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Journée de la femme: comment se consoler en repassant

En Suisse, seul un homme sur cinq repasse lui-même ses habits. Notre chroniqueuse, experte en la matière, préfère envisager cette corvée comme de la nanotechnologie appliquée.

Selon une étude menée par l’Office fédéral de la statistique suisse, les femmes accomplissent près de 24 heures de travail domestique par semaine contre 5,5 heures en moyenne pour les hommes. Or, s’il est une activité où ces derniers sont plus particulièrement absents c’est bien le repassage. Seuls quelque 20% de bras masculins s’y adonnent.

Jusqu’ici, à l’heure d’attaquer cette corvée, je commençais par convoquer les propos de Jean-Claude Kaufmann, qui minimise la part d’aliénation qu’implique cette action pour celles qui s’y trouvent enfermées. Avec le sociologue français du linge, auteur de «La trame conjugale. Analyse du couple par son linge», cette «action ménagère» n’est pas moins digne d’intérêt qu’une autre. Fort théorique, cette démonstration est d’un effet peu durable.

Seconde étape pour tenter d’alléger la tâche astreignante qui m’attend: travailler en me divertissant. En ce samedi matin, deux épisodes de la série danoise «Borgen» devraient permettre à mon tas — que dis-je, mon Everest — de vêtements froissés, de fondre comme les glaciers de l’Himalaya.

Mais qui donc s’occupe des vêtements toujours impeccables de Birgitte, un premier ministre qui tente de corriger les mauvais plis de ses ministres? Aucune scène ne montre son mari se livrer à cet exercice physique qui galbe mes biceps; une autre consolation! Un sujet de dispute conjugale pas encore abordé dans ce feuilleton.

J’attends de voir si cette lacune sera comblée dans les épisodes suivants, soit lors de ma prochaine séance de repassage. Jusqu’ici, je le confesse, je comptais sur l’action de la vapeur de mon fer sur les tissus sans en comprendre les mécanismes d’action. Une ignorance dont je viens de sortir, ravie d’apprendre que les nanotechnologies me sont en fait familières.

C’est effectivement un phénomène nanoscopique qui explique pourquoi la vapeur est efficace dans le repassage des tissus. Des physiciens français se sont demandé pourquoi il est plus facile de défroisser un tissu lorsqu’il est humidifié par la vapeur du fer que lorsqu’il est sec. Incroyable mais vrai, les scientifiques avaient négligé jusqu’ici ce problème crucial!

Afin d’analyser l’effet de l’humidité, les chercheurs ont travaillé dans un laboratoire contenant plus ou moins de sels absorbeurs d’eau. Ils ont constaté que la vitesse d’ouverture des plis de leurs échantillons de tissus augmente considérablement avec le taux de vapeur. Ainsi, le lin, à 80% d’humidité, se défroisse près de six fois plus rapidement qu’à un taux de 20%. Plus étonnant encore, pour un matériau de la même matière mais non tissé, l’humidité n’a aucun effet sur la vitesse.

L’humidité crée des ponts de quelques nanomètres (un millième de micromètre) d’épaisseur agissant comme une colle qui rapproche les fibres d’une largeur de quelques dizaines de micromètres. Ainsi, le tissu peut revenir à son état initial. Plus l’humidité est grande, plus cet effet de collage est accéléré. «Il est amusant de constater que des objets nanoscopiques ont des conséquences observables à l’oeil nu», relève Anne-Laure Biance, une des auteurs de cette étude. Et moi… je suis fière de maîtriser les nanotechnologies!

Après avoir compris quels mécanismes physiques j’engendre avec mon fer, reste encore à m’expliquer avec de solides, et non de vaporeux arguments, pourquoi cette tâche a été dévolue à ma grand-mère, à ma mère et maintenant, après des décennies de libération de la femme, à moi?