KAPITAL

50 idées de business à lancer en 2022 (1ère partie)

Des entreprises innovantes s’inventent continuellement à travers le monde. Sélection de cinquante pépites étrangères, commentées par un panel d’experts.

Une version de cet article réalisé par Large Network est parue dans PME Magazine.

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Dossier réalisé avec Stéphanie de Roguin, Erik Freudenreich, Blandine Guignier et Antonio Rosati

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Résilience et innovation: tels ont été les maîtres mots des entreprises ces deux dernières années face à la crise sanitaire. En Suisse, l’adversité n’a pas effrayé les nouveaux entrepreneurs: depuis le début de l’année 2021, plus de 41’000 nouvelles sociétés ont été créées en Suisse, 10% de plus que sur la même période un an plus tôt selon l’étude du cabinet Dun & Bradstreet (D&B). Un record historique qui détrône la performance de l’année 2020, qui comptait déjà une hausse majeure du nombre de nouvelles entreprises inscrites au registre du commerce (près de 47’000 sur l’année).

Des logiciels RH qui s’adaptent au télétravail à la gastronomie qui externalise ses cuisines, en passant par toutes les innovations en faveur de la durabilité, le monde post-crise inspire les créateurs d’entreprise. Autriche, États-Unis, Chine, Irlande ou Portugal: les 50 idées de business de ce dossier ont été sélectionnées aux quatre coins du monde. Toutes ont en commun de bouleverser le statu quo et comprennent un potentiel d’application en Suisse. Certaines existent peut être déjà sur le territoire mais pourraient être davantage développées. Les 50 idées sont commentées par des experts soigneusement choisis, qui donnent leur avis sur le potentiel de ces entreprises, leurs défauts et les défis inhérent auxquels être attentifs pour les adapter en Suisse. Alors que l’économie suisse et mondiale se transforme pour répondre aux défis d’un monde nouveau, êtes-vous prêts à relever le défi?

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1 – Produire de l’électricité avec les piétons

Produire de l’énergie en marchant dans la rue… Délire utopiste? Pas pour l’entreprise anglaise Pavegen. Elle conçoit des dalles qui emmagasinent l’énergie de la marche pour la convertir en électricité. Chaque piéton qui marche sur ces dalles –généralement déployées dans des lieux publics–, peut générer jusqu’à sept watts d’électricité. Pavegen se concentre sur des projets à relativement petite échelle, tels qu’une installation récente au Mercury Mall, un centre commercial de l’est de Londres. Environ 8’000 visiteurs s’y rendent chaque jour. L’énergie de leur passage est utilisée pour alimenter une partie du complexe.

Nathalie Nyffeler: «Ce que je trouve intéressant dans cette démarche, c’est qu’elle permet de rendre visible l’invisible qu’est l’énergie. Cela met en lumière la problématique de l’énergie de façon très positive, sans rien de moralisateur, dans un esprit ludique. En plus, les gens sont invités à se mettre en mouvement. Cependant, je m’interroge sur la question de l’échelle: de tels dispositifs ne permettent pas de créer de grandes quantités d’énergie. Aussi, la question de qui paie interpelle: on voit bien que seules les surfaces commerciales, les universités d’une certaine taille ou les communes qui ont suffisamment d’argent pour investir peuvent se le permettre.»

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2 – Cartes interactives des campings

CampMap est une application développée en Croatie, dès 2018. Elle contient des cartes numériques interactives de campings, qui permettent aux clients de se renseigner sur les heures d’ouverture ou les services proposés par les différents campings qu’ils visent. L’app est aussi utilisée par les propriétaires de campings, qui leur permettent ainsi de se faire connaitre.

Julien Abegglen Verazzi: «Le principe à l’air intéressant mais je me demande quelle est la valeur ajoutée par rapport à n’importe quel site ou application qui permet de réserver des campings. Je miserais ainsi sur l’expérience client, la programmation des activités ou évènements dans les campings ou éventuellement proposer d’interagir avec les autres campeurs.»

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3 – Miroir, miroir, coache-moi

Depuis le début de la pandémie, la pratique du fitness à la maison constitue une tendance forte. La start-up américaine Mirror a ainsi fabriqué un miroir équipé d’une caméra et de haut-parleurs faisant office de prof de gym. L’appareil propose un plan d’entraînement personnalisé quand il est allumé et devient un simple objet de décoration lorsqu’il est éteint.

Frédéric Baetscher: «Cette idée a un très fort potentiel! L’entreprise propose une large palette de cours, différentes activités sportives, et ceux-ci peuvent être partagés à distance entre amis. Le miroir est très élégant et s’intègre à un mobilier contemporain. Le business model est intéressant, avec toute une série d’accessoires connectés (haltères, tapis, poids, etc.) qui peuvent être achetés en plus. Je suis convaincu que l’idée plairait aux Suisses, d’autant plus maintenant que la pratique du sport à la maison a été largement adoptée.»

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4 – La start-up qui revend vos vêtements pour vous

Basée à Londres, Thrift+ aide les consommateurs à revendre leurs vêtements d’occasion. Les vendeurs envoient directement les habits dont ils veulent se débarrasser à l’entreprise. Le processus de photographie et de mise en ligne est ensuite géré par Thrift+. La start-up prend ainsi en charge pour le consommateur toute la partie besogneuse de la vente d’articles en ligne. Le vendeur reçoit ensuite des crédits en fonction du nombre d’articles donnés. Chaque client a également la possibilité de verser un montant à une association caritative lors de son achat. Fondée en 2017, la société emploie actuellement plus de 40 personnes et a levé un total de 1,7 millions d’euros.

Julien Abegglen Verazzi: «C’est le trend du moment: économie circulaire et mode éthique. La seconde main semble avoir du succès et il fallait passer par la version en ligne qui répond indéniablement à la demande actuelle, surtout en période de pandémie et de confinement. Sous des airs de conscience écologiste, l’application reste cependant assez binaire (femme/homme), commerciale et urbaine, alors qu’elle pourrait gagner à être plus représentative en matière de diversité et d’inclusion des profils proposés. Et si le vrai défi était plutôt la décroissance?»

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5 – Intégrer l’option compensation carbone à sa vente

La start-up norvégienne Chooose porte bien son nom: grâce aux outils digitaux qu’elle développe, les clients d’une entreprise peuvent choisir de compenser l’empreinte carbone du produit ou du service acheté, que la transaction ait été faite en magasin ou en ligne. Fondée en 2017, Chooose a séduit des entreprises de toute taille, actives dans l’industrie aérienne et le voyage au sens large. Le dispositif est disponible en une quarantaine de langues et accepte des dizaines de monnaies différentes.

Nathalie Nyffeler: «De nombreuses plateformes de ce type émergent. On peut se demander si ces actions sont suffisantes par rapport aux enjeux climatiques, et surtout si elles ne constituent pas une façon de se dédouaner. Il faudrait plutôt induire des changements de comportement, mais appeler à consommer moins, donc à générer moins de chiffre d’affaires, est certainement peu attractif pour un investisseur.»

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6 – Livraison de courses en express

Fondée en 2020, la licorne berlinoise Gorillas s’est fixé pour objectif de proposer des livraisons de produits d’épicerie à domicile en 10 minutes. Leur application permet de choisir parmi une large sélection, notamment de fruits frais, produits végétariens et boissons. Elle assure une livraison en un temps record grâce à des micro-entrepôts implantés dans les centres-villes et des livraisons en vélo électrique. Gorillas s’est déjà exportée à Copenhague, Paris ou Londres et a dernièrement levé un milliard de dollars.

Cyril Déléaval: «La livraison à domicile est totalement dans l’ère du temps, renforcée par les confinements. En Suisse, le défi sera d’arriver à être rentable sachant que la main d’œuvre et la logistique constituent des coûts importants. De plus, je ne suis pas sûr que les Suisses aient un réel intérêt à avoir un temps de livraison aussi court.»

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7 – Colorer les vêtements à l’infini

Fondée en 2020, Vividye permet d’appliquer, sur des textiles, des couleurs et des motifs qui peuvent ensuite être retirés et réappliqués, sans endommager les matériaux. Cette technologie a été mise au point par deux chimistes de l’École polytechnique Chalmers, en Suède. En luttant contre la «fast-fashion», elle permet de réduire la consommation d’eau et le rejet de produits chimiques dans l’environnement. A partir d’un même t-shirt blanc, plusieurs tenues peuvent être créées, durant plusieurs années.

Olivia Lamarche-Brunisholz: «C’est une bonne idée qui va dans le sens de la «slow-fashion». Cependant, Vividye est apparemment le résultat de quatre ans de recherches, ce qui leur donne une bonne longueur d’avance. Je pense qu’il y a encore de la place pour de nouveaux business dans le domaine de la collecte, de la vente et de la transformation de vêtements de seconde main car, pour l’instant, il y a plutôt de petites initiatives qu’un grand acteur principal en Suisse.»

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8 – Regrouper ses dettes en une seule plateforme plus avantageuse

La startup Aiyfin, basée à Stockholm, permet aux consommateurs de refinancer leurs mensualités, cartes de crédit et prêts personnels existants en quelques secondes. Pour les clients retenus, l’entreprise s’occupe de régler directement avec le ou les prêteurs d’origine. Le client transfère alors toutes ses dettes à la start-up. Celle-ci vient de lever 52 millions de francs pour poursuivre son extension.

Gilles Ruffieux: «Je trouve que tant la proposition de valeur que l’exécution sont très bien faites, avec cette idée de centraliser l’ensemble des crédits en y appliquant un taux unique de 5,9%. Car l’on sait que l’un des principaux dangers en cas de surendettement concerne l’éclatement des crédits. Je n’ai pas trouvé d’acteur suisse avec une approche similaire, même si le refinancement existe bien sûr. Je me demande cependant si cette idée de prise en charge facilitée est réellement une aide aux personnes en difficulté, ou un simple moyen de se différencier sur le marché fintech. Il s’agit aussi de creuser le fonctionnement de ce modèle à plus long terme.»

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9 – Un Netflix de la vente B2B

Faciliter l’expérience d’achat pour des clients professionnels (B2B), tel est l’objectif de la start-up allemande Emlen. Leur logiciel offre ainsi la possibilité aux départements de vente et de marketing de créer des expériences d’achat personnalisées et intelligentes qui ressemblent à celles du grand public (B2C), et ce sans compétences préalables de code ou d’informatique.

Gilles Ruffieux: «La proposition est intéressante dans le sens où il est parfois compliqué de décrocher des rendez-vous pour proposer certains produits ou technologies B2B. Cela dit, lorsque l’on vend des produits moins standards, on va en principe chercher à adapter son discours à chaque client, ce qui s’oppose à l’idée de cette plateforme. S’y ajoute un prix d’entrée relativement élevé (49 euros par mois) et un manque de données concernant son utilité. Je perçois cependant un vrai potentiel pour ce type de solution sur le marché des levées de fonds, qui présente une bonne croissance. Pouvoir sélectionner une dizaine d’investisseurs en les amenant rapidement sur le pitch et les documents du projet me semble un développement intéressant, que ce soit pour des start-ups ou des associations.»

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10 – L’abonnement podcast

Fondée en 2019, la start-up danoise Podimo propose un service d’abonnement pour les histoires audio et les podcasts. Pour 5 euros par mois, elle met à disposition des utilisateurs ses podcasts habituels et lui propose des contenus exclusifs adaptés à ses préférences.

Andreane Jordan Meier: «Je pense que l’avenir de l’industrie des podcast est prometteur. On voit déjà que d’importants médias investissent massivement dans ce domaine, et proposent également des rubriques qui recensent les meilleurs podcast. Une personne souhaitant entreprendre une démarche de ce type disposera d’autant plus de chances de succès si elle pourra offrir des contenus de qualité sélectionnés soigneusement. Dans ce marché l’offre est déjà énorme, il s’agit donc de se différencier pour aider les consommateurs à trouver rapidement ce qui convient le plus à leurs intérêts.»

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11 – Réduire son impact carbone grâce à un logiciel

En Allemagne, Planetly a développé un logiciel qui permet à une entreprise d’analyser, de réduire et/ou de compenser son empreinte carbone. Le logiciel analyse les données réelles de la société et montre où l’impact carbone pourrait être réduit de la manière la plus pragmatique. Elle compte aujourd’hui plus de 150 clients et une centaine d’employés, après deux ans d’existence.

Nathalie Nyffeler: «Il serait intéressant de mieux comprendre si ces analysent amènent à une réduction carbone significative, et quelle est la fiabilité de ces calculs. La compensation est peut-être un premier pas, mais il ne faut pas oublier que quand on compense en plantant des arbres par exemple, ceux-ci prennent 20 ans pour capter le CO2.»

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12 – L’assistant virtuel de son animal de compagnie

La start-up portugaise Barkyn développe une offre complète pour les animaux de compagnie. Fondée en 2017, l’entreprise propose aux propriétaires d’animaux un abonnement qui comprend une livraison de nourriture adaptée à l’animal, produite localement avec des aliments frais. Le service comprend également une mise en relation avec un réseau de vétérinaires. Barkyn est l’une des huit start-ups sélectionnées par le programme de croissance de Google.

Cyril Déléaval: «Comme le dit l’adage, “quand on aime on ne compte pas”, et les animaux font aujourd’hui partie intégrante des familles. L’idée de mutualiser les services pour son animal de compagnie me semble bonne, surtout que les Suisses ont les capacités financière d’allouer un montant important à leur animal. En outre, le principe d’abonnement permet à l’entreprise d’avoir une bonne prévisibilité de ses revenus.»

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13 – Recruter et embaucher à distance

Aider les entreprises à trouver les meilleurs talents dans le monde entier, en parfaite conformité avec les lois locales. Voilà la mission de Remote, fondée en 2019 au Portugal. Sa plateforme facilite la gestion des salaires, des taxes, des avantages sociaux et de la conformité à l’échelle internationale pour des entreprises de toutes tailles. Un marché en plein essor en raison du développement du travail à distance dans le monde entier.

Laetitia Kulak: «Je trouve intéressante l’idée de simplifier les processus administratifs en y intégrant une forme de transparence et de flexibilité au niveau international. C’est une proposition particulièrement adaptée aux multinationales, qui permet aux RH de se recentrer sur l’humain et sur des tâches à fortes valeurs ajoutées. Reste à voir comment une telle plateforme peut être intégrée en Suisse, avec sa multitude d’administrations cantonales distinctes.»

14 – Des magasins sans caisses

La start-up portugaise Sensei vend aux entreprises du commerce de détail une technologie basée sur l’IA leur permettant de se passer de vendeurs, d’appareils de scannage et même de caisses automatiques. Plusieurs caméras et capteurs sont placés dans le magasin pour détecter et analyser les mouvements des consommateurs, et ainsi mettre à jour leur panier virtuel. De leur côté, les collaborateurs reçoivent des informations pour réassortir les rayons. Sensei a récemment réalisé une levée de fonds de 5,4 millions de dollars. D’autres sociétés dans le monde comme le géant Amazon ou l’Israélienne Trigo développent des solutions similaires.

Olivia Lamarche-Brunisholz: «Plusieurs projets de caisses autonomes sont à l’étude en Suisse, mais on peut se demander si les consommateurs helvétiques sont prêts. L’utilisation de caméras pour la reconnaissance faciale est par exemple très débattue actuellement. Peut-être que de telles solutions arrivent un peu tôt. Il y aurait, en revanche, une place à prendre sur des systèmes plus simples mais tout aussi efficaces à destination de commerces indépendants ou d’espaces de vente directe. Il faudrait leur offrir une solution clé-en-main pour commercialiser leurs produits, même si le vendeur n’est pas présent sur place.»

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15 – Des appels sécurisés pour contacter ses clients

Créée en 2016, la société américaine Hiya a développé une solution contre les appels indésirables. Avec cette technologie, les opérateurs peuvent sécuriser leurs réseaux et protéger les consommateurs de la fraude ou du spam. Le modèle à destination des entreprises se révèle intéressant. Hiya permet, en effet, à une société d’afficher son nom, son logo et la raison de l’appel à l’écran pour augmenter le taux de réponse de ses clients. Elle empêche aussi l’usurpation du numéro de téléphone de l’entreprise par des imposteurs, et lui livre des analyses sur sa réputation ainsi que sur ses performances commerciales.

Nicolas Loeillot: «Les solutions permettant de s’équiper contre les appels indésirables et les faux appels ont de l’avenir dans la plupart des pays occidentaux. Cela est d’autant plus vrai dans un pays riche comme la Suisse, où les sociétés sont la cible de nombreux fraudeurs.»

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16 – Des robots pour les entrepôts de distribution

Fondée en Chine en 2015, Geek+ fabrique des robots de gestion d’entrepôt similaires à ceux de Kiva d’Amazon ou de la start-up française Scallog. L’entreprise se targue d’avoir déployé plus de 20’000 robots dans le monde entier, au service de 300 clients et de projets dans plus de 20 pays. Elle travaille en étroite collaboration avec des géants de la distribution tels qu’Alibaba et Suning, ou de la logistique comme DHL, afin de remplacer les préparateurs de commandes dans les entrepôts. La société de Pékin, qui compte désormais plus de 1500 employés, profite de l’accélération du e-commerce du fait de la pandémie et de l’augmentation des besoins en automatisation.

Nicolas Loeillot: «En Suisse, où la place est limitée, il n’existe pas d’immenses entrepôts comme en Chine. Cependant, l’automatisation constitue une problématique industrielle pertinente dans le pays et ce type de produits y a une vraie utilité. Les PME comme les grands groupes ont besoin de technologies pour optimiser l’espace dans les usines et qui suivent les principes de l’industrie 4.0. Dans le cadre de notre programme Tech4Growth à l’EPFL Innovation Park, nous réfléchissons à de telles solutions.»

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17 – Des publicités incrustées dans les vidéos

Grâce à des levées de fonds atteignant 165,5 millions de dollars, Video ++ a conçu un service de streaming et des outils publicitaires utilisés par les principales plateformes vidéo chinoises. La société de Shanghai, créée en 2014, exploite l’intelligence artificielle pour intégrer des publicités en phase de post-production. Son produit, FaceAI, est capable de comprendre le contenu de la vidéo et d’incruster automatiquement une publicité, dans une position appropriée, et en temps réel. Par exemple, s’il identifie une table dans une vidéo, il peut y placer une bouteille d’alcool de marque.

Nicolas Loeillot: «La reconnaissance d’image est mon domaine de prédilection, puisque que j’ai moi-même fondé et vendu une start-up au Japon capable d’identifier des objets et des contextes. Dans le cas de Video++, la possibilité non seulement de reconnaître la forme, mais surtout d’incruster directement une publicité au bon endroit est très intéressante. Le potentiel commercial en Suisse est limité, mais ce serait fantastique de pouvoir vendre une solution similaire à d’autres pays produisant davantage de contenu vidéo. D’autant que les compétences existent en Suisse avec des start-up comme Largo Films à l’EPFL qui arrive à décrypter un film grâce à l’IA (rythme, distribution, mise en scène), à faire des recommandations et à prédire le nombre d’entrées.»

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18 – Paiement à l’heure immédiat

L’application mobile Payflow permet aux employés de percevoir instantanément leur salaire. Elle se destine plus particulièrement aux collaborateurs payés à l’heure. La start-up espagnole souligne que l’accès facilité au salaire entraîne un roulement de personnel plus faible, une meilleure productivité ainsi qu’une satisfaction globale plus élevée à l’égard de la rémunération.

Laetitia Kulak: «Il s’agit d’une bonne initiative pour le personnel qui évolue dans le domaine du travail temporaire. Le fait de pouvoir effectuer une demande d’avance sur salaire de manière souple et anonyme est un autre aspect intéressant de l’application. Cette proposition peut d’ailleurs aussi s’adapter dans d’autres types de structures comme pour les personnes sur appels ou en freelance. Je trouverais intéressant de l’expérimenter sur des projets pilotes.»

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19 – «Tchat» automatique pour entreprise

Créer des «tchats» intelligents multilingues et omnicanaux en s’appuyant sur l’intelligence artificielle. C’est la proposition développée par l’entreprise Yellow.ai, basée en Inde. Les sites internet et réseaux sociaux des entreprises peuvent ainsi exploiter facilement un tchat qui répondra automatiquement et dans toutes les langues aux questions des clients.

Gilles Ruffieux: «Disposer d’un chatbot automatisé est une offre intéressant pour des organisations qui disposent de produits très standardisés. Cela dit, cette optique m’interroge: ne risque-t-on pas d’éloigner les clients de la société? S’y ajoute la problématique culturelle: on sait que les attentes des clients sont différentes selon leur culture ou leur langue. Un tel outil peut-il être performant sur plusieurs langues s’il est a été entraîné principalement avec de l’anglais?»

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20 – Pokémon version cryptomonnaie

Sur Axie Infinity, on élève, collectionne et prépare au combat de petits monstres joufflus et colorés. Le principe ressemble à celui des Pokémon, sauf que dans ce jeu vietnamien lancé en 2019, les monstres, appelés Axies, se monnayent. Chaque Axie est un NFT. Pour commencer à affronter d’autres joueurs il faut posséder au moins trois monstres, au prix minimum de 800 dollars (le prix varie entre 200 dollars et 130’000 dollars pour le plus cher jamais vendu). Les transactions se font via la cryptomonnaie du jeu: le Axie Infinity Shards (AXS). Ces jetons peuvent être ensuite convertis en dollars et autres monnaies «réelles». En 2021, le jeu compte 500’000 utilisateurs dont 60% seraient basés aux Philippines.

Isabel Casado Harrington: «Les cryptomonnaies sont de manière générale en plein essor. Le modèle de jeu en ligne du play-to-earn, soit de générer des revenus en jouant, a connu une croissance mondiale fulgurante cette année, et va croître encore. Ces modèles peuvent permettre de gagner rapidement des sommes importantes, ce qui explique leur succès dans les pays en développement. Les jeux liés à la cryptomonnaie en ligne se prêtent particulièrement bien aux jeunes générations puisque les bénéfices se font de manière ludique, anonyme, sécurisée et sans intermédiaire. Toutes les entreprises de jeux-vidéo vont s’inscrire dans ce trend

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21 – Du réseau partout dans le monde

La startup Airalo propose une carte SIM numérique prépayée qui fonctionne sans surcoûts dans plus de 190 pays, permettant d’éviter les problèmes de réseau lors des voyages à l’étranger. Un abonnement d’une semaine coûte 9 dollars, un prix compétitif en comparaison aux services internationaux proposés par les opérateurs suisses ou aux frais de roaming appliqués dans certains pays.

Andreane Jordan Meier: «En tant que consommatrice, je trouve qu’il s’agit d’une offre assez alléchante. On pourrait la comparer à ce qui été fait par EasyJet dans le secteur de l’aviation: offrir un prix d’entrée relativement bas pour “capter” les consommateurs dans la durée. Les personnes qui souhaitent se lancer dans une entreprise similaire devront faire face aux opérateurs dominants, une démarche ardue, mais qui aura le mérite de soutenir la concurrence dans un secteur où celle-ci n’est pas suffisamment développée.»

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22 – Méditer avec Eva Green

Gérer son stress, mieux dormir: basée à San Francisco, Calm a été élue meilleure app de méditation par Apple et Google ces deux dernières années. En 2019, Calm fut aussi la première application de méditation à rejoindre le club très fermé des licornes. A l’instar d’Eva Green ou de Matthew McConaughey, des célébrités ont prêté leurs voix pour les narrations. Les abonnés payants ont accès à 120 contes, mais aussi à des cours réalisés par des experts. Certaines entreprises l’offrent désormais à leurs collaborateurs.

Frédéric Baetscher: «Il y a eu ces dernières années un réel essor des applications relaxantes, de méditation ou d’hypnose. Le marché cible est assez précis, visant plutôt les 30-50 ans. La plupart des applications actuelles sont anglophones, cela pourrait donc être intéressant d’avoir des versions localisées. La difficulté sera de trouver des voix connues, et ce dans les trois langues nationales.»

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23 – Quand les restaurants externalisent la cuisine

Kitopi est un réseau de cuisine ultramoderne qui prépare et livre des aliments à d’autres points de vente au détail, principalement à Dubaï. L’entreprise des Émirats Arabes Unis a développé un réseau de cuisines dites «fantômes» ou cloud kitchens, autrement dit des installations produisant des plats cuisinés mais seulement dans un but de livraison. Un restaurant peut ainsi leur passer des commandes et les faire livrer rapidement. Les établissements clients peuvent alors se concentrer sur le marketing, le budget et l’innovation produit. Kitopi vient de clôturer une levée de fond de 415 millions de dollars, notamment de l’investisseur SoftBank.

Frédéric Baetscher: «Cette idée a un vrai potentiel dans les grandes villes de Suisse. Là où les loyers sont élevés, externaliser la cuisine peut permettre d’optimiser l’espace et donc d’accueillir davantage de clients, augmentant ainsi les potentiels revenus. En revanche, pour les zones rurales, la place est souvent disponible et les clients se rendent au restaurant pour le lieu et pour découvrir de nouveaux plats. La tendance de la vente à emporter et celle des livraisons à domicile renforcent également l’intérêt de cette entreprise, puisqu’il n’est alors plus forcément essentiel d’avoir une salle de service.»

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24 – Troc de vêtements entre voisins

Nuw réhabilite le troc en version vêtements et «gamification». L’entreprise irlandaise a conçu une application gratuite où les utilisateurs peuvent échanger des habits ou en emprunter à leur communauté. Les utilisateurs publient une photo de leur vêtement contre laquelle ils reçoivent un jeton. Ces jetons peuvent être utilisés pour demander l’article d’un autre utilisateur. Chaque échange coûte environ un euro, payé par la personne qui reçoit l’article. Disponible en Irlande et au Royaume-Uni, l’application lancée en 2018 compte actuellement plus de 14’000 utilisateurs.

Frédéric Baetscher: «Cette entreprise propose une alternative intéressante à la très contestée “fast fashion”. Il y a, de la part des consommateurs, une réelle prise de conscience en faveur d’une mode écoresponsable, qui valorise le seconde-main. L’enjeu majeur dans ce type de business est le “sourcing”, c’est-à-dire la nécessité d’avoir suffisamment d’articles variés pour rendre l’application attractive et ainsi créer une communauté impliquée. Les réseaux sociaux y jouent évidement un rôle central. En Suisse, au vu de la taille du marché, ce concept devrait se déployer sur tout le territoire afin d’atteindre un volume de transactions suffisant pour être viable.»

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25 – Les boissons sont désormais relaxantes

Après le succès des boissons énergétiques comme Red Bull, la mode est désormais aux breuvages relaxants, ou «anti-énergétiques». C’est sur ce marché qu’est notamment active la PME québécoise Slow Cow Drink, qui veut «aider les gens à ralentir», grâce à sa boisson exportée dans une dizaine de pays. Vendue en canette, la boisson est composée de plantes calmante comme la camomille ou la valériane.

Frédéric Baetscher: «Les boissons dites de détox ont déjà la côte. Les breuvages relaxants pourraient donc eux aussi adoptés rapidement. Concernant le marché des boissons énergisantes, il se maintiendra certainement en parallèle. Je conseillerais néanmoins de privilégier des ingrédients suisses et locaux pour leur élaboration. Plantes, fruits et autres cultures locales permettront de favoriser la consommation en circuit court et régionale.»

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Experts

Isabel Casado Harrington, responsable de l’incubateur technologique Tech Launchpad à l’EPFL, programme d’incubation des start-up technologiques

Cyril Déléaval, coach en développement d’entreprise chez Genilem (GE)

Andreane Jordan Meier, cheffe du Service de la promotion de l’économie et de l’innovation (SPEI-VD)

Frédéric Baetscher, directeur de Creapole à Delémont, entrepreneur et coach au sein de la plateforme d‘innovation platinn

Olivia Lamarche-Brunisholz, responsable de programme au sein de l’association FriUp

Nicolas Loeillot, co-fondateur de Tech4Eva et de Tech4Growth (l’incubateur et le programme de l’EPFL Innovation Park), et expert Innosuisse (agence fédérale pour l’encouragement de l’innovation).

Laetitia Kulak, fondatrice de Global HR Talents et présidente du Prix RH Numérique Suisse

Gilles Ruffieux, fondateur des sociétés Qibud et Agilbility, spécialisées dans la transformation des entreprises et l’engagement des équipes

Nathalie Nyffeler, responsable de la cellule Innovation et Entrepreneuriat de la Haute École d’Ingénierie et de Gestion du Canton de Vaud (HEIG-VD)

Julien Abegglen Verazzi, Senior Community Catalyst à Impact Hub Genève

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