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«Misandrie» et les autres mots de novembre

Le langage révèle l’époque. Notre chroniqueuse s’interroge ce mois-ci sur l’usage des termes «misandrie», «cas contacts» et «nez».

Misandrie

On reproche souvent aux féministes leur misandrie, soit leur détestation des hommes. Longtemps elles s’en sont défendues, alors qu’aujourd’hui, certaines d’entre elles revendiquent, et même prônent, la haine des mâles.

Ainsi Pauline Harmange, une bloggeuse française de 25 ans, auteure d’un pamphlet intitulé «Moi les hommes, je les déteste» (éditions du Seuil). La menace d’interdiction qui a pesé sur cette publication pour «provocation à la haine à raison du sexe», soit un délit pénal, lui assure aujourd’hui une publicité involontaire.

«Les hommes et leur virilisme sont un problème, pour l’ensemble de la société, certes, mais pour les femmes en particulier. Alors elles deviennent misandres», estime la jeune militante pour qui la misandrie est nécessaire, voire salutaire. A ses yeux, c’est «une porte de sortie, un principe de précaution». Une stratégie qui interroge…

A la critique de ne pas valoir mieux que les misogynes, Pauline Harmange répond: «On ne peut pas comparer misandrie et misogynie, tout simplement parce que la première n’existe qu’en réaction à la seconde». Une échappatoire peu convaincante. Quant à l’adage qui guide sa vie et qu’elle suggère à chaque femme, «Aie la confiance d’un homme médiocre!», il ressemble fort à une boussole qui a perdu le Nord.

Cas contact

Cas contact, on l’a été, on l’est, on le sera peut être prochainement. C’est un mot du lexique de la pandémie qui renvoie à un statut bien précis. Celui d’une personne «ayant eu un contact étroit avec un cas de Covid-19 probable ou confirmé en laboratoire».

Un statut qui renvoie à des mesures contraignantes clairement définies, assumées avec plus ou moins de rigueur. On relève déjà que certains n’hésitent pas à prolonger à leur convenance la durée de leur isolement.

Le cas contact serait en passe de devenir l’alibi parfait pour se soustraire à des obligations pesantes. Et voici cette situation à priori désagréable détournée de son objectif. «Désolée, je ne pourrai venir à la réunion, je suis cas contact!». Une excuse imparable.

Nez

Il y a le laid, le beau, le grand, le droit, le busqué, le tombant, l’aquilin, et tant d’autres… Il ne s’agit pas là de la description des organes génitaux masculins par Pierre Perret mais d’organes censés aujourd’hui être recouverts par un masque: les nez.

On croise en effet de plus en plus de gens qui portent le masque, mais en-dessous des narines.

La tentation est grande d’adresser aux propriétaires de ces nez à l’air, non des vers de Cyrano de Bergerac, mais une injonction à la Tartuffe, revisitée par la pandémie: «Couvrez ce nez que je ne saurais voir! Votre liberté de propager le virus est un dangereux pied de nez aux mesures sanitaires et au lien social. Une transgression coupable.»

A relever que les transgresseurs se font rarement moucher. S’ils devaient l’être, ils répondraient sans doute qu’ils n’ont de compte à rendre à personne.

Est-ce l’effet d’une société constituée d’une addition de «je» et qui, confrontée à un danger commun, ne parvient pas à générer un «nous»?