CULTURE

«Je pensais que mes créations seraient trop extravagantes pour le jury»

En remportant la dernière saison de l’émission américaine «Making the Cut», le créateur de mode bâlois Yannik Zamboni a empoché un million de dollars. Un tremplin aussi encourageant qu’inattendu pour le jeune styliste, diplômé il y a moins de trois ans.

Une version de cet article réalisé par Large Network est parue dans tadalafil fast delivery.

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«Après mon apprentissage au sein d’une compagnie d’assurance-maladie, je savais que je ne voulais surtout pas m’engluer à un poste de bureau. J’ai alors été repéré par un chasseur de tête qui m’a proposé de devenir mannequin. J’avais 19 ans, j’avais grandi dans la campagne baloise, j’étais donc surpris mais enchanté. Les contrats se sont enchaînés et m’ont emmené jusqu’en Asie, où j’ai passé près de deux ans. Bangkok, Manille, Pékin, Shanghai, mon métier me permettait d’étancher ma soif d’ailleurs, mais ne rapportait pas assez pour me permettre d’économiser.

J’étais un peu inquiet pour mon avenir j’ai donc décidé de rentrer en Suisse pour me tourner vers le marketing. Je bénéficiais alors d’une situation confortable, mais l’aversion pour le travail de bureau m’a, une fois de plus, poussé vers la sortie. Mon nouvel objectif: renouer avec le monde de la mode en devenant couturier. Après un an à l’École de couture de Zurich, je me suis inscris à la Haute école d’arts appliqués de Suisse du Nord-Ouest (FHNW), d’où je suis sorti diplômé en mars 2020, à la veille du premier confinement. Le Covid a tué dans l’œuf mon projet de me lancer dans le stylisme à l’étranger. Il ne me restait plus qu’une chose à faire: me mettre à mon compte. C’est ainsi qu’est née ma marque «maison blanche», en référence aux marques de haute couture parisienne et au noir et blanc que j’adore. Dans mon travail, je souhaite défendre la non-binarité, la durabilité, le commerce équitable et le véganisme, et cela se reflète dans toutes les pièces que je conçois.

Dans mon petit atelier zurichois, j’ai commencé par confectionner des pièces personnalisées. Au début, les affaires marchaient bien, mais la pandémie s’est éternisée et mes recettes se sont amaigries. Alors que mes demandes de financement étaient rejetées les unes après les autres, une agence de casting m’a proposé de participer à une émission de télé-réalité américaine: «Making the Cut», sur Prime Video.

Sceptique, mais curieux, j’ai visionné la bande-annonce de l’émission, où la présentatrice et mannequin Heidi Klum promettait un chèque d’un million de dollars au gagnant. Après de longues semaines rythmées par les entretiens et les présentations, l’équipe de production m’a annoncé que j’étais sélectionné pour participer à l’émission avec neuf autres stylistes triés sur le volet. Le tournage a commencé début décembre 2021 à Los Angeles. Pendant presque deux mois, j’ai vécu dans une bulle, isolé du monde extérieur avec pour seule famille les autres candidats, avec qui j’ai bien-sûr tissé des liens très forts.

Dans ce petit milieu sensible aux questions LQBTQIA+, je me sentais à l’aise, mais je ne pensais pas que je gagnerais. Je pensais que mes créations seraient trop extravagantes et pas assez commercialisables aux yeux du jury. Ce n’est qu’une fois en finale que j’ai envisagé la victoire. Puis le verdict est tombé: j’avais remporté la troisième saison de «Making the Cut» et gagné un million de dollars! Cette expérience m’a notamment appris deux choses: faire des choix décisifs en très peu de temps et tenir ma langue. En effet, le tournage a pris fin en janvier mais l’émission était seulement mise en ligne en août, j’ai donc dû garder ma victoire secrète pendant sept mois!

En tant que lauréat, j’ai bénéficié d’un programme de mentorat d’Amazon Fashion, avec qui j’ai codéveloppé une nouvelle ligne baptisée «rare/self» et j’ai pu présenter «maison blanche» à la Fashion Week de New York en septembre 2022. La production est enfin lancée. De retour à Zurich, j’ai investi les gains dans ma marque, avec laquelle j’ambitionne de lancer une ligne plus haut de gamme, entièrement confectionnée dans deux usines tessinoises.»