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Les gènes mis sous enquête

Malformations, stérilité, cancers: l’analyse du génome humain permet de mieux comprendre des milliers de pathologies. Une discipline en plein essor.

BRCA1: c’est l’acronyme d’un gène dont tous les journaux ont parlé en mai dernier. Après avoir découvert qu’elle avait hérité d’une anomalie dans ce gène qui peut causer un cancer du sein, l’actrice Angelina Jolie a choisi de subir une double mastectomie afin de radicalement minimiser les risques de développer un cancer du sein.

L’annonce a indirectement souligné les progrès spectaculaires de la médecine génétique. Grâce à des outils d’investigation toujours plus sophistiqués, les recherches menées sur les gènes s’affinent et permettent non seulement de mieux comprendre les causes de certaines affections, mais aussi d’améliorer et de personnaliser le traitement.

Plus de 8’000 pathologies d’origine génétique ont été décrites et les gènes responsables de ces maladies sont identifiés dans un nombre croissant de cas. Il peut s’agir aussi bien de malformations détectables pendant la grossesse ou à la naissance que de difficultés intellectuelles, de troubles du comportement ou encore de la croissance chez les enfants. Les adultes présentent également des pathologies génétiques parfois de révélation tardive, qui comprennent des maladies cardiovasculaires, rénales, neurologiques, dermatologiques…

«Les tests génétiques servent notamment à déterminer si une personne a hérité d’un gène défectueux, explique Marie-Claude Addor, cheffe ad interim du Service de génétique médicale du CHUV. Les gynécologues nous adressent, par exemple, des jeunes couples qui présentent des problèmes de fertilité, d’autres qui ont des risques de maladie congénitale ou de malformation du fœtus lors d’une grossesse. Nous essayons de déterminer si ces affections sont d’origine génétique, si elles peuvent se répéter lors d’autres grossesses, si elles peuvent entraîner d’autres complications ou si les membres de la famille sont à risque, par exemple.»

Prédisposition à certaines maladies

Comment les généticiens mènent-ils leurs investigations? «Nous commençons par une enquête généalogique, car un grand nombre d’anomalies génétiques sont héréditaires. Nous questionnons les patients pour savoir si des membres de leurs familles sont concernés. Cette approche permet de préciser le mode de transmission, et donc le risque de récurrence. L’examen clinique permet ensuite d’orienter les analyses génétiques. Il est toujours possible de s’adresser à un service de médecine génétique pour évaluer si l’on a un risque accru d’une maladie qui touche déjà un ou plusieurs de ses proches.» Les médecins-généticiens peuvent ainsi aussi accueillir des patients en parfaite santé.

Après l’examen physique, l’analyse de sang permet de plonger dans le monde microscopique et complexe du code génétique. «Nous pouvons analyser les chromosomes, effectuer un caryotype moléculaire par puce à ADN ou nous focaliser sur un ou plusieurs gènes précis. La grande difficulté consiste à cibler le gène responsable. Chez deux patients présentant la même malformation physique, ou cliniquement la même maladie, il n’est pas dit que le même gène soit concerné.»

La médecine génétique joue un très grand rôle dans la prévention. En cas de mutation synonyme de risque accru d’un cancer du côlon par exemple, un suivi adéquat pourra être mis en place pour réagir au plus vite au cas où la maladie devait se déclarer. Un diagnostic précoce permet également de se tourner vers des groupes de soutien et d’échanger avec d’autres familles. Parfois la médecine génétique peut également déboucher sur une thérapie concrète, comme par exemple dans le cas de l’hypophosphatasie, une pathologie génétique affectant la croissance des os et qui peut aujourd’hui être traitée grâce à l’injection d’une enzyme qui manque chez le patient.

«Souvent, les gens pensent qu’une maladie génétique est incurable. Selon le résultat des tests génétiques effectués, nous pouvons confirmer ou écarter un diagnostic. Savoir que nous sommes porteurs d’un gène défectueux peut sembler anxiogène, alors qu’en réalité la majorité de nos patients sont rassurés en quittant nos consultations. Poser un diagnostic permet d’assurer une prise en charge adaptée et à l’avenir, on l’espère, traiter un nombre toujours plus important de maladies génétiques, de façon ciblée et personnalisée.»
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Trisomie 21: un dépistage toujours moins invasif

La trisomie 21 est l’une des anomalies chromosomiques les plus facilement détectables, et ce même avant la naissance. Cette maladie est baptisée ainsi en 1959, lorsque le Français Jérôme Lejeune découvre la présence d’un troisième chromosome sur la paire 21 — chaque être humain possède 23 paires de chromosomes.

Depuis les années 1970, l’anomalie peut être détectée in utero par une amniocentèse (examen qui consiste à prélever du liquide amniotique), qui permet de connaître le nombre de chromosomes du bébé à partir de la 15e semaine de grossesse. Actuellement, les tests de dépistage permettent d’identifier les femmes enceintes qui ont un risque accru pour une trisomie 21, indépendamment de leur âge, et de ne proposer le diagnostic prénatal invasif par amniocentèse qu’à celles-ci.

Depuis quelques mois, les nouvelles technologies d’analyses génétiques permettent le diagnostic prénatal non invasif d’anomalies chromosomiques à partir de l’ADN fœtal circulant dans le sang maternel. Mais à ce jour, ce test n’est pas remboursé par les assurances et, en cas de résultat anormal, il convient de le vérifier par amniocentèse.