CULTURE

Les premières bouteilles de Mecca Cola arrivent en Suisse

«Ne buvez plus idiot, buvez engagé!» C’est le slogan de cette nouvelle boisson gazeuse, dont 10% des ventes seront reversées aux enfants palestiniens.

«Le premier camion de Mecca Cola qui entrera en Suisse est en ce moment à la douane. Il arrivera cet après-midi ou demain à Saint Gall», m’explique Mike Strahm, le jeune patron, 24 ans, de Swinti Netmarketing. Dès vendredi, ce nouveau soda idéologique sera en vente en Suisse alémanique puis, dans un deuxième temps, en Suisse romande.

Lancée en France à l’automne dernier, au début du Ramadan, par Tawfik Mathlouthi, Mecca Cola a déjà conquis une vingtaine de pays. Des millions de bouteilles ont été vendues. Un succès attribué à sa connotation politique. Sur l’étiquette, qui rappelle celle de Coke, le slogan «Ne buvez plus idiot, buvez engagé!» séduit les altermondialistes.

«C’est un soft drink contre l’oncle Sam», explique Tawfik Mathlouthi. Ce Tunisien installé en France depuis une vingtaine d’années avait participé au lancement de Radio Mediterrannée. En 2002, il a décidé d’entreprendre une action pour les Palestiniens avec 20’000 euros comme capital de départ.

C’est son fils, à qui il interdisait de boire du Coca, qui lui a soufflé l’idée d’en produire une version alternative. Mathlouthi s’est inspiré du Zam Zam Cola iranien. Ce sera Mecca Cola: de l’eau gazéifiée, du sucre, du sirop de glucose-fructose, un peu de caféine, un zeste d’acide phosphorique et une dose d’un colorant caramel, le E150D. Les bouteilles de 1,5 litres vont permettre d’affecter 10% du prix d’achat aux enfants palestiniens et 10 autres pourcents à des institutions caritatives européennes.

Pour l’heure, les seules attaques portées contre Mecca Cola l’ont été par les milieux islamistes qui condamnent l’usage commercial du mot Mecca («Mecque»). Coca Cola, pourtant plagié, ne parle pas de porter plainte. En difficulté, la firme d’Atlanta lance actuellement une opération de séduction auprès des amateurs de foot. Fin janvier, elle annonçait de nouveaux licenciements.

La situation n’est guère plus encourageante du côté de Pepsi. Dès le 12 février, la marque sera boycottée par la communauté hip hop. La raison en est plus financière qu’idéologique. Le rapper Russell Simmons, de la famille Run DMC, reproche à la grande marque de sodas d’avoir retiré des écrans son spot publicitaire avec le rappeur Ludacris, qu’elle jugeait trop vulgaire.

Pepsi lui a finalement préféré Ozzy Osbourne, créant ainsi la fureur de Simmons qui, non seulement, incite les fans de Ludacris au boycott, mais exige le retour du clip et des millions de dédommagement.

Voilà qui ne peut que réjouir l’inventeur de Mecca Cola, déjà surnommé le «seigneur des bulles» et auquel CNN a consacré un reportage lui attribuant la paternité du «premier produit anti-impérialiste du millénaire.»