants, mais sans droit international, la vie en société n’est tout simplement pas possible. A moins de se satisfaire de la dictature étasunienne.

Cela nous amène aux conséquences politiques. Bush et consorts promettent aux Irakiens monts et merveilles sur base de consensus démocratique et d’économie de marché. La réalité qui se dessine ces jours-ci déjà montre que c’est faux. Il n’y aura pas de démocratie et si une économie de marché prévaut, elle sera plus sauvage encore que la privatisation des trésors archéologiques.

Souvenez-vous des belles promesses faites l’an dernier aux Afghans. Aujourd’hui ce pays retrouve une normalité talibane: le sous-développement partout, pas une grue à Kaboul, pas un kilomètre de route construit, des chefs de guerre qui tuent et s’entre-tuent, des mollahs qui prêchent la haine des femmes, des étrangers, du voisin. Des gens qui croupissent en crevant la faim. Et de temps à autre, une roquette qui vise un poste américain.

L’avenir de l’Irak est tout tracé dans ces promesses fallacieuses.