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Quand le zèbre a bon dos

A quinze mois des élections fédérales, les associations féminines agitent déjà le chiffon violet de la parité. Un juste combat sans doute, mais difficile à justifier rationnellement.

Il existe évidemment des périls plus immédiats. En vrac et au hasard: une septième vague épidémique accompagnée d’une quatrième dose de vaccin, l’effondrement d’un glacier au-dessus de Saas-Grund, une pénurie de plus en plus possible de gaz. Rien n’empêche pourtant de se projeter plus loin et de s’inquiéter de cette perspective: les élections fédérales qui se tiendront dans quinze mois. Autant dire une éternité à l’ère et à l’aune de l’information en continu.

Alliance F, l’organisation faîtière des associations féminines, y pense pourtant déjà très fort, comptant bien réitérer le coup de 2019: une vague violette emportant tout sur son passage. Avec un objectif avoué: la parité complète et exacte aussi bien au Conseil national qu’au Conseil des Etats.

Si en effet la vague violette avait débouché au Conseil national sur une représentation féminine grimpant à 42%, il resterait de sérieuses zones d’ombre. Le fait par exemple que dans ce même Conseil national huit cantons et demi continuent à n’être représentés que par des hommes.

Dont trois en Suisse romande: Neuchâtel, avec 4 sièges occupés par quatre hommes, le Jura (deux sur deux), et le Valais (huit sur huit). A un tel niveau, impossible d’incriminer uniquement un prétendu goût atavique pour le patriarcat qui sévirait encore chez les électeurs –et les électrices!– valaisans et de l’Arc jurassien. C’est aussi sans doute que les partis –tous les partis– n’ont pas fait le boulot, ou du moins pas montré une bonne volonté suffisante.

Reste qu’au-delà de toutes les explications partisanes, psychologiques et sociologiques qu’on pourra avancer pour comprendre le déficit de représentation féminine en politique, il en est une rarement invoquée: le fait que la notion de parité soit intellectuellement et honnêtement difficile à défendre.

Ainsi Kathrin Bertschy, membre des vert’libéraux et coprésidente d’Alliance F, parle d’un «déficit démocratique» qu’il conviendrait de «corriger». L’argument pourra paraître fragile. Rien effet dans la règle démocratique ne stipule qu’on doive tenir compte du genre.

Seuls sont déterminants l’âge –un enfant ne peut prétendre à être élu, même si cet âge peut et a déjà fluctué: actuellement 18 ans, alors que ce fut longtemps 21, et que certains voudraient le rabaisser à 16. Ou la nationalité –il faut disposer d’un passeport suisse pour candidater à une élection sous la coupole, mais là aussi on peut imaginer que cela bouge, puisque le droit de vote et d’éligibilité pour les étrangers existe déjà au niveau communal dans certains cantons.

Sous-entendu enfin: il faut appartenir à l’espèce humaine. Même si certains caciques valaisans se sont longtemps vantés de pouvoir faire élire sur leur liste «n’importe qui y compris un mulet», l’élection du dit mulet aurait été, et serait toujours, invalidée.

Plus sérieusement on pourrait, sans attenter à la raison raisonnable, soutenir que l’instauration d’une parité obligatoire, loin de corriger un prétendu déficit démocratique, ne ferait que l’aggraver, puisque qu’il restreindrait le libre choix de l’électeur souverain. Contrairement à un abaissement de l’âge des candidats ou à l’élection possible de candidats dépourvus de passeports à croix blanche, qui l’enrichiraient de facto.

Du mulet au zèbre, il n’y a pourtant qu’un pas et il est allégrement franchi par Florian Irminger, le secrétaire général des Verts, groupe le plus féminin au parlement fédéral (63%): «Le zébrage femme-homme ou le contraire est le modèle idéal». Sauf que la constitution de listes paritaires, appelées donc désormais «listes zébrées», tourne souvent pour les partis au méchant casse-tête. Avec le risque, pour que le zèbre tienne sur ses pattes, de sacrifier un ou une candidate plus compétente au détriment d’un ou d’une autre qui le serait moins.

Admettons toutefois que cette rengaine –la compétence plutôt que le sexe– très en vogue à droite et très vilipendée à gauche, sans beaucoup d’arguments solides, sert souvent d’alibi hypocrite pour justifier des listes à trop haute teneur en testostérone. Et que face à la tentation d’instaurer des quotas d’élus selon le genre, les listes à rayures préservent au moins une liberté citoyenne fondamentale: celle d’affûter son taille-crayon.