LATITUDES

Street climbing, la grimpe en ville de Genève

Confrontés à un manque d’infrastructures, les grimpeurs se mettent à escalader les ponts, monuments et bâtiments genevois. Présentation d’un nouvel engouement.

C’est la dernière tendance dans le monde de la grimpe: l’escalade en pleine ville. Une pratique nommée street climbing (ou urban climbing) dont le grand public avait déjà pu se faire une idée grâce à la figure du «Spiderman français» Alain Robert, célèbre pour ses ascensions des plus hauts gratte-ciel du monde.

Les grimpeurs genevois de Nouvelle vague, premier reportage consacré au street climbing, s’inscrivent dans une autre mouvance. «Alain Robert cherche la hauteur, nous cherchons la difficulté, sans risquer notre vie», explique Morgan Boissenot, qui a réalisé le film avec son frère Yannick. Alain Robert grimpe en solo tandis que notre pratique est liée au groupe, dans un esprit d’équipe et de convivialité.»

Cela fait maintenant deux ou trois ans que la bande se consacre régulièrement à la grimpe en ville. Ses débuts ont coïncidé avec la fermeture du squat Artamis, qui comprenait un mur d’escalade. Le street climbing, en plus d’être considéré comme du freeride, permet donc de remédier au manque d’infrastructures à disposition des grimpeurs.

Police intéressée

Mais tout cela est-il bien légal? «La pratique du street climbing n’est ni autorisée, ni interdite, informe Loïc Gaidioz, l’un des dix meilleurs grimpeurs au monde, qui a escaladé pour le film la fameuse «chaise cassée» devant l’ONU, sous le regard indifférent des gardiens de sécurité. La pratique est tolérée «tant que nous ne pénétrons pas dans des propriétés privées ou ne causons pas de dégradation. C’est évident. Nous ne sommes pas des délinquants.»

Les édifices escaladés ont ainsi été soigneusement respectés. «J’ai été vraiment surpris en bien par la réaction de la police tout au long du tournage, ajoute Morgan Boissenot. Ils se montraient compréhensifs et même intéressés.»

Produit par Red Point Movie, la société de Yannick Boissenot spécialisée en films de sports extrêmes, Nouvelle vague a nécessité 14 mois de réalisation, dont huit de tournage. Sans compter les nombreuses semaines de repérages dans les quartiers genevois. En effet, grimper en ville ou en décor naturel revient exactement au même du point de vue technique, mais il faut du temps pour déterminer les bons spots en zone urbaine.

Les particularités de Genève? «Une grande diversité au niveau de l’architecture et des matériaux, répond Téo Genecand, étudiant en droit et grimpeur depuis 12 ans. Pour le film, il fallait aussi trouver des édifices intéressants aussi bien du point de vue de la grimpe qu’esthétique.» Comme par exemple le pont de la Coulouvrenière, le défi du moment pour les grimpeurs, puisqu’aucun d’eux n’a encore réussi à le traverser.

De passage dans d’autres villes, leur réflexe est bien évidemment «d’imaginer les lignes à grimper.» Les frères Boissenot y penseront en Angleterre, lorsqu’ils iront présenter Nouvelle vague, sélectionné au Festival du film d’aventure de Sheffield. «Une bonne ville de grimpeurs», selon Loïc Gaidioz.
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Une version de cet article est parue dans l’Hebdo.