KAPITAL

«Le mouvement ‘slow-flower’ m’est favorable»

Entrepreneuse créative et lumineuse, Nathalie Vuagniaux redonne a créé «La Petite Fleureuse». Cette fleuriste consciente prône un retour au local, et refuse le gaspillage.

Une version de cet article réalisé par Large Network est parue dans PME Magazine.

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«Enfant, je vivais déjà à Vucherens (VD), dans une vieille ferme rénovée en pleine nature près des racines agricoles de mes grands-parents. Je m’en suis totalement imprégnée. Je cueillais des fleurs des champs pour ma mère ou pour me faire des colliers. Je parlais même aux arbres… Cette belle connexion ne s’est jamais estompée. Quand il a fallu choisir un apprentissage, j’ai naturellement opté pour fleuriste.

Je pratique cette activité qui répond à mon amour de la nature et à mon côté créatif depuis bientôt 20 ans. J’ai travaillé les 15 premières années dans le même magasin qui mettait en avant les fleurs suisses plutôt que celles importées de parfois très loin. Mais même là, on finissait par jeter 20% des fleurs fraîches achetées. Plus le temps passait, plus je peinais à accepter ce gaspillage. J’ai alors commencé à faire sécher ces fleurs pour étoffer des compositions personnelles. Puis un jour, je suis allée voir le documentaire «Home» au cinéma. Quelle claque! Je suis sortie de la salle de cinéma en pleurant. J’étais en colère, en total désaccord avec ce monde de surconsommation qui détruit notre environnement. Le besoin viscéral de vivre plus en harmonie avec mes valeurs m’appelait, tout comme celui de donner un bon exemple à mes deux filles Margaux et Lila, de 10 et 8 ans.

Ce changement personnel profond a fini par poser problème au travail, et en 2016 j’ai été licenciée. Ce fut une chance car ma personnalité ne me portait guère à quitter cette sécurité, fut-elle étouffante. Rapidement, j’ai lancé mon atelier en indépendant avec 30’000 francs d’investissements tirés de mon deuxième pilier et d’un prêt de ma famille. Je l’ai nommé «La Petite Fleureuse», contraction de «fleur» et de «heureuse». Je travaillais sur le domaine de mon mari, qui, porté lui aussi sur un chemin de prise de conscience, commençait à se reconvertir de camionneur à paysan. J’ai fait beaucoup de marchés pour me faire connaître et là, mes compositions en fleurs fraiches du jardin et en fleurs séchées ont séduit.

On m’a mandaté sur des mariages, des fêtes, des enterrements, des workshops. Je me suis même mise à louer mes bouquets. L’air du temps m’est également favorable puisque je m’inscris dans le mouvement “slow flower”, -qui consiste à utiliser des fleurs locales et de saison dans un souci d’écologie-, prend de l’ampleur en Suisse. Même le secteur de niche de la fleur séchée est en plein essor. Ces deux dernières années, la fleur séchée est devenue un objet déco recherché. Elles plaisent beaucoup aux jeunes “consom’acteurs”, sensibles autant à la beauté qu’à l’éthique. En mars 2021, j’ai aussi ouvert un atelier-boutique à Mézières dans le canton de Vaud. Je n’ai pas fait de publicité mais les clients sont présents. Au fil des ans, j’ai créé ma clientèle sans avoir de business plan clairement élaboré mais en suivant mon intuition. A 36 ans, je me sens à ma place: je touche des gens avec qui je partage la même éthique, ce qui est important pour moi, surtout en ces temps incertains.»

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30’000 francs

La somme que Nathalie Vuagniaux a investie pour se lancer comme indépendante en 2016.  «Elle se composait de mon deuxième pilier mais surtout d’un prêt que m’a fait ma grand-maman maternelle. Cela m’a permis d’acheter un véhicule professionnel et du matériel de base.»

2’600 followers

Le nombre de personnes qui suivent Nathalie Vuagniaux sur son compte Instagram «La Petite Fleureuse». Un fait d’arme pour quelqu’un qui n’a jamais eu recours aux posts sponsorisés pour améliorer sa visibilité.

+100%

L’augmentation du chiffre d’affaire mensuel en seulement quatre mois d’activité à Mézières (VD) enregistré par l’atelier-boutique «La Petite Fleureuse».