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Mieux se tenir au bureau

Souffrir de douleurs liées à la posture au travail n’est pas une fatalité. Pour préserver sa santé, mieux vaut adopter le plus tôt possible les bons gestes et le matériel approprié.

Dix millions, c’est le nombre de jours d’incapacité de travail, sur un an, dus aux douleurs dorsales parmi la population suisse, selon un rapport de la Ligue suisse contre le rhumatisme. Parmi les causes principales de cette véritable épidémie: surpoids, stress professionnel et sédentarité. C’est pourquoi il est essentiel d’adopter les bonnes habitudes pour préserver sa santé lorsque l’on passe huit heures par jour assis sur une chaise de bureau. Voici quelques recommandations d’experts pour éviter les problèmes au dos et autres complications musculaires.

Relâcher ses muscles
Les douleurs sont souvent provoquées lorsque ces derniers restent contractés trop longtemps. Raison pour laquelle il est indispensable de veiller à relâcher ses muscles, recommande Martine Balandraux, médecin du travail basée à Genève. Et plus une personne travaille intellectuellement sur la durée, plus elle devra se décontracter. Pour ce faire, il convient, selon elle, de s’assoir au bureau comme on s’assoit sur son canapé dans son salon: il faut se positionner vers l’arrière, le dos bien maintenu, de même que la tête idéalement soutenue par un appui-tête et les coudes par des accoudoirs. «Même lorsque l’on est bien décontracté, il ne faut pas oublier de bouger et se lever de temps à autres pour aller aux toilettes, boire de l’eau ou discuter avec un collègue.»

Éviter tabourets et ballons
La spécialiste ne recommande en aucun cas de travailler plusieurs heures d’affilée debout ou assis sur un tabouret, voire sur un ballon. Bien sûr, un tabouret peut servir si la fonction implique de beaucoup bouger. Et travailler debout peut être valable si cela reste momentané. Tout comme le ballon, qui apporte éventuellement un aspect ludique dans une journée de travail, par exemple lorsque l’on souhaite consulter brièvement des dossiers à un poste de travail. Sinon, un tel support demande une tonicité musculaire constante qui n’est pas souhaitable.

Bien positionner son écran
Autre mauvaise habitude: les gens ont tendance à mal positionner leur écran d’ordinateur, qui est souvent placé trop haut. «Le regard doit au contraire tomber sur l’écran, comme lorsqu’on regarde la télévision à la maison», souligne Martine Balandraux. Ainsi, la posture idéale à adopter au travail ne doit pas être celle du «garde-à-vous», mais se rapprocher davantage d’une décontraction similaire à celle que l’on retrouve chez soi.

Opter pour un matériel ajustable
Chef du groupe Ergonomie à l’Institut universitaire romand de santé au travail (IST), Olivier Girard insiste sur la nécessité d’utiliser une bonne chaise de bureau. En d’autres termes, une chaise réglable en hauteur avec un support lombaire ajustable et des accoudoirs qui ne forcent pas les coudes vers le haut: «La chaise ne devrait être ni trop profonde, sinon vous ne pouvez pas toucher le dossier, ni trop large, sinon vous écartez les coudes pour utiliser les accoudoirs», résume-t-il.

Ingénieur ergonome et thérapeute de la posture de formation, il recommande par ailleurs d’utiliser un bureau ajustable en hauteur (entre 68 et 76cm) pour un bureau assis, sans devoir visser-dévisser les pieds, mais plutôt équipé d’une manivelle pour que les femmes puissent ajuster la hauteur entre les jours en talons et les jours à plat. Et, si possible, un bureau électrique assis/debout (il existe des modèles avec mémoire de position qui ne sont pas beaucoup plus cher que les modèles standard). «Dans un certain nombre de métiers, il est possible de beaucoup bouger au cours de la journée, donc il n’est pas toujours nécessaire d’investir dans l’assis-debout.»

En ce qui concerne l’écran, ce dernier doit pouvoir descendre jusqu’à toucher quasiment le bureau, de sorte à ce que même les plus petits puissent l’utiliser à une hauteur adéquate. «Un clavier compact permet à ceux qui n’utilisent pas le pavé numérique d’avoir la souris plus près de la ligne médiane du corps, donc de moins écarter le coude.»

Bannir les chaises suédoises
«Je recommande de proscrire les chaises ʽsuédoisesʼ sur lesquelles on est agenouillés, car elles ne soutiennent pas le dos», ajoute Olivier Girard. De la même manière, il convient de limiter l’usage des ballons à quelques minutes par jour, par exemple 15 minutes le matin et l’après-midi, si on en a vraiment envie, car ces derniers sont source d’instabilité du bassin et, par conséquent, de la colonne vertébrale. Par ailleurs, le corps a besoin de stabilité pour effectuer des gestes de précision, que ces supports ne permettent pas. «C’est comme d’écrire un SMS en marchant, souligne Olivier Girard. En fait, la raison pour laquelle les gens aiment le ballon est qu’il les force à écarter les genoux et les cuisses, ce qui stabilise le bassin… Mais on peut très bien faire la même chose sur une chaise de bureau!»

Adapter sa posture
Bien assis derrière l’écran pour écrire, debout pour téléphoner ou parler à un collègue, ne pas rester assis plus de 30 minutes d’affilée: Il faut toujours adapter sa posture à son activité et à la durée de cette dernière. «C’est l’idée des nouveaux espaces de travail: comme on ne fait plus que de l’ordinateur, on fait bouger les gens en les changeant de lieu en fonction de leurs activités: réunion, téléphone ou travail concentré», indique Olivier Girard. Par ailleurs, il peut se révéler utile d’apprendre à bien s’asseoir. Et ceci est moins simple qu’il n’y paraît. L’IST propose, par exemple, des cours de prévention d’une heure, où 15 minutes sont dédiées uniquement à cette partie et où les participants peuvent apprendre beaucoup de choses sur le corps et sur sa mécanique.

Laisser les écrans de côté
«Que ce soit au travail, à la maison ou durant nos loisirs, nous passons beaucoup trop de temps sur les écrans et la durée cumulée est juste dramatique, ajoute l’expert. Le résultat est une prévalence de maux de dos et de nuque inquiétante, y compris chez les adolescents.» Plus globalement, il convient de pas de travailler de longues heures sur un portable, une tablette ou un smartphone. Ces supports tendent à fortement augmenter le risque de troubles musculosquelettiques. Dès lors, si l’on ne dispose que d’un portable, il convient au moins d’avoir un écran, un clavier et une souris détachés.

Limiter les postes de travail non attribués
Les postes de travail non attribués se généralisent, avec le risque que les employés se retrouvent assis à un poste mal réglé. «Tout le monde s’enthousiasme des open space, alors que les Suédois, qui ont au moins 20 ans d’avance sur la Suisse en la matière, commencent à en revenir du fait des nombreux inconvénients, souligne Olivier Girard, qui recommande de se méfier en particulier des grands espaces. De la même manière, le télétravail pose aussi de nouvelles contraintes: il est difficile de s’assurer qu’un collaborateur travaille dans des conditions ergonomiques lorsqu’on ne se rend jamais sur place pour vérifier.»

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«Augmentation de la productivité et de la motivation»

L’exemple d’une administration lausannoise.

Tables de bureau électriques avec position assise et debout, chaises ergonomiques réglables avec accoudoirs réglables, ainsi ou encore écrans fixés sur un support avec bras, aussi adaptable en hauteur et en profondeur: depuis 2006, la Caisse cantonale de chômage à Lausanne a pris diverses mesures ergonomiques destinées au bien-être de ses employés.

Des changements qui ont été complétés par l’acquisition de souris ergonomiques optiques, de repose-poignets pour souris et clavier ainsi que de casques d’écoute avec micro pour les téléphones.

«Concrètement, nous avons pu constater une productivité accrue, notamment au niveau de la rapidité des paiements pour les assurés, et une motivation supplémentaire au travail, note le responsable de la qualité Marco Polo. Par ailleurs, chaque année nous pouvons mesurer la satisfaction de nos collaborateurs par le biais des entretiens annuels d’appréciation. Celle-ci s’élève à près de 95% pour nos collaborateurs et 90% pour nos assurés.» Ces mesures ont été complétées par des formations internes et des communications portant sur les bons réflexes en matière d’ergonomie et de santé au travail. Elles concernent au total 135 personnes, réparties sur 11 sites à travers le canton.

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Une version de cet article est parue dans PME Magazine.