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Les mauvaises réponses de la droite à une mauvaise idée de la gauche

A la bancale initiative du PS visant à faire payer les plus riches, la droite répond par des arguments hypocrites ou misérables. Comme s’il n’y en avait pas d’autres…

Faire payer les riches! Avec son initiative fiscale, le PS retrouve ses vieux fondamentaux et un semblant de plaisir à secouer le cocotier politique. Surtout après les marécageuses contorsions où l’UDC l’avait poussé, sur des thématiques aussi piégées que l’islamisation de la société ou la criminalité étrangère. Là au moins, c’est du lourd, du solide, du connu, du fastoche à expliquer. Faire raquer les opulents, chacun comprend.

Face donc à cette iniative «boum badaboum» qui propose de fixer un plancher d’imposition à 22% pour les revenus de plus de 250’000 francs, la droite monte aux barricades. Mais avec des sabots trop gros pour être honnêtes.

Et d’abord cet argument servi ad nauseam: Messieurs les Gros Contribuables, à supposer qu’on vienne un peu trop leur chatouiller le fond du portemonnaie, pourraient s’en aller voir ailleurs. Au hasard, à Monaco. Voir si le ciel est plus bleu — il y a des chances —, l’herbe plus verte — c’est moins sûr —, mais surtout l’or plus jaune et l’argent plus blanc.

Mieux vaut donc tout faire pour que Messieurs les Gros Contribuables s’en tiennent, comme aujourd’hui, couvés par les bienveillantes et concurrentes fiscalités cantonales, à de plus courtes escapades. De plus discrètes fuites. De plus légères trahisons. Histoire qu’au moins la manne reste au sein du giron confédéral.

Oui, tout faire pour que Messieurs les Gros Contribuables se contentent de déménagements fictifs qui restent néanmoins citoyens. De Bâle à Schwytz par exemple — comme de vulgaires Ospel ou de simples Federer. On peut d’ailleurs faire semblant de s’étonner que la campagne du PS alignant sur les murs quelques spectaculaires têtes de turcs, ait ciblé Vasella ou Ospel mais laisse en paix le gentil Rodgère.

Le problème avec cet argument — dorlotter les riches pour qu’ils continuent à garder leur bel argent chez nous — c’est que les droites allemande, française et italienne utilisent exactement le même pour éviter que leurs riches à eux viennent goûter aux charmes fiscaux de nos alpages à nous. Et qu’alors, cet argument, nous le trouvons injuste, pervers, malveillant, hypocrite et liberticide.

En réalité, cette position — craindre la colère des pleins aux as — développée notamment par la directrice de la chambre vaudoise de commerce Claudine Amstein dans «Le Temps», n’est pas un argument. C’est une absence d’argument, une lâcheté qui équivaut à baisser les bras, se borner à constater, prendre acte d’un chantage et ânnoner, comme depuis des décennies, ce plus creux d’entre les haikus libéraux: trop d’impôt tue l’impôt. On ajouterait presque: poil au dos.

Sans jamais dire, évidemment, où commence ce fameux «trop», à partir duquel, comme par miracle, un contribuable serait excusable de fuir ou tricher. Le Conseiller aux Etats Alain Berset a sans doute raison de répliquer à Claudine Amstein que face à Monaco et ses taux zéro, la Suisse ne sera jamais fiscalement concurrentielle. Que donc cette course à l’allègement fiscal tourne à l’absurde.

Alors qu’il existe de vrais arguments à opposer à l’initiative fiscale du PS. En demandant par exemple, sans provocation, s’il est juste de faire encore payer les riches. Eux qui semblent déjà accomplir largement leur part. Le chiffre est connu: 20% des contribuables qui crachent 80% des recettes.

Mais la droite préfère agiter des chiffons rouges au vent de la mauvaise foi. C’est un Fulvio Pelli affirmant, sans preuve aucune, qu’une fois l’initiative acceptée les très hauts revenus ne seront pas seuls à voir leur bordereau enfler méchamment: «C’est toute la courbe de la charge fiscale qui devra être revue à la hausse, avec comme résultat une hausse d’impôt pour tout le monde sauf peut-être pour les très bas revenus.» Invérifiable, limite malhonnête mais terriblement efficace. Qui dans le doute fiscal ne préfèrerait pas s’abstenir?

Surtout dans un pays où lorsqu’on évoque la possibilité que la classe moyenne finisse par se faire dépecer, ils sont nombreux, très nombreux même, à se sentir soudain visés. Faire payer les riches dans un pays de riches: on sent bien que cette idée-là ne tiendra pas longtemps debout.