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Ethnologie de l’ascenseur

Où prendre place à l’intérieur d’un ascenseur? Contre la paroi arrière? Au centre? À proximité des portes? Selon une étude, notre position ne tiendrait pas au hasard mais à notre statut social et à notre sexe.

Chacun pourrait se muer sans peine en conteur d’histoires vécues dans un ascenseur. Des récits pas toujours à la gloire de l’être humain, entre bousculades, regards en coin ou mépris de l’autre. Dans la cabine, les boutons de fermeture et d’ouverture des portes témoignent de cette absence d’égard. Alors que les premiers sont rapidement usés par un emploi fréquent, les seconds demeurent intacts; pas question d’accueillir de nouveaux intrus dans un habitacle en partance.

La courtoisie n’est pas seule en jeu dans cet espace exigu et clos. Rebekah Rousi a observé, en ethnologue, le comportement des usagers d’ascenseurs dans de grands immeubles occupés par des bureaux, à Adélaïde (Australie). «Dis-moi où tu te places dans un ascenseur et je te dirai quel est ton statut social!». Cette formule résume le résultat surprenant de l’enquête menée par cette chercheuse finlandaise.

Notre position dans une cage d’ascenseur ne tiendrait pas au hasard. Selon l’auteur de l’étude publiée dans «Ethnography Matters» (avril, 2013), chacun s’y comporte de manière bien codifiée en fonction de son sexe et de son statut social. Ainsi, lors des nombreux trajets observés, elle a pu constater que les hommes les plus âgés se sont systématiquement placés au fond de la cabine, face aux portes. Les hommes plus jeunes, occupants des postes clés dans leur entreprise, se sont installés au centre, devant eux, quelle que soit leur taille. Quant aux femmes de tout âge et de tout statut, elles ont systématiquement occupé la première rangée. Cette répartition, très normée, s’est répétée immuablement.

Les regards semblent eux aussi répondre à un conditionnement bien précis. Les femmes évitent tout contact visuel et fixent les boutons alors que les hommes jettent des regards fréquents aux miroirs latéraux pour s’y admirer ou observer les autres personnes.

En interrogeant les utilisateurs, Rebekah Rousi a pu constater que la majorité d’entre eux sont conscients de la dynamique à l’oeuvre dans une cabine et s’y conforment. A une exception près cependant. Cette femme qui a exprimé sa volonté de toujours se tenir dos aux portes. «Cela témoigne, selon la chercheuse, d’un désir de bousculer les normes.» Une révolutionnaire!

Prendre connaissance de cette étude, c’est être tenté de vérifier si elle se concrétise dans l’immeuble que nous fréquentons. C’est ne plus prendre un ascenseur à la légère pour gravir les étages mais s’interroger sur celui qu’on occupe dans la hiérarchie sociale. A moins que cela ne constitue le déclic tant attendu pour échapper à cette désagréable promiscuité et, enfin, opter pour les escaliers tellement plus sains pour la santé.