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Des médicaments télécommandés

Placées sous la peau, des puces électroniques libèrent sur commande hormones ou substances pharmacologiques. Révolution technique ou simple gadget?

Une puce contraceptive placée sous la peau que l’on peut activer ou éteindre par connexion wifi: ce type de traitement pourrait bien être disponible sur le marché d’ici peu. La start-up américaine MicroCHIPS, à l’origine du projet, vient en effet de conclure avec succès une série de tests de son implant.

«Si on peut l’adapter à différents traitements, cela représentera une aide réelle lors des prises régulières de médicaments souvent pénibles, notamment pour les malades chroniques, constate Pierre Voirol, pharmacien responsable de l’unité d’assistance pharmaceutique et de pharmacie clinique du CHUV. Une première version de cette puce est ainsi utilisée actuellement pour traiter sept femmes danoises souffrant d’ostéoporose. Elle délivre des doses quotidiennes de teriparatide, une molécule permettant de stimuler la croissance osseuse. «C’est un véritable succès», selon Robert Farra, CEO de MicroCHIPS.

Créée par des chercheurs du Massachusetts Institute of Technology (MIT), l’entreprise est soutenue financièrement par la fondation Bill & Melinda Gates à hauteur de 4,6 millions de dollars. Le fondateur de Microsoft cherche à offrir un moyen de contraception aux femmes des pays les plus pauvres qui durerait plus longtemps que les implants déjà existants et qui serait déasactivable lorsque son utilisatrice souhaite tomber enceinte.

Si la puce contraceptive n’est pas encore disponible en rayons, ce type de composants high-tech est déjà utilisé dans des capteurs internes ou externes capables de surveiller l’état des patients. Exemple avec le capteur Helius, conçu par l’entreprise américaine Proteus Digital Health. Installé dans le médicament ingéré, Helius communique ensuite avec un patch collé sur la peau, lequel transfère les données collectées vers un smartphone, une tablette ou un ordinateur.

Le capteur interne fonctionne en réaction aux fluides gastriques. Ce mécanisme permet de vérifier si le patient prend réellement son médicament et de déterminer l’effet ou non du traitement. Un système plus précis et efficace que les visites médicales, les données étant collectées en permanence.

De son côté, Novartis vient de signer un partenariat avec Google afin de développer une lentille de contact intelligente. Cette dernière aiderait les personnes souffrant de diabète en lisant directement sur le globe de l’œil le niveau de glycémie dans le sang. Un moyen simple et non invasif de contrôler plus finement sa maladie.

Que ce soit sur des médicaments, des patchs collés à la peau, incorporés aux vêtements ou aux chaussures (les tissus intelligents), ces puces visent à surveiller l’évolution de la personne, comprendre sa réaction pour finalement mieux la soigner. L’entreprise d’études de marché IDTechEx prévoit que ce type de technologie devrait représenter un marché de 70 milliards de dollars d’ici à 2024, contre 14 milliards de dollars à l’heure actuelle. Elle estime que les entreprises spécialisées dans ces technologies deviendront, dans le futur, aussi importantes que les firmes pharmaceutiques.

Des compagnies comme Google joueront par ailleurs un rôle clé dans la récolte de données médicales. Le géant américain vient ainsi de mettre sur pied un ambitieux projet expérimental destiné à brosser le portrait-type d’un être humain en bonne santé. Il sera réalisé à partir de l’analyse du matériau génétique et moléculaire fourni anonymement par des participants volontaires ces prochaines années.

La société MicroCHIPS a, quant à elle, prévu de commercialiser sa pilule numérique d’ici à 2018. Implantée à l’aide d’une anesthésie locale, la micro-puce n’a pour l’heure provoqué aucun rejet du système immunitaire. MicroCHIPS espère ainsi obtenir rapidement l’accord de la Food and Drug Administration (l’Agence américaine des produits alimentaires et médicamenteux, ndlr) pour lancer les tests cliniques de son médicament dans les mois qui viennent.
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INTERVIEW

«J’ai peur du prix»

Progrès spectaculaire ou dérive scientifique? L’avis de Thierry Buclin, médecin chef de la division de pharmacologie clinique du CHUV.

Pensez-vous que ce type de traitements pucés puisse être utile?

Honnêtement, j’ai surtout peur du prix. Ce genre de technologies coûte cher. A moins que le système de santé ne veuille participer, je ne pense pas que ces micro-puces contraceptives soient à la portée de toutes les bourses. Hormis le coût, il faut voir aussi si ces puces peuvent se décliner pour d’autres traitements. Ce n’est pas vraiment le cas. En effet, il faut que la dose de médicaments soit minuscule pour que la puce puisse la contenir. Je ne vois que les traitements hormonaux comme la contraception, la gestion de la tyroïde, l’ostéoporose ou encore des traitements délicats avec les hormones de croissance qui puissent répondre à cette condition.

Une tierce personne pourrait utiliser ces micro-puces puisqu’elles sont télécommandables. C’est dangereux non?

Les pompes qu’utilisent les personnes souffrant de diabète fonctionnent avec Bluetooth. Les pacemakers cardiaques sont commandés aussi à travers la peau. Donc il y aurait là aussi un danger potentiel. A vrai dire, ce genre de technologies réveille toujours des fantasmes autour des risques de hacking. Je ne sais pas s’ils sont réels.

Les gouvernements des pays à fort taux de natalité ne pourraient-ils pas avoir une raison de maîtriser ces micro-puces pour contrôler les naissances?

Les gouvernements n’ont pas besoin de cette technologie pour maîtriser la natalité de leurs citoyens. En Afrique du Sud par exemple, le gouvernement offre des récompenses pécuniaires ou des compléments alimentaires aux femmes des couches de populations défavorisées qui choisissent d’utiliser l’implant ou l’injection contraceptive renouvelable tous les trois mois. Ethiquement, ce n’est pas blanc ou noir. Il faut savoir conseiller le mode de contraception efficace.
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Une version de cet article est parue dans le magazine In Vivo (no 4).