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La signalétique touristique, casse-tête fédéral

Après une longue procédure, les nouveaux panneaux autoroutiers sont enfin prêts. Mais les règlements fédéraux remettent les compteurs à zéro.

Sur l’autoroute A9, à l’approche de la sortie de Vevey, un nouveau panneau brun laisse apparaître depuis quelques mois les silhouettes de Charlie Chaplin et du château de Chillon, principaux emblèmes touristiques de la région. La surface ne comporte que deux inscriptions, «Montreux Riviera» et «Suivre Vevey».

Aussi innocente soit-elle, cette nouvelle signalisation touristique vaudoise aura pourtant fait l’objet d’un véritable parcours du combattant, tant pour les responsables du projet à l’Office du tourisme du canton de Vaud (OTV) que pour l’équipe chargée du graphisme, chapeautée par l’Ecole cantonale d’art de Lausanne (Ecal).

Un cas emblématique de la complexité des procédures publiques en Suisse. Il aura fallu pas moins de quatre ans pour installer, l’été dernier, les six premiers panneaux qui assurent la promotion de la Riviera et de Lavaux, sur la base d’examens de leur lisibilité réalisés dans un laboratoire spécialisé à Paris, ainsi que de nombreuses consultations avec l’Office fédéral des routes (Ofrou) et l’ensemble des acteurs touristiques concernés, des associations régionales aux directeurs des sites. «Nous sommes allés très loin dans la démarche participative», reconnaît Florence Wargnier, cheffe de projet à l’OTV.

Du travail intuile?

La conclusion heureuse d’une longue procédure? Pas tout à fait. En 2008, alors que le projet était en cours, la responsabilité de toutes les autoroutes suisses a été transférée à l’Ofrou, qui a désormais pour charge de gérer leur signalétique. Les panneaux vaudois restants, avant d’être installés, devront encore attendre de nouvelles directives de l’office fédéral, dont la publication est prévue pour cet été, selon le porte-parole Guido Bielmann. «Nous avons déjà conçu de nombreux panneaux pour l’ensemble du canton», explique la graphiste Alexandra Ruiz, du bureau Madame Paris, qui collabore avec l’Ecal. Mais il n’est pas sûr que ce travail corresponde aux nouvelles normes bernoises.

Jusqu’ici, la signalisation touristique relevait d’initiatives individuelles et régionales, avec pour conséquence une absence totale d’homogénéité et des créations graphiques des plus fantaisistes. Selon un inventaire réalisé en 2007, seuls 6 panneaux autoroutiers sur 248 correspondent aux normes en vigueur depuis 1990. L’office fédéral, avec ses nouvelles directives, a l’intention de mettre de l’ordre dans cette forêt d’écriteaux bruns. «Prenez les indications “Au revoir” à certaines sorties: elles n’ont aucun sens», déplore Guido Bielmann de l’Ofrou. Selon lui, ces réglementations introduiront des normes comme le fait qu’au moins un tiers de la surface du panneau soit brune, ou l’interdiction de poser plus d’un écriteau à une sortie. Dès leur entrée en vigueur, les cantons disposeront d’un délai de cinq ans pour s’y conformer.

Marketing des destinations

«Les nouvelles réglementations n’étant pas tout à fait définies, nous ne savons pas encore si notre opération devra ou non être adaptée», explique Florence Wargnier de l’OTV. Ce qui est pour le moins paradoxal: l’initiative vaudoise était sensée servir de projet-pilote. «Le schéma directeur vaudois, sans équivalent en Suisse, fait correspondre la signalisation touristique avec le marketing des destinations et prend également en compte l’ensemble des routes secondaires», ajoute la cheffe de projet. On saura cet été si l’Ofrou a été sensible à ces arguments.

Pour développer son plan, l’OTV a consulté un institut en France, un pays qui jouit d’une expérience bien plus grande dans ce domaine. Ironie: les panneaux français — considérés comme exemplaires — ont été conçus dans les années 1970 par un graphiste helvétique, Jean Widmer. Une chose est sûre: l’Hexagone ne souffrait pas des aléas d’un fédéralisme à la suisse.
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Une version de cet article est parue dans L’Hebdo.