TECHNOPHILE

La radio réinventée sur le Net

Sur Tom’s radio, chaque internaute peut écouter sa musique favorite. En direct, sans pub, et sans enfreindre la loi. L’avenir de la musique sur le Net?

Si Tom McAlevey s’est installé à Stockholm il y a une dizaine d’années, ce n’est «certainement pas pour la météo», dit-il en riant. Il était allé rejoindre une blonde connaissance… et il a finalement décidé de rester. Il a monté sa propre station de radio, Bandit, devenue l’une des stations privées les plus populaires de la capitale. Après l’avoir vendue au réseau RTL en 1995, il a ouvert un night-club, puis une nouvelle chaîne de radio, qui couvre le nord de la Suède. Mais c’est en dehors des champs hertziens que sa passion s’exerce aujourd’hui.

Tom, 42 ans, a lancé il y a quelques semaines la première station de radio interactive sur l’internet, baptisée simplement Tom’s Radio. Sur le site: www.tomsradio.com, l’internaute peut composer son programme en fonction de ses goûts.

Des thermomètres permettent de doser les styles: un peu de pop, un zeste de soul, une touche de hip hop, etc. L’usager peut aussi composer manuellement sa playlist, en fonction de ses artistes préférés. En flux direct (streaming), le logiciel diffuse ensuite une programmation personnalisée, sans publicité. En fonction de sa connexion, l’usager peut choisir entre trois niveaux de qualité sonore.

Malgré la tourmente des marchés financiers et la soudaine prudence envers les entreprises du net, l’idée de Tom a intéressé les investisseurs internationaux, dont un Suisse qui veut encore rester secret. Le système fonctionne déjà depuis quelques semaines et la notoriété de Tom’s Radio augmente rapidement. Entretien.

Votre succès vous surprend?
Sans faire aucune publicité, nous avons déjà environ 10’000 membres inscrits et plusieurs centaines de connexions simultanées en permanence. Preuve que notre plate-forme répond à un besoin.

L’inscription est gratuite et il n’y a pas de publicité. Comment gagnez-vous de l’argent?
Je calque mon modèle économique sur celui des radios traditionnelles. Dans le courant de l’année, nous allons donc introduire de la publicité audio entre les chansons. Mais nous n’allons pas dépasser six minutes par heure. L’internet permet aux annonceurs de cibler précisément les auditeurs en fonction de leur sexe, leur âge ou leurs goûts musicaux. Ceux qui ne veulent pas de pub pourront cependant choisir de payer un modeste abonnement.

La diffusion est-elle légale?
Nous payons tous les droits de diffusion. Les tarifs sont plus élevés – environ le double – que pour une radio hertzienne, car nous couvrons le monde entier. Nous avons négocié avec toutes les maisons de disques et notre catalogue n’est donc pas limité. Nous proposons actuellement 10’000 chansons, tous genres confondus, ce qui est déjà beaucoup plus que la playlist d’une radio musicale habituelle. Nous en aurons 100’000 d’ici à la fin de l’année. Les majors, qui sont nos amis, regardent ce projet avec un grand intérêt. Nous voulons cependant rester indépendants, pour continuer à offrir un catalogue généraliste.

Comment rivaliser contre les plates-formes d’échanges de MP3 comme Kazaa?
Le MP3 veut remplacer le disque, nous voulons remplacer la radio, ce n’est pas le même marché. Nous offrons une sélection de titres en fonction des goûts de l’usager.

Ecouter la radio sur le net nécessite une connexion rapide que les internautes ont rarement chez eux…
Pour l’instant, nos usagers écoutent principalement Tom’s Radio au bureau, où les connexions sont rapides. C’est déjà un marché important. Quand la bande passante augmentera chez eux, nous serons là.

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Cet article de Largeur.com a été publié le 3 février 2002 dans l’hebdomadaire Dimanche.ch.

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