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Vive la glisse dans la vallée

Le ski à Noël en Suisse suscite une forte réprobation à l’étranger. Malin, le Conseil fédéral laisse courageusement la décision aux cantons.

C’est entendu, la «Polizeistunde» est fixée à 19h, sur un coup de sang  et de menton du Conseil fédéral. Voilà une mesure dont Calvin, ou n’importe quel autre enragé prescripteur moral, ou sourcilleux dictateur militaire adepte du couvre-feu, n’aurait osé rêver.

N’empêche, cette fermeture des établissements publics en tout début de soirée -du moins pour les cantons qui ont rouvert les leurs- est largement compensée par une audace insensée, qui nous vaut une belle et jalouse réprobation générale: on skiera à Noël sur nos monts indépendants, quand nos grands mais pétochards voisins allemands, français et italiens bannissent toute glisse dans la vallée.

À noter que le Conseil fédéral a très prudemment laissé aux cantons concernés la décision de faire fonctionner ou non les remonte-pentes. Ceci ressemble à une pusillanime fuite de responsabilités, à un double lavage de mains: que le désastre annoncé soit sanitaire ou économique, dans les deux cas, ce sera la faute des provinces alpines. Alain-le-malin a encore frappé. Surtout qu’il est plus facile de s’en prendre à des petits restaurants qu’à de grosses stations.

On peut supposer, dans ce contexte, que le tollé international sera passé par pertes et profits. «Deuxième Suède», «Insouciance hautement contagieuse», la presse étrangère, en tout cas, ne retient pas sa colère pour qualifier l’opération pistes ouvertes dans les Alpes suisses. Fustigées également, sont les invites appuyées et les promotions même pas déguisées, et le fait aussi -révélé par des envoyés spéciaux et enquêteurs hors pair- qu’on entre au pays de la poudreuse comme dans un moulin, les douaniers jetant à peine un regard sur les skieurs venus d’ailleurs, même de zones dite rouges.

Bref, le vieux cliché d’une Suisse profiteuse des malheurs du monde est parti pour prendre un sérieux coup de jeune. Avec à l’appui, des photos de skieurs agglutinés au départ des remontées mécaniques de Verbier.

La première vague, il est vrai, avait plus ou moins démontré que les stations de ski pouvaient être de hauts lieux d’infection. Les raisons peuvent sembler assez nombreuses, incriminant moins le ski lui-même que le chemin pour y parvenir, comme l’a souligné l’OMS: «Les vrais problèmes se poseront dans les aéroports, dans les bus qui transportent les gens dans les stations de ski, dans les remontées mécaniques et dans les lieux de rassemblement des skieurs.»

Sans parler, comme l’a rappelé le virologue de l’EPFL Didier Trono, du fait avéré que souvent ces satanés skieurs «sont essoufflés et qu’ils toussent en raison du froid et de l’effort». Bref toutes circonstances «favorables à la transmission du virus», ou quand dévaler les pentes fait grimper la pandémie.

Pas étonnant donc, s’il faut gratter les fonds de tiroirs néo-libéraux pour trouver des défenseurs de la vaillante Confédération. Tel l’économiste Olivier Babeau, directeur de l’institut Sapiens, qui s’insurge dans «Le Figaro», des tentatives des pouvoirs publics français d’empêcher leurs ressortissants d’aller skier en Suisse. «Ce n’est plus une guerre contre le virus, mais contre la liberté», dit-il. Bon, la vérité oblige à dire que cet homme-là, est aussi l’auteur d’un essai intitulé «Eloge de l’hypocrisie».