Dans le service de chirurgie plastique et reconstructive du CHUV, l’animal est utilisé pour faciliter la cicatrisation. Les explications de Véronique Séchet, infirmière cheffe du service.
Dans un flacon, deux sangsues attendent l’heure du repas. Dans le Service de chirurgie plastique et reconstructive du CHUV, pas de doute, elles auront de quoi se remplir la panse. «Les sangsues sélectionnées aiment le sang humain. Ce qui n’est pas le cas des sangsues du lac!», explique en riant Véronique Séchet, infirmière cheffe du service.
Depuis l’ouverture du Service de chirurgie plastique, cette technique ancestrale est largement utilisée. Elle est aussi très populaire dans le Service ORL, pour travailler sur les greffes maxillo-faciales. «Elles absorbent le vieux sang, décongestionnent et injectent un liquide qui contient un anticoagulant puissant.»
Cas concret: lors de la reconstruction d’un sein après un cancer, le lambeau de peau greffé est parfois engorgé, bleuté. Les sangsues sont alors utilisées afin d’aider la microcirculation dans le lambeau du sein. «On pose la bête sur la plaie, on la recouvre d’un pansement, et on la laisse pendant une demi-heure maximum, explique Véronique Séchet. On peut poser une ou deux sangsues à la fois. Le patient bénéficie d’une surveillance rapprochée, car une fois que la sangsue a mangé, elle tombe et part se promener!»
Méconnue, cette méthode surprend parfois les patients. «Ils ont peur que la sangsue entre dans leurs orifices naturels, mais elles ne le font pas», rassure l’infirmière cheffe. Côté douleurs, aucune crainte. Les patients disent n’en ressentir aucune.
Une fois que la sangsue a fini son travail et, au passage, triplé de volume, elle ne peut plus être utilisée pour soigner d’autres patients. «Après le traitement, elles sont plongées dans un désinfectant très puissant et éliminées dans les incinérateurs…»
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Des asticots à l’assaut des plaies
Parmi les techniques étonnantes et certainement vieilles comme le monde, l’asticothérapie fait frémir plus d’un patient et… plus d’une infirmière! Utilisés pour manger les peaux mortes et les zones sales (zones composées de pus), les asticots (de mouches), placés dans un sachet posé sur la plaie, sont diablement efficaces. «Nous venons de commencer. C’est magnifique! Ils détruisent les tissus morts, fabriquent des enzymes et c’est du bio local», se réjouit Claire Picard, infirmière experte en plaies et cicatrisation. Mais l’asticothérapie ne remplace ni les sangsues ni, par exemple, la thérapie par pression négative (système VAC). Elle serait plutôt complémentaire.
«L’appareil VAC permet d’enlever les tissus morts, d’absorber les suintements et de favoriser la fabrication de vaisseaux capillaires, précise Véronique Séchet. Par exemple, dans une phase post-greffe, on pose le VAC sur la peau greffée. Cela plaque le greffon, et lui permet d’adhérer plus vite à la plaie.» Concrètement, il s’agit d’une mousse qui épouse la forme de la plaie. Elle est reliée à un tuyau qui évacue le liquide, grâce à un petit moteur. Le pansement peut être gardé cinq jours, et l’appareil est transportable en bandoulière, tout en restant connecté. Cette méthode est donc idéale pour améliorer la mobilité des patients, et leur faire poursuivre le traitement à la maison, «ou même au cinéma»!
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Une version de cet article est parue dans CHUV Magazine.