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«Ambiance» et les autres mots de janvier

Le langage révèle l’époque. Notre chroniqueuse s’interroge ce mois-ci sur l’usage des termes «ambiance», «nécrologie» et «chewing-gum».

Ambiance

Bougies parfumées, musique, éclairage et déco n’y changent rien, l’ambiance est lourde, désagréable, hostile, bizarre, anxiogène. «Même moi je suis plombé par l‘ambiance», reconnaît Michel Cymes, le médecin humoriste français, présentateur de l’émission «Les pouvoirs extraordinaires du corps humain». La légèreté ne passe plus à l’antenne.

Pour la première fois peut être dans l’Histoire, les humains partagent une ambiance commune. Mais qu’est-ce qu’une ambiance? Comme le temps, l’ambiance est une notion rebelle à toute définition précise. Le philosophe Bruce Bégout vient de consacrer un essai, «Le concept d’ambiance» (Seuil), à ce mot banal que nous utilisons tous les jours. Pour lui, l’ambiance est un mode de présence affective au monde, ni hors de nous, ni en nous.

«Invisible, aérienne et parfois contagieuse: l’ambiance a le même mode de diffusion que le virus», relève-t-il. Pour lui, le Covid-19 n’a pas cassé une ambiance mais en a introduit une nouvelle, «mondiale, pesante, bizarre et inquiétante», alors même que le monde d’avant, rappelle-t-il, «n’était pas totalement réjouissant».

Chewing-Gum

Plus nécessaire de rafraîchir son haleine: le port du masque y remédie. La mastication de chewing-gum fait partie des activités difficilement «Covid-compatibles». Et la vente de chiclés chute. Une baisse de 40 à 50 % aux Etats-Unis, confirmée en Suisse, mais pas encore chiffrée.

La bulle sanitaire fait éclater les bulles de gomme. Mais juste le temps que les fabricants transforment ces symboles de la «coolitude» d’hier en médicaments de demain. Stimorol s’est par exemple allié à Novartis dans la recherche de nouvelles applications pharmaceutiques: chewing-gum contre les migraines, la douleur ou les allergies.

Nécrologie

Que révèle un regard attentif jeté depuis le début de la pandémie sur la rubrique nécrologique d’un quotidien régional? Un nombre de décès en augmentation très sensible, avec la page unique, qui avant suffisait, multipliée par deux ou trois au cours de la deuxième vague. Les avis mortuaires concernent essentiellement des personnes âgées qui, à en croire les libellés, sont «parties dans la sérénité» ou «paisiblement, entourées de leur famille». La tonalité habituelle a peu varié. Enjoliver la mort pour la rendre plus acceptable?

A de rares occasions, figure une référence à l’origine des décès: «emporté par le Covid», «durement touché par le Covid», «victime du Covid». Un faire-part n’est pas passé inaperçu car très explicite quant aux conditions de départ d’une dame âgée: «Elle est partie toute seule à la suite d’une longue agonie, terrassée par le Covid». Enfin, découvert sur l’avis de décès d’un sociologue, en lieu et place d’une citation, un laconique «Maudit virus!».