TECHNOPHILE

OLED, un éclairage révolutionnaire

Cette nouvelle source lumineuse consomme quatre fois moins d’énergie que les diodes électroluminescentes classiques, et peut s’intégrer dans des objets. De quoi métamorphoser l’éclairage intérieur et le design. Exemples.

De la lumière, sans ampoule. C’est, en résumé, ce que permettent les OLED, ces diodes électroluminescentes organiques qui forment des surfaces lumineuses de moins de deux millimètres d’épaisseur. Elles appartiennent à la famille des sources de lumière à semi-conducteurs, tout comme les LED abondamment utilisés dans les éclairages publics et l’automobile. Sauf qu’à la différence de ces dernières, elles utilisent des matières organiques composées de carbone et d’hydrogène pour l’émission de lumière.

Cette nouvelle technologie convient particulièrement à la décoration et l’architecture d’intérieur. Lors du dernier Salon du Meuble de Milan, le célèbre designer britannique Tom Dixon a créé la surprise en présentant une collection étonnante de «lampes plates à suspension». En utilisant la technologie OLED développée par Philips Lumiblade, il a imaginé des cadres luminaires extrêmement fins, réalisant ainsi une économie non négligeable de matériaux et d’énergie au cours du processus de fabrication.

En parallèle, la société hollandaise a exposé des dalles munies d’OLED pour éclairer le sol en surface. «C’est le créneau d’avenir de cette source lumineuse, prédit Simon Simos, architecte éclairagiste et professeur à la Haute Ecole d’Art et de Design de Genève. Les sources OLED pourront produire de la lumière uniformément distribuée sur une grande surface de très faible épaisseur, en plastique ou en verre. Ces deux caractéristiques ouvriront aux architectes et designers de nouvelles perspectives de création d’espaces aux ambiances colorées et tamisées, où les murs produiraient de la lumière.»

Actuellement, les OLED sont montées sur un support en verre. «C’est un sandwich avec, au milieu, un autre sandwich de deux électrodes, l’une transparente et l’autre en aluminium, explique Kristin Knappstein, directrice du développement commercial de Philips à Aachen, en Allemagne, dans l’usine consacrée au développement de ce secteur. Au centre se trouve la substance organique qui émet la lumière.»

La société espère produire dans les dix prochaines années des bases en plastique souple et flexible. Ainsi, la technologie pourrait être appliquée à tout type de forme de meubles ou d’aménagement, telle une chaise ou des escaliers. «Il se pourrait que ces produits révolutionnent notre rapport à la lumière et créent de nouveaux usages, poursuit le spécialise de l’éclairage Simon Simos. Aujourd’hui, nous connaissons des objets qui diffusent de la lumière, à savoir les lampes. A l’avenir, ce sont les objets eux-mêmes qui deviendront lumineux.»

Reste que les OLED ne sont pas encore suffisamment abouties pour être commercialisées en masse. C’est en tous les cas l’avis des fabricants que Simon Simos a rencontré lors de la foire de luminaire de Francfort en avril dernier. Le problème, c’est leur courte durée de vie. Elles ne dépassent pas 15’000 heures. En plus, elles sont très fragiles. «Ce sont des molécules organiques qui ne supportent pas une grande dose de courant, sinon elles chauffent, se dégradent et meurent, explique Nicolas Grandjean, professeur en physique à l’EPFL, spécialisé dans le domaine des semi-conducteurs. C’est pour cela qu’elles diffusent peu de lumière sur une plus grande surface.»

Pour ces raisons, l’OLED restera, selon lui, un produit de niche dédié à la décoration et à des applications liées à l’affichage. Il ne sera pas à même de détrôner les LED et autres types d’éclairages classiques, car la source de luminosité n’est pas assez forte. Mais, d’ici quelques années, les recherches en cours permettront certainement de développer des molécules plus stables.