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La danse des mous du ventre

A l’orée des élections fédérales, les partis toujours empêtrés dans l’après 9 février se présentent en position de faiblesse par rapport à l’UDC. La perspective d’un nouveau vote sur la libre circulation risque d’accentuer encore le mouvement.

Il ne s’agit évidemment pas d’accompagner les rengaines d’une UDC remontée comme un coucou monomaniaque. A la manière son vice-président romand, le Vaudois Claude-Alain Voiblet, récitant l’inusable mantra populiste: «Les partis ne savent vraiment plus quoi inventer pour contourner la volonté populaire!»

En cause, la perspective qui semble inévitable d’un nouveau vote sur la libre-circulation, après l’annonce du parti radical de ne plus soutenir le projet gouvernemental d’application de la trop célèbre initiative du 9 février, dite «contre l’immigration de masse».

N’empêche: s’il est plutôt grossier, comme le fait l’UDC, de dénoncer chez ses adversaires des efforts maladroits pour se sortir d’une panade dans laquelle on les a soi-même plongés, force est de reconnaître que les blochériens jouent sur du velours. Le peuple a voté, le peuple tient sa souveraineté de la constitution, que voudrait-on de plus?

Vouloir en effet revoter — parce que le résultat ne convient pas ou oblige à des contorsions politiques de haute voltige — ressemble à une réaction de mauvais joueurs ou de politiciens paresseux, sans imagination et ne s’accommodant que de situations toute faites, ne mangeant de pain que tout cuit.

Si le peuple revote — on prévoit que cela pourrait être en 2016 déjà — et se prononce dans l’autre sens, les vainqueurs d’hier ne seraient-ils pas alors légitimés à réclamer un nouveau vote, et ainsi de suite jusqu’à ce que mort s’en suive d’une démocratie directe en forme de serpent se mordant éternellement la queue?

Oui, à quelques mois des élections, l’UDC a sur cette question le beau rôle du défenseur d’un peuple trahi par les élites de la classe politique. En comparaison, les positions des uns et des autres s’apparentent au bal des hypocrites. A une danse des mous du ventre tremblant devant le monstre bruxellois à mille têtes et les sinistres juges étrangers.

Les tentatives du Conseil fédéral, qui n’est plus appuyé dans ce sens que par le Parti socialiste, d’obtenir d’abord des concessions très hypothétiques de l’Union sur la libre circulation avant de mettre en oeuvre l’initiative du 9 février, s’apparente à un jeu de hasard. Ou pire, à une partie de qui perd perd.

L’idée du PLR de revoter pour sauver la libre circulation mais en durcissant en contrepartie les conditions d’accueil des nouveaux arrivés, offre, elle, le flanc au double reproche de lucidité trop tard venue et de bricolage illisible.

Revoter, certes, n’a rien d’indigne. Rien n’est gravé dans le marbre pour l’éternité. Mais proposer de revoter si tôt s’apparente à un double désaveu: du peuple on l’a dit, mais aussi des partis eux-mêmes, qui se sont montrés incapables de convaincre le souverain sur une question majeure.

L’un dans l’autre, revoter c’est affaiblir la démocratie. Le droit de lancer des initiatives nuisibles pour le pays et reposant essentiellement sur des préjugés idéologiques est peut-être le point faible de la démocratie directe. Mais sans ce pied malodorant, la table ne tient plus vraiment debout, la démocratie n’est plus la démocratie. La seule fenêtre de tir dans ce contexte est de faire perdre ceux que l’on veut voir perdre, pas de contester les verdicts.

Pour avoir failli dans cette tâche, radicaux, PDC, verts et socialistes se trouvent aujourd’hui, à l’orée des élections fédérales, en position de faiblesse, avec un message brouillé, tordu, contrastant avec celui simpliste, mais transparent, de l’UDC. Cela risque de se voir dans les urnes.