CULTURE

Des effets de la musique de Mozart sur l’intelligence

Ecouter Mozart rend-il vraiment plus intelligent? Depuis une vingtaine d’années, un public nombreux aime y croire. Une nouvelle étude vient d’être publiée à ce sujet.

Le mythe de l’effet Mozart vient de recevoir un sérieux coup de massue. L’étude menée par Jakob Pietschnig de l’Université de Vienne (publiée dans la revue «Intelligence») n’a pu confirmer l’existence d’une corrélation entre l’écoute de la musique du génial compositeur et un accroissement des capacités cognitives.

Cette thèse, défendue en 1993 par Frances Rauscher de l’Université de Californie, n’avait jamais été définitivement abandonnée depuis, malgré de fréquentes tentatives de la démentir.

Jeanne-Claude, l’artiste emballeuse et femme de Christo, croyait à l’efficacité de l’«effet Mozart». Elle était même persuadée qu’il avait contribué à la notoriété du couple. Son mari raconte que de la musique du compositeur autrichien était diffusée en continu dans les lieux qu’ils habitaient.

Jeanne-Claude est décédée sans connaître les résultats de l’étude de Jakob Pietschnig.

Comment les auditeurs acquis à l’effet Mozart réagiront-il en apprenant qu’une étude portant sur 3000 étudiants n’a pas été en mesure d’établir un quelconque lien entre leur musique préférée et l’amélioration de leur QI? «Je conseille à chacun d’écouter de la musique de Mozart, même si cela n’entraîne pas d’amélioration des performances cognitives», écrit Jakob Pietschnig.

Le mythe reposait, lui, sur un travail de recherche impliquant seulement 36 étudiants. Leur aptitude au raisonnement spatial aurait été améliorée après l’audition de la Sonate pour deux pianos en ré majeur (K448) de qui vous savez.

Une base certes un peu fragile qui n’a pas moins soutenu un impressionnant édifice de crédulité. En 1999 déjà, des chercheurs de l’Appalachian State University avaient tenté de reproduire l’expérience. Sans succès.

Qu’à cela ne tienne, l’effet Mozart réjouissait l’industrie musicale en permettant de vendre des disques censés «ouvrir l’esprit des jeunes», des compilations souvent douteuses de morceaux aux aptitudes les plus diverses: amélioration du sommeil, de la concentration, du syndrome de la Tourette, de la croissance des plantes vertes et, il fallait y penser, de la production laitière. Sans compter les jeunes parents qui ont fait l’acquisition du «Mozart Prenatal Music CD Kit».

Le génie de Mozart a eu la faculté d’être contagieux par-delà les siècles. L’effet placebo a fonctionné à merveille. Un privilège que Bach n’a pas connu, alors que, sur moi par exemple, sa musique a des pouvoirs qui mériteraient d’être vérifiés scientifiquement…