LATITUDES

Un petit fauve dans son salon

Descendants des chats-léopards, les bengals sont aujourd’hui considérés comme des animaux domestiques. Rencontre.

Le pelage roux moucheté de noir des bengals trahit leur ancêtre, le chat-léopard du Bengale. Populaires, ces félins domestiques trouvent de plus en plus d’acquéreurs — même au prix de 1500 francs le chaton.

«Je n’aimais pas les chats, confie Agnès Coigny, mais quand j’ai vu des bengals chez ma vétérinaire, j’ai craqué.» Cédant à l’insistance de son fils Arthur (4 ans), la jeune architecte a acheté en décembre dernier deux petits bengals âgés de 3 mois, Bud et Becks (les parents apprécient la bière). «Ils aiment grimper aux murs et passent leur temps à jouer. Ils font des courses dans l’appartement, se cachent et s’appellent — sans arrêt.»

De leur origine sauvage, ils ont hérité un trait plutôt rare chez les chats: l’amour de l’eau. «J’ai découvert un jour que Bud aimait prendre des bains avec mon fils, sourit Agnès Coigny. C’est peut-être propre pour le chat, mais moins pour mon enfant!»

«Ces animaux hyperactifs et athlétiques sont aussi très affectueux et communicatifs», souligne Catharina Söderström, vétérinaire et éleveuse de bengals à Saint-Sulpice (VD). Chez les Coigny, ils ne sortent jamais les griffes, bien qu’Arthur leur en fasse voir de toutes les couleurs.

Officiellement reconnue en 1983, la nouvelle race a été développée dans les années 60, lorsque des scientifiques ont essayé de transmettre aux chats domestiques l’immunité naturelle contre la leucémie féline dont les chats-léopards bénéficient.

Croisée avec des chats domestiques, la lignée de bengals a été encouragée afin de protéger leurs cousins sauvages, capturés bébés et vendus comme animaux de compagnie. Ce n’est qu’à partir de la quatrième génération (dénommée «F4») que les bengals sont considérés comme des chats domestiques. Avant, ce sont des hybrides réservés uniquement à certains éleveurs au bénéfice d’une autorisation spéciale, et qui gardent parfois un caractère un peu trop sauvage.

Chez les Coigny, Bud ronronne sur les genoux de sa maîtresse. C’est l’heure calme. Bientôt, les petits léopards de salon repartiront escalader les murs, comme leurs ancêtres grimpaient aux arbres.

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Photos: © Thierry Parel.
Une version de cet article est parue dans L’Hebdo.