Les plateformes internet telles que Facebook attirent davantage de profils féminins. A l’opposé, le beau sexe est quasiment absent des contributions à Wikipédia.
Les réseaux sociaux séduisent un pourcentage plus élevé de femmes que d’hommes. C’est ce que révélait une étude réalisée en mai 2010 par la société américaine Comescore, spécialisée dans la mesure des médias numériques. Il ressortait de cette enquête que 75,8% de femmes dans le monde ont visité un réseau social contre seulement 69,7% d’hommes. En Europe, elles étaient même 85,6% à l’avoir fait, contre 80,6% parmi les internautes masculins.
L’étude de Comescore a fait apparaître une autre spécificité féminine: une fois sur les réseaux sociaux, les femmes y passent en moyenne 30% de temps en plus que les hommes. Elles y consacrent cinq heures trente par mois, contre tout juste quatre heures pour les hommes.
«On observe que les femmes ont un intérêt plus prononcé pour la communication interpersonnelle, relève à ce propos Olivier Glassey, enseignant à l’Université de Lausanne et spécialiste de l’utilisation des nouveaux médias. Pour leur part, les hommes sont plus enclins à la prise de parole en public et à l’affirmation de soi.» Observation confirmée par une statistique de la société américaine Hubspot, qui dévoile les comportements respectifs des hommes et des femmes sur Facebook: si les représentants des deux sexes ont le même nombre d’amis en moyenne (130), les femmes parlent davantage d’elles-mêmes et postent plus d’informations que les hommes (+55%) sur leur mur.
Dans le détail, les statistiques montrent également qu’aux Etats-Unis, les femmes représentent 59% des utilisateurs de Twitter et 57% des profils de Facebook. Ces dernières données sont toutefois à considérer avec précaution, car certains internautes hommes se font passer pour des femmes – l’inverse étant moins fréquent…
En dépit de leur activisme sur les réseaux sociaux, il est pourtant un domaine de l’internet participatif auquel les femmes s’intéressent peu: en effet, comme le montre une enquête de la fondation Wikimedia, publiée en 2009, 13% seulement des contributeurs anonymes et bénévoles de Wikipédia sont des femmes. Le New York Times, qui a relaté cette étude, a observé pour sa part que les sujets connotés «féminins» (les bracelets brésiliens, la série Sex and the City) sont traités de façon beaucoup moins approfondie que les sujets typiquement masculins (le base-ball, la série les Sopranos).
Aucune étude scientifique n’a encore expliqué les raisons de ce déséquilibre des genres, au-delà de l’approche purement féministe, qui pointe le sexisme toujours en vigueur dans le monde informatique, notamment.
_______
Une version de cet article est parue dans la revue Hémisphères.