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Maman est en haut, elle fait des affaires

C’est un peu le remake du célèbre film «Baby Boom» qu’a réalisé Katherine Gubbins en lançant sa start-up. Elle aura écoulé 500’000 compotes pour bébés en Suisse d’ici à la fin de l’année et vise désormais le marché international.

Des compotes bios pour bébés, sans conservateur, sans sucre ni sel, vendues dans des pochettes ultralégères et ludiques: cela change des lourds pots en verre remplis d’une purée insipide coupée à l’eau et au sel que les mamans trouvent habituellement dans les rayons pour bébés des supermarchés suisses. Il n’est dès lors pas étonnant que les produits de la start-up Goodness Gracious, fondée en août de l’année dernière par Katherine Gubbins, rencontrent un véritable succès. Personne n’y avait pensé avant? Il a fallu attendre qu’une jeune femme combine son expérience de mère de deux petites filles avec un esprit d’entrepreneur aiguisé.

Le déclic en Angleterre

«Quand j’ai eu ma première fille, je ne voulais pas lui donner de purée industrielle, raconte Katherine Gubbins, de nationalités suisse et britannique, qui vit à Begnins (VD). Mais le prix à payer était cher: je passais plus de temps en cuisine qu’à jouer avec elle. J’aurais bien aimé parfois lui acheter des compotes déjà préparées, mais sans lésiner sur la qualité.» Cette ancienne courtière en banque, qui a abandonné sa carrière pour devenir professeure de yoga, rencontre de nombreux parents qui se font la même réflexion. «Ils donnent parfois des purées toutes prêtes à leurs enfants lorsqu’ils n’ont pas le temps, mais ils culpabilisent.»

Le déclic se produira lors d’un voyage en Angleterre: «J’ai rencontré une amie qui donnait à son bébé de la nourriture bio en tube. J’ai tout de suite trouvé le concept génial.» Katherine Gubbins contacte alors l’entreprise italienne qui fabrique ces emballages à base de PET et d’alu, Gualapack. Comble de chance, l’une des managers est une jeune mère de retour de son congé maternité. Elle est immédiatement séduite par l’idée de Katherine Gubbins et entame une collaboration avec elle.

La suite ressemble beaucoup à Baby Boom, film culte des années 80 dans lequel Diane Keaton lance un commerce florissant de petits pots pour bébés. Katherine Gubbins s’associe avec deux excadres de chez Kraft Foods, une spécialiste en médecine ayurvédique et une diététicienne. Elle enregistre sa société en Grande-Bretagne, «car la création d’une start-up est bien plus onéreuse en Suisse», et lance ensuite la production de plusieurs de ses propres recettes de compotes dans une usine écossaise.

«Comme nous n’utilisons pas de conservateurs, nous stérilisons les compotes avant de les emballer. Je n’ai malheureusement pas trouvé d’entreprise suisse maîtrisant cette technologie.» La jeune femme investit dans l’aventure près de 150’000 francs de ses propres économies. Elle est désormais soutenue par un business angel britannique.

De la petite à la grande distribution

Vendus entre 2.50 et 3.50 francs la pièce, soit légèrement plus cher que la concurrence, ses produits attirent rapidement des commerçants indépendants. Puis, en janvier de cette année, Manor décide de distribuer Goodness Gracious dans ses 32 magasins. «Ces compotes développées par une mère en fonction de ses propres expériences nous ont séduits, raconte Alexandre Barras, responsable de la communication chez Manor. Leur concept est intéressant. De grande qualité, basées sur des recettes ayurvédiques saines et au bénéfice d’un emballage plus pratique que les petits verres traditionnels, elles s’inscrivent dans l’air du temps et se marient très bien avec notre assortiment. Nous sommes persuadés du grand potentiel de ces produits sur un marché helvétique manquant de nouveautés et d’alternatives aux marques traditionnelles de nourriture pour bébés.»

Le grand distributeur voit juste: le succès des compotes de Katherine Gubbins est inespéré: «Manor pensait commencer par en vendre 400 par mois, étant donné qu’il s’agit d’un produit nouveau qui ne bénéficie pas d’une campagne de publicité. Or nous en avons diffusé plus de 2500 le premier mois! Certaines mères achetaient des cartons entiers.»

Si Goodness Gracious n’a pas fait de publicité, l’entreprise est en revanche très active sur les réseaux sociaux. Et elle souhaite par ailleurs impliquer les mères dans l’élaboration de nouvelles recettes.

La Suisse, un marché-test

Après cette première réussite, Katherine Gubbins ne compte pas s’arrêter en si bon chemin: elle est actuellement en négociation avec les autres grands distributeurs suisses. Elle espère vendre plus de 500’000 compotes d’ici à la fin de cette année et atteindre le million fin 2013. Le breakeven est prévu pour 2014. «La Suisse représente un marché-test, avec ses quatre langues et ses nombreux expatriés. Si Goodness Gracious marche ici, cela pourra marcher ailleurs!» On croirait entendre Diane Keaton dans Baby Boom.