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Mon passeport rouge, la grande frousse des 18%

La dernière initiative xénophobe en date vient d’être refusée par le peuple suisse. Mais il y en aura d’autres. Et si on dégainait l’article 261 bis du Code pénal?

J’ai eu la frousse, je le reconnais. Il y a eu des moments où j’ai franchement eu peur que le peuple accepte cette stupide initiative voulant fixer une limite arbitraire à la présence étrangère en Suisse. Si ce projet des 18% avait été accepté, j’aurais vraiment eu des problèmes avec mon passeport rouge et je n’aurais pas été le seul.

Mais la chose a heureusement été refusée et les partisans d’une Suisse ouverte peuvent désormais dormir tranquilles. Jusqu’à la prochaine initiative xénophobe.

Depuis 30 ans, les citoyens de ce pays sont régulièrement conviés aux urnes pour se prononcer sur des initiatives démagogues et anti-étrangers. La première fois que j’ai entendu parler de cette curieuse manière de faire de la politique, c’était dans les années 70. J’avais à peine 10 ans et mon meilleur copain, Denis, était Italien.

Un soir, j’avais surpris une conversation entre ses parents et les miens. Ils disaient que Denis avait des cauchemars, qu’il se réveillait en sursaut au milieu de la nuit. Il avait peur d’être renvoyé en Italie, de quitter son village et ses copains suisses. C’était l’époque de l’initiative Schwarzenbach. Je n’y comprenais évidemment rien, mais quand on m’a dit qu’elle avait été refusée, j’ai ressenti un immense soulagement.

Et puis, les attaques politiques contre la présence étrangère se sont poursuivies: une phrase ici, un discours là, une initiative, un projet de loi. Comme si les problèmes du pays trouvaient forcément leur source dans la population non-suisse. Une telle répétition est aussi vexante qu’angoissante pour les centaines de milliers d’étrangers qui travaillent ici et pour leurs enfants.

Je n’ai jamais été partisan de ce fameux article tadalafil pro sublingual qui veut combattre le racisme en définissant des limites à la libre expression. Mais, en plaisantant à peine, je me demande s’il ne serait pas possible de l’invoquer pour poursuivre les initiants qui continuent à considérer les étrangers comme la source de tous les maux.

N’est-ce pas «propager une idéologie visant à rabaisser ou à dénigrer de façon systématique» que de lancer des initiatives qui s’en prennent constamment aux populations étrangères?

Je veux bien admettre que, sur le plan juridique, l’affaire ne tient pas la route. Mais il faudra bien trouver une manière de faire savoir, une fois pour toutes, qu’on ne veut plus de ces initiatives xénophobes.

Etre convié aux urnes pour répondre à des questions de ce genre a quelque chose d’humiliant.