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Troc électoral et manœuvres en coulisses

Quand les bourgeois s’encanaillent avec les braillards de l’UDC; quand les droit-de-l’hommistes et les radicaux canardent Simonetta Sommaruga; quand les partis gouvernementaux jouent au poker avec le siège d’Eveline Widmer-Schlumpf, personne n’en sort vraiment grandi.

Ils en sont donc là. Petite combine et troc électoral sordide. «Ils», à Genève, ce sont les gars de l’Entente, PLR et PDC. Deux, ou plutôt trois grands vieux partis, qui ont fait chacun à leur manière l’histoire de la Suisse. Des radicaux, des PDC, des libéraux devenus aujourd’hui tellement pétochards, tellement sans volonté ni principes qu’ils tremblent devant leur ombre et la gauche.

Peur, oui, jusqu’à s’acoquiner avec les braillards de l’UDC. Pas de candidat de l’Entente donc contre l’UDC Nidegger dans la course à la cour des comptes. En échange, pas de candidat UDC contre le ticket de l’Entente au conseil des Etats. Le Lilliput de la politique.

Ils en sont donc là, chefs de départements cantonaux, extrême-gauche, milieux de l’asile. Pleurnicher contre la politique de Simonetta Sommaruga, pour des raisons à peu près inverses. Selon par exemple le chef du département vaudois de l’Intérieur, Philippe Leuba, la Bernoise n’en ferait pas assez. Pas assez d’accords de réadmission avec les pays d’origine des requérants, pas assez de structures d’accueil, pas assez de procédures accélérées de renvoi.

Pour les milieux de l’asile, pour des organisations comme Amnesty International, pour le POP, la cheffe du département fédéral de justice et police en ferait au contraire beaucoup trop. Trop de remarques stigmatisantes — notamment envers certains jeunes requérants nord-africains «qui se comportent de façon impossible et qui discréditent l’ensemble des réfugiés et des requérants». Trop de manœuvres inavouées pour réactiver de vieux plans de renvoi facilité.

Lorsqu’on réussit à fédérer contre soi des ennemis irréductibles, c’est sans doute que l’on n’est pas loin du juste milieu. Mais loin en revanche des idéologies de tous bords et poils qui oublient que les requérants ne sont ni des anges ni des démons. Juste des gens.

Ils en sont donc là. Faire joujou avec le siège d’Eveline Widmer-Schlumpf. Radicaux, socialistes, PDC, tous occupés à leurs fines stratégies, comme le soulignait récemment l’ex-directrice de M.I.S. Trend, Marie-Hélène Miauton. Les radicaux sont pour l’éjection pure et simple de la Grisonne, histoire de se faire bien voir de l’UDC, dont le soutien pourrait s’avérer décisif dans l’optique de sauver deux sièges qui ne vont plus de soi, au regard des derniers sondages.

Le PDC, lui, compte bien œuvrer au maintien de la fille à Léon. Un calcul à long terme qui verrait le PBD, lorsque sa championne se retirera d’elle-même, favoriser le retour d’un deuxième démocrate-chrétien dans le saint des saints.

Les socialistes aussi tenteront de sauver la peau d’Eveline. Pour faire la nique à l’UDC mais aussi bétonner le deuxième siège PS face aux appétits grandissants des camarades verts. Aucune place dans ces manœuvres pour un quelconque bilan objectif de la Conseillère Widmer-Schlumpf.

Face à ces quelques tristes exemples de politique strictement politicienne, c’est presque miracle que l’UDC baisse dans les sondages, pour la première fois en trois ans. Une actualité mondiale particulièrement imposante ces derniers mois (grise grecque, catastrophe de Fukushima) semble avoir soudain rendu bien anecdotiques les thèmes préférés de l’UDC. Péril migratoire, comme si des hordes de barbares islamistes se pressaient déjà aux portes de Berne. Sécurité, comme si nos zones villas s’étaient transformées en terrains vagues dignes du Bronx ou des campagnes afghanes.

Face à de vraies détresses, le fond de commerce de l’UDC apparaît en somme pour ce qu’il est: un fantomatique trompe-couillons.