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Berset, roi du monde

Le président de la Confédération effectue un glorieux tour de piste au forum de Davos, à la rencontre des maîtres de l’univers. Lui veut croire que ce n’est pas que pour la galerie.

«Un garçon extrêmement sérieux, intelligent, rapide, loyal». Ça, c’est le verdict tout en nuance d’un de ses profs d’uni. «Clair dans ses propos, précis, rapide, concret et très créatif.» Ici les fleurs sont tressées par un de ses premiers employeurs, le conseiller d’Etat neuchâtelois Bernard Soguel, qui l’engagea en 2002 comme conseiller stratégique au département de l’économie.

On ne sait si c‘est la pratique de l’athlétisme, notamment le 400 et le 800 mètres – son autre marotte avec la musique – qui vaut à Alain Berset de voir deux fois soulignée cette qualité pas si fréquente chez un  politicien professionnel: la rapidité.

Rapide en tout cas, son ascension l’aura été: élu conseiller aux Etats à l’âge de 31 ans et conseiller fédéral à 39. Autant dire le speedy Gonzalez de la Coupole. On pourra y suspecter une forme de faiblesse: le président de la Confédération n’aura guère connu que deux mondes, celui de l’université et de la politique à plein temps.

Certains veulent trouver là l’explication de cette froideur lisse, d’une empathie distillée au compte-goutte, qui est un peu la marque de fabrique du bonhomme. Même si cela ne l’empêche pas d’œuvrer une fois par année comme bénévole pour une association d’entraide fribourgeoise, servant la soupe populaire en période de Noël, et qui s‘appelle La Tuile. La seule sans doute dans un parcours sans accroc.

«Il donne l’apparence d’une certaine réserve, mais je parlerais plutôt de prudence…il ne se précipite pas comme un taureau contre les murs.» C’est encore Soguel, bon camarade, qui s’exprime. Bref, rapide, Berset, mais point téméraire.

Sa semaine glorieuse à Davos où il aura rencontré une douzaine de chefs d’Etats et une flopée de personnalités économiques de premier plan, il n’en fait pas une affaire ni surtout un complexe. Alain Berset n’aime pas, explique-t-il à «24 heures», la tendance très suisse selon lui «à nous faire plus petit que nous le sommes». Se faire plus petit? Avec Berset le risque semble effectivement limité.

Quant au cas Trump, il est réglé d’une sentence définitive: «Il n’est pas nécessaire de partager des visions du monde ou une idéologie commune pour se parler.» Le premier jour, certes, il a manqué un Macron auteur d’un passage éclair, mais a pu discuter le bout de gras avec Angela Merkel et Teresa May.

Bref, Davos pour Berset, comme pour tous les présidents de la Confédération au rôle si éphémère et doté de si peu de prérogatives, est l’occasion d’entretenir quelques jours durant une flatteuse idée. A savoir que, comme n’importe quel potentat, patron de multinationale, ou dirigeant d’une grande puissance, on fait partie du gratin, de la crème du monde, des gens qui comptent. Encore qu’Alain Berset, on l’a dit, serait plutôt du genre à nier le côté en marge, provincial, et pour tout dire anecdotique de la Suisse dans le concert universel: «La Suisse, martèle-t-il, est une place importante sur la carte du monde.» Reste peut-être à trouver l’épithète appropriée. Financière? Touristique? Diplomatique? Economique? Tout ça à la fois? Peut-être, mais politique sûrement pas.

Enfin la marque Davos, vue par beaucoup comme un temple du néo-libéralisme, pourrait être considérée comme peu compatible avec les humeurs du militant socialiste qu’a été le Fribourgeois, et comme le montrent les vigoureuses protestations altermondialistes.

Personne n’ignore certes que le socialisme du docteur en économie Berset tient plus du rose pâle que du rouge pétant. Mais lui préfère répondre que la capacité de dialoguer avec n’importe qui «fait partie de l’ADN de la Suisse». L’habitude de servir la soupe dans les rues de Fribourg l’a sans doute préparé au bon usage des longues cuillères.