Les passeurs inaugurent un nouveau mode de transport, dans le but de mieux berner les gardes-côtes.
«C’est la première fois que j’entends parler de ça!» Peter Verhaeghe, spécialiste des questions d’immigration au sein de l’association Caritas Europe, ne cache pas sa surprise en apprenant que les passeurs de migrants clandestins utilisent désormais des bateaux de luxe pour gagner l’Europe par la Méditerranée.
Pourtant, le 18 août dernier, c’est bien un yacht transportant environ 120 personnes, en provenance d’Irak et d’Afghanistan, qui a été appréhendé en Calabre, dans le sud de l’Italie. «Ce n’était vraiment pas le bateau de pêche typique utilisé pour ce trafic humain, mais plutôt un grand yacht d’environ 15 mètres de long», a expliqué à l’AFP le porte-parole des gardes-côtes italiens.
La méthode a de quoi séduire par sa discrétion: en plein été, la Méditerranée regorge de bateaux de croisière touristiques. Au milieu d’eux, un yacht transportant des immigrés peut passer inaperçu, contrairement aux zodiacs, barques de pêcheur et autres pirogues improbables traditionnellement utilisés. «Apparemment les passeurs ont changé de stratégie, poursuit le porte-parole. Ils utilisent de plus en plus souvent des bateaux à moteur ou des voiliers qui n’attirent pas beaucoup l’attention. De l’extérieur, ils ont l’apparence des embarcations normalement utilisées par des touristes.»
«Nous avons remarqué que, à chaque fois qu’une mesure visant à limiter l’immigration clandestine est introduite, les passeurs s’adaptent très vite, souligne Peter Verhaeghe. Par exemple, depuis que les contrôles entre le Maghreb et l’Europe ont été durcis, nous observons une augmentation du trafic entre la Turquie et les îles grecques. Tout cela confirme que le passage de clandestins par la Méditerranée n’est pas du tout terminé, qu’il continue selon des routes et des gestions différentes.»
_______
Une version de cet article est parue dans l’Hebdo.