TECHNOPHILE

Swisscom: l’opérateur le plus cher du monde baisse enfin ses tarifs

En réduisant brusquement ses prix de près de 25%, l’ancienne régie suisse démontre à quel point ses services étaient surfacturés. Elle semble enfin avoir compris que la concurrence doit mener à l’anticipation.

Je n’ai jamais pris beaucoup de risques en attribuant à Swisscom le titre de champion du monde de la surfacturation. L’ensemble de ses prestations sont tarifées à des prix exorbitants, et depuis longtemps. Pas besoin de sortir les tabelles de l’Organisation mondiale du commerce: les concurrents de Swisscom dans le secteur de la téléphonie fixe ont démontré dès leur arrivée qu’il était possible d’offrir les mêmes services pour une fraction du prix, tout en assurant le remboursement de leurs investissements.

«Mais nous devons rentabiliser notre infrastructure, assurer la maintenance et le service universel», répète inlassablement l’ancienne régie fédérale. Pourtant, les usagers savent bien que Swisscom bénéficie d’une situation de supériorité par rapport à ses concurrents: ses lignes sont déjà en place, tout comme ses émetteurs et les 4 millions de raccordements chez les particuliers, rentabilisés depuis plus de trente ans à coup de factures mensuelles de 25 francs suisses.

En matière de téléphonie mobile, avec des communications facturées 79 centimes par minute pendant la journée pour l’abonnement le plus courant (Natel Swiss), l’ex-régie a longtemps pratiqué des prix parmi les plus élevés du monde. Mercredi, elle a donné une preuve supplémentaire de son statut monarchique en réduisant brusquement ses tarifs, dans le seul but, dit-elle, de «remercier les nombreux nouveaux clients Natel et les faire participer à son succès».

A partir du mois de juin, la minute en tarif normal du Natel Swiss chutera ainsi de 79 centimes à 59 centimes (une baisse de 25%). Pour l’abonnement international, la minute passera de 63 à 49 centimes (22% de moins). Les prix des autres abonnements (Easy, Business et Private) diminuent également, mais de manière moins spectaculaire.

Cette annonce réjouira évidemment les abonnés au Natel, dont le nombre atteindra bientôt deux millions. Elle démontre surtout que Swisscom prend conscience des réalités. L’opérateur national semble enfin comprendre que la concurrence doit mener à l’anticipation. Jusque ici, il avait préféré jouer les suiveurs en s’agrippant à son statut d’ancien monopole pour justifier sans argument des tarifs exorbitants.

Il n’y a pas si longtemps, France Télécom avait pourtant montré la voie: six mois avant la libéralisation de son marché, en 1998, l’opérateur français avait baissé de 60% les prix des communications internationales. Aujourd’hui, il reste leader dans son domaine, et la concurrence, avec des marges minuscules, peine à s’imposer.

En Suisse, la concurrence sur le marché du téléphone mobile est encore timide: malgré des tarifs plus avantageux et une campagne massive de communication, l’opérateur Diax n’a séduit que 100’000 abonnés en six mois d’activité; ce démarrage poussif s’explique sans doute par la faible couverture de son réseau. Quant à l’entreprise Orange, détentrice de la troisième licence d’exploitation, elle a dû retarder son entrée sur le marché pour des raisons techniques. Elle se lancera cet été, de manière progressive, en commençant par les zones urbaines.

Malgré cette forte baisse de ses tarifs, Swisscom reste plus cher que Diax. Mais compte tenu de son excellente couverture du territoire, l’ex-monopole conserve une longueur d’avance. Le rapport qualité-prix est à son avantage. Les usagers de téléphones mobiles ne doivent pas pour autant oublier les avantages des cartes à prépaiement comme Connector ou Global Line, particulièrement rentables pour les appels de longue durée. Largeur.com a d’ailleurs consacré récemment un article à ce sujet.