LATITUDES

L’art de rendre la technologie poétique

Léa Pereyre exerce une profession peu commune: costumière de drones. Une activité qui lui permet de combiner son intérêt pour le design d’objets et la technologie

Habiller les drones dont les ballets artistiques animent les concerts du groupe Metallica ou les spectacles de la dernière tournée en date du Cirque Knie. C’est le travail inédit que Léa Pereyre exerce depuis 2016 au sein de la start-up zurichoise Verity Studios. Une activité qui combine créativité et défis technologiques: les costumes employés pour décorer les drones qui tourbillonnent dans les airs ne peuvent peser que quelques grammes.

La jeune femme est passionnée depuis son enfance par les objets. Un intérêt qu’elle a l’occasion d’explorer lors de ses études en design industriel à l’École cantonale d’art de Lausanne (ECAL). C’est là qu’elle rencontre Claire Pondart, avec qui elle s’associe en 2015 pour fonder le studio Claire + Léa. Le mot d’ordre des deux designers lausannoises: «Associer sensibilité visuelle avec appréhension technique, de manière à modeler la technologie sous forme de poésie.» Exemple avec cette lampe qui s’active lorsque l’on touche son ombre ou ce disque dur que l’on peut accrocher au coin d’un bureau de manière à en dégager l’espace.

Vient ensuite l’opportunité de rejoindre Verity Studios. L’entreprise est pionnière dans les spectacles de drones, proposés sous la forme d’une chorégraphie de lumières volantes se déplaçant de manière autonome. Léa se lance alors dans une approche plus scientifique de la création, nécessaire pour comprendre les possibilités et les limites des engins volants. «Mon rôle consiste à habiller les drones de costumes pour qu’ils s’intègrent au mieux dans la scénographie d’un spectacle.»

Si tout reste à faire en matière de travail artistique avec ces objets, Léa Pereyre y voit aussi la possibilité d’élargir ses connaissances techniques. À force d’explorer les limites des nouvelles technologies, elle prend très au sérieux l’importance de les utiliser à bon escient. La jeune femme, dont le travail de diplôme portait sur les paraplégiques, espère prochainement pouvoir se consacrer à un autre domaine qui lui tient à coeur: «J’aimerais mettre ma créativité au service des minorités.» Sans oublier, toujours, de cultiver sa naïveté d’artiste.

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Une version de cet article réalisé par LargeNetwork est parue dans la Tribune de Genève.