Bien installée aux Etats-Unis et au Japon, la haute définition arrive enfin en Europe. Production, retransmission, équipement, que va-t-elle changer?
Des images plus grandes, des détails plus fins, des couleurs plus vives, un son sur cinq canaux: regarder la télévision en haute définition (TVHD), c’est un peu comme le DVD comparé à une cassette vidéo VHS. Ce que les spécialistes comme Albrecht Gasteiner appellent un «saut qualitatif». En toute logique, le consortium qu’il dirige – et qui regroupe les grands fabricants – se réjouit que les consommateurs troquent leur équipement actuel pour acquérir des téléviseurs compatibles avec ce nouveau standard. «La TVHD se démocratisera à partir de 2006 en Europe, anticipe-t-il. Elle s’imposera naturellement.»
Dans les magasins spécialisés, on trouve déjà quelques téléviseurs haut de gamme portant la mention «HD READY», TVHD ou encore HDTV. La plupart sont des écrans plats (LCD ou Plasma) ou des projecteurs. Des technologies qui, compatibles avec les entrées numériques des ordinateurs, ont déjà des résolutions plus élevées que les téléviseurs traditionnels.
Comme en photographie, la différence essentielle de la qualité d’une image numérique vient du nombre de points (ou pixels) des images. Sur un téléviseur traditionnel, on compte environ 580 lignes et moins de 500’000 pixels par image. La haute définition affiche deux fois plus de lignes, et donc quatre fois plus de pixels (2 millions), pour chaque image. Pour l’instant, les appareils compatibles sont plus chers (compter 2’500 francs pour un écran LCD adapté), mais les prix chuteront rapidement.
S’il permet un saut qualitatif sur un téléviseur usuel grâce à un codage numérique des images, un DVD actuel ne permet pas de profiter de la haute résolution. Il faudra attendre la sortie (imminente) du HD-DVD (aussi appelé Blu-Ray) pour bénéficier d’un nombre plus important de pixels sur un disque.
Côté programme télé, il faut attendre que les diffuseurs fassent eux aussi le saut. L’Europe a pris du retard sur le Japon et les Etats-Unis; le marché, morcelé, ne permettait pas à un opérateur d’investir tout seul. Finalement, à la fin du mois, l’allemand Premiere lancera plusieurs canaux HD, suivi par le français TPS, puis le bouquet anglais BSkyB. L’an prochain, les Jeux de Turin serviront de transition, avant le grand saut que représentera la Coupe du monde de foot, entièrement filmée en HD.
La haute définition nécessite une transmission numérique des images, que ce soit par réseau hertzien (soit le numérique terrestre), par câble ou par satellite. En Suisse, pour en profiter, il faudra donc une parabole ou – lorsque les câblo-opérateurs le proposeront – un abonnement et un boîtier adapté. Les systèmes numériques, comme Naxoo à Genève, se développent rapidement sur le câble. Moyennant une modification du décodeur, ces réseaux s’adapteront facilement à la HDTV.
Au niveau de la production d’images, les équipements doivent aussi être mis à jour. Il faudra donc quelques années pour qu’une chaîne généraliste comme la TSR ou TF1 transmette des émissions d’actualité ou de divertissement en HD. Mais comme dit Albrecht Gasteiner: «On y viendra un jour: c’est une évolution logique».
——-
Une version de cet article est parue dans L’Hebdo du 17 novembre 2005.