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Maison, bureau: même combat, même mobilier

Les meubles s’adaptent à mesure que s’estompe la frontière entre vie privée et professionnelle. Vous travaillez à la maison, faites la sieste au bureau? Bienvenue dans l’ère du design hybride.

Plus que jamais, la frontière entre vie professionnelle et vie privée se fait ténue. Depuis la généralisation du téléphone portable et de l’internet, il est devenu aussi banal de gérer ses affaires personnelles au bureau que de travailler à la maison.

L’idée même d’un lieu dédié à un usage unique a définitivement vécu.

L’entreprise est sortie de ses murs pour fusionner avec l’ensemble de la réalité. Nous oeuvrons désormais partout: dans notre salon, dans le train, dans l’avion et nos attentes en termes de confort ne cessent de s’étendre.

Alors que nos maisons intègrent matériel informatique et accessoires de bureau, les entreprises ou les transports publics offrent maintenant des équipements de confort jadis réservés à la sphère privée.

Il était temps que le design s’en mêle sérieusement. D’un côté, les éditeurs de mobilier d’entreprise se mettent à créer des équipements plus ergonomiques et propices au bien-être de l’employé. De l’autre, ils conçoivent du matériel domestique inspiré par le fonctionnalisme du bureau.

L’univers du design «contract» (restaurant, entreprises, etc.) est considéré comme un laboratoire stimulant le marché propre à la maison. Avec pour conséquence un mobilier d’entreprise à l’esthétique hybride, au très haut standard de confort et d’esthétique, et donc souvent intégrable à n’importe quel intérieur domestique.

L’enseigne suédoise Offecct est emblématique de cette fusion entre mobilier d’entreprise et mobilier domestique. Jusqu’ici spécialisée dans le mobilier «contract» créatif, l’entreprise a inauguré cette année «Offecct at home», une ligne basique et fonctionnelle dédiée à la maison.

Elle suit ainsi le modèle de Vitra, le prestigieux éditeur suisse, qui vient lui aussi de lancer sa ligne maison fin 2004.

Le Centre Culturel Suédois de Paris présente en ce moment un florilège de ces meubles «d’un troisième type» dans le cadre de l’exposition home@office.se.

On y découvre notamment la chaise de repos «Woob», qui résume à elle seule les nouveaux comportements au sein de l’entreprise en offrant une position «repos» et «travail».

En position couchée, la partie repose-pieds en forme de plateau est conçue pour accueillir les pieds du travailleur en quête d’un court repos. En position assise, le plateau sert de tablette pour poser un ordinateur portable. Une extension de confort pour le salarié et une extension des zones de travail pour l’entreprise….

    Chaise longue Woob Offecct

Les travailleurs et les employeurs prennent conscience qu’un vrai repos dans l’entreprise peut devenir synonyme d’efficacité. La fameuse micro-sieste réparatrice, hier encore réservée aux vacances, est maintenant une réalité quotidienne pour une minorité grandissante de salariés. 22% avoue la pratiquer en France.

Blå Station, l’un des éditeurs de mobilier de bureau les plus innovants du marché, l’a bien compris en développant «Peekabo», la première chaise longue dotée d’un casque amovible. L’objet idéal pour faire une courte sieste au milieu de ses collègues.

    Chaise longue Peekabo Station

«People», c’est le nom d’un fauteuil doté d’une assise mixte travail/repos. Dépliez l’extension et détendez vous devant l’ordinateur. Le gain de place coupera court aux arguments économiques de votre patron qui refuse d’installer un canapé au bureau…

    Fauteuil de bureau modulable People

Immédiatement amical et pourtant jamais vu, le tabouret rocking chair «Ving» affirme son identité hybride. Son encombrement minimal en fait le siège d’appoint parfait pour des réunions impromptues autour d’un ordinateur, mais il peut tout aussi bien se transformer en jeu pour enfant au coin de la cheminée.

    Tabouret Ving

Ces merveilles de design postmoderne ne doivent pas masquer une réalité plus prosaïque. D’après le magazine belge Stay Connected, l’espace bureau n’a pas suivi le développement fulgurant des nouvelles technologies et des comportements qui vont avec.

«Dans la majorité de ces espaces, écrit-il, la subdivision et le mobilier utilisé ne sont pas adaptés aux nouvelles façons de travailler. Alors qu’en 1960-1970, près de 75% des collaborateurs exécutaient le plus souvent des tâches routinières, en 2000, 90 % prétendent devoir avant tout réaliser un travail créatif et concentré. »

D’un point de vue économique, il existe à l’évidence d’énormes perspectives.

«Cette hybridité, c’est le pouvoir d’un objet à créer un lien avec un au-delà, observe Ana-Maria Peçanha du CEAQ (Centre d’Études sur l’Actuel et le Quotidien) de Paris. La possibilité d’être ailleurs, pour un acteur social dans un espace donné, constitue une richesse. Je suis à mon bureau et en même temps je fais ma sieste, donc je suis ici et ailleurs.»

Qui aurait imaginé que le meuble de demain nous transporterait?

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Photos: Centre Culturel Suédois