Pour maintenir son audience, la Radio romande diffuse certaines de ses émissions en podcast. L’auditeur peut les écouter quand il veut sur son baladeur.
«Nous avons commencé avec le « Son du jour » de Couleur 3, puis les émissions « On en parle » et « La capsule de Pain » de La Première sont venues compléter l’offre. D’ici quelques jours, c’est la grande nouveauté, nous diffuserons un podcast du flash info.» Pascal Bernheim, responsable multimédia de la Radio romande, coordonne la diffusion d’une partie des programmes en podcasting, via internet. «La consommation de radio connaît une importante mutation, observe-t-il. Il est très important de réagir car l’essor des baladeurs numériques a un impact sur nos taux d’écoute.»
Rien de dramatique pour l’instant: les audiences de la RSR ne fléchissent pas encore. Elles ralentissent leur croissance, ou se stabilisent. «Nous étions habitués à des plus fortes augmentations», indique John Lawrence, responsable des audiences à la RSR, qui analyse les derniers taux d’écoute.
Le constat est mathématique: comme les détenteurs d’iPod emportent leur musique partout avec eux, ils ont tendance à écouter de moins en moins la radio. «En utilisant le podcasting pour certaines de nos émissions, nous répondons à cette nouvelle demande de mobilité et de flexibilité.» Contraction des mots iPod et broadcasting, le podcasting – que les Canadiens ont joliment baptisé «baladodiffusion» – consiste à télécharger des programmes radiophoniques sur un walkman numérique. Pratiquement, l’usager télécharge l’émission de son choix sur son ordinateur, généralement gratuitement. Un logiciel adéquat transfère ensuite le programme sur son baladeur MP3, son assistant électronique ou même son téléphone portable, pour qu’il puisse ensuite l’écouter à sa guise.
Apple a directement intégré le processus de téléchargement et de transfert dans son logiciel iTunes, mais il existe d’autres programmes gratuits, comme SmartFeed, qui permettent de transférer un podcast sur un téléphone compatible MP3 ou un assistant électronique.
L’usager accède ensuite à l’émission de la même manière qu’à un titre musical. Généralement, l’internaute s’abonne à un podcast, afin de recevoir chaque nouvelle émission automatiquement sur son ordinateur, et d’éviter de devoir attendre le téléchargement.
A la RSR, on se réjouit du succès de la plateforme, lancée discrètement au printemps de l’an dernier. «Le Son du jour est téléchargé par 10’000 internautes chaque semaine, s’enthousiasme Pascal Bernheim. La tendance est claire: le futur de la radio sera certainement inspiré de cette nouvelle forme de consommation à la carte. Nous allons donc développer l’offre. Pour l’instant, les rédactions des différentes chaînes font des propositions, puis nous discutons de la pertinence d’une version podcast pour un programme.»
La création des fichiers n’occasionne que peu de frais pour la station, l’opération permettant de convertir les enregistrements en podcast étant automatisée. «Les éléments les plus coûteux sont le dispositif de serveurs, ainsi que la mise à disposition d’une bande passante suffisamment large pour permettre aux utilisateurs de télécharger les fichiers rapidement et simultanément», indique Pascal Bernheim.
Outre la flexibilité d’écoute, le podcast offre l’avantage de s’affranchir de la géographie et permet à l’internaute suisse installé en Guinée Conakry d’emporter les news de la Radio romande avec lui tous les matins. Peu coûteux et facile à mettre en place, le podcasting a donc logiquement été plébiscité par les radios du monde entier. Mais pas seulement: des internautes indépendants se sont aussi installés dans ce créneau et l’on trouve des centaines de programmes montés et diffusés par des amateurs sur des blogs. Certains composent leur hit-parade personnel, d’autres diffusent des mini-interviews de leurs amis ou encore des émissions qu’ils enregistrent à la radio et auxquelles ils ajoutent leurs propres commentaires en direct.
Pour ces amateurs comme pour les radios FM se pose bien sûr la question des droits d’auteur. «Certains contenus de podcasts, dont la musique, sont soumis aux droits d’auteur et nécessitent des autorisations pour être diffusés, explique Vincent Salvadé, responsable du service juridique à la Suisa, qui gère les droits d’auteur en Suisse. La négociation s’effectue avec les sociétés de gestion des droits d’auteurs ou les maisons de disques. Pour des raisons commerciales, ces dernières se réservent souvent l’exclusivité de la diffusion. Nous suivons de très près le dossier des échanges de fichiers sur l’internet. Même s’il n’est pas le sujet le plus discuté au sein de la Suisa, le podcasting fait partie de cette problématique.»
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Une version de cet article est parue dans le magazine L’Hebdo du 2 février 2006.