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Le Suisse qui habille les sapins des stars

Dans son atelier bâlois, Johann Wanner emploie quinze personnes et travaille toute l’année pour rester à la pointe des tendances. Il décore les arbres des plus grands hôtels, du Vatican et de nombreuses célébrités.

Avec ses costumes sombres, Johann Wanner n’a rien d’un père Noël, même s’il adore la période des fêtes. Cet homme d’affaires efficace a construit sa fortune dans un marché de niche: les décorations des arbres de Noël. Son atelier, qui emploie une quinzaine de personnes, prépare des sapins spectaculaires pour de riches particuliers, des hôtels de luxe dans le monde entier ou des grands magasins comme les Galeries Lafayettes ou Fortnum & Mason à Londres. Le Bâlois de 69 ans reste discret sur sa clientèle privée mais ne dément pas les rumeurs qui racontent que les Windsor, la Maison-Blanche ou encore Marcel Ospel figurent parmi les habitués. Un sapin de Johann Wanner apparaît par ailleurs dans un épisode de la série «Dallas», pour un Noël chez les Ewing…

Du coup, les anecdotes ne manquent pas. Ainsi, lorsque le Vatican lui a commandé un arbre de 25 mètres de haut décoré de plus 700 boules. Johann Wanner avait installé un ange doré au sommet, qui n’a pas passé la nuit. «Sur ordre du Vatican, les pompiers l’ont remis à sa place, c’est-à-dire en bas, dans la crèche, explique Johann Wanner. Les traditions de Noël sont différentes dans chaque pays. On l’oublie, mais Noël est une fête païenne qui célébrait le solstice d’hiver et le retour des jours plus longs. Le sapin, qui gardait ses épines même en hiver, était une offrande à la nature. Il était décoré de pommes, qui sont devenues nos boules de Noël, d’étoiles pour les cieux et de cloches, symboles des messagers.»

Dans les années soixante, l’antiquaire bâlois redécouvre en Bohème, Thuringe et Pologne un savoir-faire intact. Les boules en verre sont soufflées à la main, peintes à l’extérieur et rendues réfléchissantes par une fine couche d’argent déposée à l’intérieur. Il surmonte les tracasseries administratives et développe un marché pour commercialiser les œuvres de ces artisans de l’Est.

Aujourd’hui, ses boules haut de gamme viennent toujours de ces mêmes ateliers. La Chine et le Sud-Est asiatique ne lui fournissent que des objets en papier mâché ou en soie.
Dans ses deux magasins de la Vieille Ville de Bâle, le choix est immense: on trouve des boules à 1 francs et des sphères géantes à 2’200 francs la pièce. Pour un sapin de 1,50 mètre joliment décoré par la maison Wanner, il faut compter environ 2’000 francs. Sur les arbres et les murs, pendus au plafond ou empilés dans des cartons, des milliers de pièces en verre ou en papier mâché remplissent l’endroit: des étoiles et des cœurs, des cerfs, des lapins et des oiseaux, des noisettes accompagnées de fruits et légumes, des trompettes et des anges.

Dans un coin, on trouve même un squelette dans son cercueil et un petit masque de diable rouge en verre. «C’est normal: là où il y a des anges, il y a des diables car ce sont des anges déchus! J’aime toutes les pièces présentées dans ce magasin, sauf celle-ci, dit-il en montrant une figurine représentant un GI entouré d’enfants d’irakiens. Elle est vraiment de mauvais goût.» Une commande spéciale d’un client que l’homme d’affaires s’est fait un devoir d’honorer…

Johann Wanner reste à la pointe des tendances en employant des ‘fashion scouts’ indépendants qui partent à la recherche des dernières tendances à Londres, New-York ou Tokyo. «Nos décorations s’inspirent de la mode. Par exemple, Noël 2008 est placé sous le signe des couleurs pastel et des pois.» Une collection que le «Chanel de la boule» a dessiné lui-même avant de transmettre aux fabricants. La crise ne touche pas cette entreprise étonnante: «Pendant les périodes difficiles, les gens restent fidèle aux traditions.» Comme l’illustre sa Rolls-Royce munie d’une plaque «X-MAS», pour Johann Wanner, c’est Noël toute l’année.

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Une version de cet article est parue dans le magazine économique suisse Bilan du 17 décembre 2008.