KAPITAL

Le bilan du débat sur Davos

Le débat organisé avec le site de la Télévision romande a accueilli plus de 300 interventions en six jours. Les messages, souvent très engagés, démontrent que les agents ont non seulement des choses à dire, mais qu’ils le disent plutôt bien.

Le 24 janvier, au moment où les Chinois fêtaient leur Nouvel An, nous donnions le coup d’envoi de notre première opération organisée en commun avec le site de la Télévision suisse romande (TSR). Nous vous invitions à vous exprimer sur la globalisation de l’économie en général et sur le Forum de Davos en particulier.

Six jours plus tard, cette plate-forme commune (accessible depuis le site de la TSR et celui de Largeur.com) a réuni plus de 300 interventions. «Un franc succès», a écrit la Tribune de Genève, qui consacrait un article à notre opération dans son édition de mardi.

Les agents ont fait preuve «d’une force de proposition remarquable, tant du côté des anti-Davos que du côté des pro-», écrit le journal genevois. Le débat a été «nourri» et d’«une qualité plutôt rare pour un forum de discussion», conclut-il. Un avis partagé par les équipes de tsr.ch et Largeur.com.

Dès les premiers messages, notre débat a révélé une réelle inquiétude devant le pouvoir insolent de l’économie, symbolisé par Davos, face aux valeurs humaines, symbolisées par Porto Alegre.

Dans une intervention postée le 24 janvier, l’agent Sahkti constate ainsi que, malgré le développement de l’économie, «la pauvreté ne régresse pas. Il reste un trou noir d’une quarantaine de pays qui ne participent pas au banquet de la mondialisation. C’est le scandale et le défi de cette fin de siècle.» Sahkti aurait dû écrire: «de ce début de siècle».

Mais comment réduire les inégalités quand «les investissements privés, qui aujourd’hui prennent le pas sur l’aide publique dans les rapports Nord-Sud, n’ont pas pour but le développement mais la rentabilité?» C’est l’une des questions posées par cet intervenant.

Au fil du débat, Davos a souvent été ressenti comme l’affirmation du pouvoir absolu de l’économie. Ainsi Patrick, qui écrit que pour l’heure, «il n’y a pas d’alternative viable et convaincante à l’économie de marché, comme il n’y a pas d’alternative convaincante à la démocratie».

Le libéralisme se trouvait dès lors placé au centre des discussions. Plusieurs intervenants en ont proposé leur propre définition. Le correspondant S.Metzeler, qui a été très actif pendant ces six jours, voit dans le libéralisme la solution à la plupart des problèmes humains; il veut d’ailleurs combattre «toute forme de pouvoir politique». Ses messages ont suscité des réactions souvent enflammées. Pour l’agent autoproclamé «Anar», l’économie de marché n’est rien d’autre qu’«une guerre menée en temps de paix».

Le Forum alternatif de Porto Alegre a également occupé les intervenants. A cette occasion, Cendrelle a voulu rappeller que charité bien ordonnée commençait par soi-même et que «si l’on ne peut aller à Porto Alegre, on peut agir tous les jours chez nous en consommant normalement.»

Les défenseurs du WEF n’ont de loin pas été inactifs, mais les anti-Davos ont été les plus nombreux à s’exprimer. L’agent Fabien s’est montré «choqué par l’important système de sécurité mis en place par la Suisse pour permettre la «bonne» tenue du WEF». Une indignation partagée par plusieurs agents.

Pour Flox, le fait de «museler l’opinion publique, celle qui ne casse pas, n’est pas digne d’une nation démocratique. Disperser des manifestants qui n’agitent que des pancartes non plus.» Fabien pose encore la question délicate de «qui va payer?» et regrette «l’adhésion quasi-totale de nos conseillers fédéraux à tout cela».

D’autres participants au débat se sont réjouis, comme Equity, que la police ait choisi de «protéger ceux qui ont envie de discuter calmement».

Etes-vous pro- ou anti-Davos? C’était la question volontairement simpliste posée par notre débat. L’agent Zozar y a répondu en déclarant non sans humour être «pro-Davos simplement parce que cela donne l’occasion de lancer un anti-Davos». Si le World Economic Forum n’existait pas, «Porto Allegre aurait-il eu lieu? Y aurait-il le mouvement ATTAC? Y aurait-il seulement une réflexion autour de la nouvelle gauche si Davos n’existait pas?»