LATITUDES

«Lausanne est le paradis du roller de descente»

Championne du monde, Romane Favia considère son sport comme une véritable quête. Cette ex-violoniste de haut niveau parle de sa passion et de Lausanne, ville fameuse pour ses dénivelés.

À 22 ans, la rideuse connaît déjà la consécration, seulement deux ans après avoir découvert ce sport extrême. Et c’est dans les rues pentues de Lausanne, ville culte du roller jusqu’à l’étranger, que cette étudiante en art aiguise chaque jour sa technique.

Comment la passion du roller de descente vous a-t-elle happée ?

Je m’y suis mise par hasard en autodidacte juste avant le premier confinement. Ce n’est pas aussi inabordable qu’on pourrait le croire. Je me suis investie à fond, car je ne sais pas faire autrement et je suis vite devenue accro à ces montées d’adrénaline. Un run est une quête de perfection au cours de laquelle on est focalisé sur le présent et tellement vivant ! Aujourd’hui, je fais tout en rollers : les courses, prendre le train et même aller en cours. Ils sont comme un prolongement de mon corps et me donnent la sensation d’être un superhéros (rires).

Avant cela, vous avez étudié le violon pendant dix-neuf ans jusqu’à être scolarisée en classe spéciale au gymnase Auguste-Piccard. Quel virage !

Le roller a pris en bonne partie la place du violon, mais tous deux relèvent de la même quête d’excellence. Il y a une cohérence dans ce choix. Je l’ai montré en jouant rollers aux pieds au Musée des beaux-arts de La Chaux-de-Fonds. Le roller a quelque chose de musical et de rythmé. Je ride d’ailleurs toujours avec de la techno dans le casque. C’est une espèce de danse. Le violon et le roller font appel à l’intuition, au ressenti et à la technique qui se combinent pour générer une profonde sensation de liberté.

En quoi Lausanne se prête-t-elle au roller ?

Lausanne est reconnue à l’international dans notre petit milieu. Notre sport y est quasiment né à la fin des années 1990. La ville s’y prête par sa topographie pentue et ses panoramas incroyables sur le Léman notamment. On ride souvent en fin de journée du Chalet-à-Gobet jusqu’à Ouchy avec le coucher de soleil en ligne de mire. Soit près de 600 m de dénivelé avalés à 50 km/h.

La communauté des riders est-elle vaste ?

Nous sommes une centaine au total et une vingtaine à faire de la descente régulièrement. Je suis la seule femme à ma connaissance à affronter cette longue descente en rollers. Il y a une fierté à rivaliser avec les garçons. Il y a aussi des longboarders. Lausanne abrite certains des meilleurs. Les passants nous regardent interloqués et les policiers aussi… même si beaucoup d’entre eux apprécient que nous maximisions la sécurité en organisant notre passage pour éviter tout accident.

Vous blessez-vous souvent ?

Pas vraiment, même si sur route fermée, on flirte parfois avec les 100 km/h. Au début, je me suis fêlé trois vertèbres contre une voiture et cela m’a ramenée à la réalité, même si je n’avais qu’une idée : y retourner ! Au point d’avoir gardé mes rollers dans le lit d’hôpital (rires). Mais contrairement aux apparences, la descente exige beaucoup de contrôle. C’est pourquoi on y voit des riders exceller jusqu’à 40 ans passés.

Ses adresses

Carrousel Burger (Quai d’Ouchy, Lausanne)

«C’est souvent là qu’on se retrouve après nos descentes pour manger un hamburger. Ils font les meilleurs de Lausanne à ma connaissance. Le calme du lac contraste avec la montée d’adrénaline qui a précédé…»

Patinoire de la Vaudoise aréna (Chemin du Viaduc 14, Prilly)

«En hiver, j’adore aller y faire du short-track, ce patinage de vitesse olympique sur piste courte qui ne pardonne aucune erreur et constitue donc un excellent complément pour le roller de descente…»

Centre de tir à l’arc (Chalet-à-Gobet, Lausanne)

«C’est là que l’expérimenté rider Natan Lakonishok entraîne les jeunes élèves de sa Swiss RollerSchool. De mon côté, je pratique parfois le tir à l’arc, car cela aiguise la concentration.»

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Une version de cet article réalisé par Large Network est parue dans The Lausanner (n° 9).