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Une mutation inéluctable

À la tête d’une organisation qui regroupe 360 commerces locaux, Tomé Varela a lancé avec succès le concept «Enjoy Lausanne». Il perçoit la ville comme un immense centre commercial à ciel ouvert.

À 30 ans, Tomé Varela officie déjà comme secrétaire général de la Société coopérative des commerçants lausannois (SCCL) qui s’engage pour la défense et la promotion de ses membres. À la tête de cette organisation regroupant 360 entreprises, le titulaire d’un Master HEC innove pour permettre à la branche d’affronter au mieux les conséquences de la crise du Covid-19. Rencontre.

Quel impact la pandémie a-telle eu sur les commerçants?

Tomé Varela: Cela a été un choc pour le commerce de détail, mais aussi un accélérateur du processus de digitalisation déjà en cours auparavant, car les gens se sont mis à consommer encore davantage en ligne. La plupart ne reviendront pas totalement à leurs anciennes habitudes d’autant que le modèle traditionnel était déjà dépassé, notamment en termes d’horaires d’ouverture. Il a donc fallu s’adapter. Disposer d’une vitrine digitale en plus de la vitrine physique est devenu indispensable. La Bouche qui Rit est emblématique de ce «phygital». Cette boucherie est équipée de caméras permettant à ses clients de visualiser en temps réel l’assortiment en ligne et de passer commande. Mais ils peuvent aussi y déguster le morceau de leur choix, cuit sur place.

Tous les commerces n’en sont pas là…

Lors du premier semi-confinement, 35% de nos membres disposaient d’un site de vente en ligne contre 60% aujourd’hui. La SCCL leur a proposé une aide pour s’y mettre, car cette digitalisation est la pierre angulaire de la sortie de crise. Certains commerçants peinent à assurer cette transition parce qu’ils ne sont pas équipés en matériel, en connaissances ou manquent de temps. Ces investissements paieront dans les trois à cinq ans. Malheureusement, beaucoup de ceux qui ne pourront s’adapter fermeront boutique lorsque l’économie ne sera plus sous perfusion.

«L’heure n’est pas à la compétition, mais à la coopération», dites-vous. Pourquoi?

Il faut voir Lausanne comme un grand centre commercial à ciel ouvert dans lequel les atouts des autres commerces contribuent à mettre en évidence les siens. Dans cette optique, lutter contre le commerçant voisin n’a plus de sens. Il faut au contraire coopérer face aux ogres de la vente sur Internet et au tourisme d’achat. Nous devons travailler ensemble à faire venir les clients en ville. C’est ce qu’encourage notre concept «Enjoy Lausanne», inédit en Suisse romande lors de son lancement fin 2019. Il regroupe des centaines de commerces sur un même portail internet, (www.enjoylausanne.ch), mais propose surtout des bons dont le succès dépasse nos espérances. Nous en avons écoulé pour 1,2 million de francs en 2020, soit cinq fois plus qu’espéré ! Le principe est simple: le client paie 90% de la valeur du bon dont l’entier, moins une commission, sera reversé aux commerçants. Le 10% de différence étant offert par la SCCL. Les bons s’apparentent à une monnaie locale encourageant une économie circulaire vertueuse.

Quelle est la situation aujourd’hui?

Lors de la réouverture de l’été 2020, il y a eu une ruée empreinte de solidarité vers les commerces locaux. Malgré cela, au final, beaucoup ont enregistré des pertes de 15% et plus sur l’année 2020. Le deuxième semi-confinement a douché au pire moment les espoirs de relance, à tel point que plus d’un commerçant lausannois sur deux envisageait la faillite. Pourtant, aucun chiffre ne démontrait que les commerces seraient des lieux de propagation privilégiés. La mue digitale est inéluctable, mais la fin sera heureuse à la manière d’un accouchement qui se passe dans la douleur…

Quel rapport entretenez-vous avec Lausanne?

Je suis né à la clinique Cecil, mais je ne suis revenu à Lausanne que vers 19 ans pour étudier à la HEC. Entre-temps, j’ai vécu en Allemagne, en Côte d’Ivoire, en Espagne puis en Suisse à Fribourg. Notre famille suivait mon père physicien au gré de ses postes. Je ressens souvent avec émotion que je suis vraiment à ma place à Lausanne, notamment lorsque j’admire le Léman. C’est ici que j’ai envie de vivre et de m’impliquer pour la communauté. J’aime l’ambiance village de cette ville à taille humaine où l’offre culturelle, sportive et sociale par habitant est parmi les plus riches d’Europe et qui reste un pôle d’innovation mondialement reconnu!

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Une version de cet article réalisé par Large Network est parue dans The Lausanner (no7).