Face à la concurrence des écrans tactiles, le leader mondial des périphériques prépare sa riposte. Avec des interfaces plus mobiles, autonomes et instantanées.
Ustensile incontournable de la vie professionnelle quotidienne, sorte de prolongation du bras du salarié du XXIe siècle, la souris pourrait-elle disparaître du champ de vision de nos bureaux? La concurrence, notamment en provenance d’Apple, est rude, avec des trackpads de plus en plus efficaces et l’arrivée en puissance des écrans tactiles qui équipent smartphones et autres tablettes.
Pour Logitech, spécialisé dans les périphériques informatiques, la chose est claire: «La souris ne va pas disparaître du jour au lendemain, affirme Rory Dooley, responsable du secteur souris et claviers. Sur des distances courtes de l’ordre d’un mètre, comme dans un bureau, c’est l’interface qui permet la meilleure gestion de l’espace avec peu de mouvements.» Si l’outil le plus adapté à la mobilité est bien sûr le smartphone, l’écran, le clavier et la souris semblent rester les interfaces les plus appropriées pour le travail effectué en position assise.
«Imaginez la fatigue dans nos bras à la fin d’une journée de travail si nous vivions dans un monde comme celui décrit dans le film «Minority Report», remarque Rory Dooley, faisant référence à l’idée d’une interface basée sur des gestes manipulant des objets affichés sur un écran vertical. Cette gestuelle d’envergure conviendrait davantage aux espaces permettant un recul d’environ 5 m, comme par exemple un salon ou une salle de jeux.
La souris n’a pas dit son dernier mot et veut s’adapter. A l’origine entièrement mécanique, elle a progressivement intégré la technologie optique, le laser puis le sans fil. Plus récemment, Logitech a mis au point un modèle fonctionnant également sur des supports en verre, ce qui ouvre la voie à quasiment toutes les surfaces. Une innovation de taille lorsque l’on sait que le relief du verre est beaucoup plus lisse que celui du bois, le laser de la souris disposant de très peu d’indices pour se repérer.
Et demain? «Les tablettes vont fortement influencer les ordinateurs, souligne Rory Dooley. Les aspects liés à l’instantanéité et à la mobilité seront plus marqués. Les appareils devront toujours être prêts à être enclenchés.» Certains modèles de souris de l’entreprise vont s’inspirer directement de l’écran tactile et reconnaîtront par exemple si on les presse avec un ou deux doigts, afin de permettre des fonctionnalités avancées telles que le zoom. «Nous allons beaucoup travailler sur l’autonomie, poursuit Rory Dooley. Aujourd’hui, les piles de nos souris durent jusqu’à trois ans. Notre but est d’atteindre cinq ans, soit la même durée de vie que la plupart des appareils électroniques.»
Autre importante piste de développement pour la multinationale vaudoise: améliorer la fluidité du scrolling (défilement d’écran) afin de rendre la lecture la plus confortable possible, là encore en prenant comme modèle les écrans tactiles. Logitech travaille aussi sur les matériaux — surtout les mélanges de plastique et de caoutchouc — afin de rendre le contact des souris plus agréable au toucher. Enfin, dans le futur, elles pourront être adaptées aux différentes morphologies de mains. Dernière évolution étudiée, la Touch Mouse, ou le smartphone qui se convertit en souris grâce à une connexion Wi-Fi. Une option intéressante — mais que faire lorsque l’on reçoit un appel pendant l’utilisation?
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Une version de cet article est parue dans le magazine Reflex.