Les palettes ont envahi le monde. Comment envisager un transport rationnel des marchandises sans cet accessoire devenu indispensable? Voici l’étonnante histoire de cet outil par excellence de la mondialisation des échanges.
Comment la palette est-elle devenue le symbole de mondialisation? On sait qu’elle a vu le jour à Brooklyn au début des années 1940. Ses pères sont Charles D. Kirk, capitaine dans la Marine et son lieutenant Walter T. Sheldon. Leur souci était de remplir au mieux les wagons de chemins de fer. Ils y parvinrent en divisant le plancher en carrés de 1,2 mètres de côté. La palette était née et, avec elle, une invention majeure mais rarement évoquée du XXème siècle.
La Seconde Guerre mondiale et le Débarquement vont lui donner un essor considérable. L’Europe développa son propre type de palette il y a cinquante ans. C’est en 1961 que naquit la «palette Europe» ou «EUR-EPAL». Ses dimensions normalisées sont de 800 mm de largeur et 1200 mm de longueur. L’European Pallet Association se charge du contrôle de la fabrication et de la réparation de ces palettes d’un poids d’environ 30 kg, conçues pour transporter des charges jusqu’à 1400 kg.
La gestion des millions de palettes en circulation s’est complexifiée. On tente de réduire leur coût d’utilisation par leur réutilisation et leur location. L’entente entre chargeurs, transporteurs et grossistes destinataires n’est pas toujours facile et les débats autour de la palette se multiplient. L’université de St Gall compte des chercheurs qui planchent sur cette question. On recense même des séminaires «Palettes».
La consommation de palettes est devenue l’indicateur de l’activité économique d’un pays. En France, on en fabrique 60 millions par an, mais on en charge 600 millions, soit 10 palettes par an et par Français. Des palettes qui viennent d’entrer dans une ère nouvelle.
Au début du mois de juin, l’armée américaine, grande consommatrice de palettes, a annoncé qu’elle se lançait dans l’automatisation du paquetage, du chargement et du déchargement des nombreuses palettes embarquées dans ses avions cargos, faisant désormais exécuter ces tâches par des «robots-palettes intelligents». Il s’agit d’un système nommé i-Pbot utilisant des roues omnidirectionnelles ainsi que des actionneurs hydrauliques permettant aux robots de se déplacer vers l’endroit désiré. Une mise en réseau leur permet de communiquer entre eux pour assurer la coordination de leurs mouvements. Bienvenue aux i-palettes!
Plus prosaïquement, des particuliers donnent une seconde vie aux palettes en bois. Ainsi, deux étudiants de l’école d’architecture de Vienne, Gregor Pils et Andréas Schnetzer, ont été récompensés par le prix Gaudi pour un projet nommé «PalettenHaus», une maison en palettes. Nombreux sont les artistes dont les installations sont constituées de palettes revues et corrigées! «Trans-Pal» de Stefan Shankland n’en comptait pas moins de 2000… Quant aux bricoleurs, ils transforment les palettes en cabanes pour enfants, poulaillers ou meubles.
Ecologiques et économiques, les palettes semblent avoir encore de beaux jours devant elles.